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Le deuxième joueur finlandais admis au Temple de la renommée du hockey s'est inspiré du premier.

Teemu Selanne, qui sera intronisé lundi à Toronto en compagnie de Dave Andreychuk, Mark Recchi, Danielle Goyette, son ancien coéquipier Paul Kariya et des bâtisseurs Clare Drake et Jeremy Jacobs, vénérait le quintuple champion de la Coupe Stanley Jari Kurri, qui a fait son entrée au Panthéon en 2001, pendant son enfance à Helsinki.

« Jari était mon idole, a admis Selanne. J'avais sa photo et celle de Wayne [Gretzky] sur mon mur quand j'étais petit. J'essayais d'observer comment [Kurri] jouait et je le copiais. J'ai appris comment il comptait des buts et comment il jouait. »

Selanne a terminé sa carrière avec 684 buts et 1457 points en 23 saisons dans la LNH avec les Jets de Winnipeg, les Ducks d'Anaheim, les Sharks de San Jose et l'Avalanche du Colorado. Quand il a accroché ses patins après la campagne 2013-14, il était le meilleur marqueur finlandais de l'histoire de la ligue, 83 buts et 59 points devant Kurri.
Il occupe également le 11e rang de l'histoire de la LNH pour les buts et le 15e pour les points.

Selanne a été un choix unanime pour le trophée Calder remis à la recrue de l'année (50 votes de première place sur une possibilité de 50) en 1992-93 après avoir établi de nouveaux records pour une recrue avec 76 buts et 132 points.

Il a remporté la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim en 2007, quatre médailles olympiques avec la Finlande (l'argent en 2006, le bronze en 1998, 2010 et 2014) et il est le meilleur marqueur de l'histoire du tournoi olympique de hockey avec 43 points (24 buts, 19 aides) en 37 parties.

En plus de surpasser les marques de Kurri, un élément clé de la dynastie des Oilers d'Edmonton des années 1980, il a également brisé l'image que les joueurs finlandais avaient, c'est-à-dire celle de joueurs discrets et refermés sur eux-mêmes.

« Kurri a toujours été une vedette, mais Teemu était différent, il était plus comme une star pour les partisans. Il a toujours été très sociable, ouvert et sympathique », a indiqué l'ancien entraîneur de l'équipe nationale finlandaise Alpo Suhonen, qui était entraîneur adjoint avec les Jets lorsque Selanne a fait ses débuts dans la LNH. « C'était le Peter Pan du hockey.

« Il n'était pas très finlandais dans ce sens. Les gens l'aimaient parce qu'il était toujours de bonne humeur. Évidemment, c'était aussi un bon joueur, un joueur très spécial. »

Kurri, qui a rencontré Selanne pour la première fois quand celui-ci avait 17 ans, a été témoin de cette personnalité enjouée lorsqu'il lui a demandé de l'aider à son école de hockey à Helsinki.

« Il était impatient de m'aider, a mentionné Kurri. Alors, je lui ai dit qu'il pouvait sauter sur la glace avant moi parce que je devais discuter avec quelques personnes. Quand je suis arrivé, il y avait 40 enfants assis sur la glace qui regardaient Teemu faire des échappées et lancer au filet.

« Je lui ai alors dit que c'était les enfants qui devaient faire ça et lui devait leur apprendre comment le faire. Mais c'est lui, il est comme ça. »

Selon Kurri, c'était le Selanne qui vivait et partageait son amour du sport. C'était si intense qu'il ne pouvait pas faire autrement.

« Il est très ouvert, extraverti, joyeux et drôle, a ajouté Kurri. Il se soucie des partisans et des gens à l'extérieur de la patinoire.

« Il n'y a pas beaucoup de monde comme lui, avec l'énergie nécessaire pour faire tout ça. Mais Teemu est comme ça. Il est extravagant. Il était agréable à regarder jouer et c'était un vrai franc-tireur. Les partisans et les gens partout dans le monde s'en souviennent. »

C'est un exemple parmi tant d'autres de la gentillesse et de l'authenticité de Selanne tant au hockey que dans la vie de tous les jours.

« Ma mère et mes amis disent que j'étais toujours de bonne humeur, a révélé Selanne. Pour être franc, je crois que le conseil que j'ai eu à la maison, soit de bien traiter les gens si on veut être bien traité, fonctionne vraiment. La vie est beaucoup plus facile comme ça. »

Toutefois, ce n'est pas cette personnalité qu'il affichait quand les Jets l'ont réclamé au 10e rang lors du repêchage 1988 de la LNH.

« Les gens ont tendance à oublier qu'il a participé au camp d'entraînement de Winnipeg [en 1988]. Il n'était alors qu'un jeune Finlandais qui restait sur son lit à l'hôtel et qui ne parlait pas un mot d'anglais. Il était dépassé par la langue et tout ce qui lui arrivait », a raconté Randy Carlyle, le coéquipier de Selanne avec les Jets et, plus tard, son entraîneur avec les Ducks. « Finalement, quand il a été prêt pour la LNH, il avait 22 ans et c'était un joueur plus aguerri et un franc-tireur explosif. Il avait une belle personnalité authentique.

« Au début, personne n'aurait imaginé qu'il allait devenir l'Éclair finlandais (Finnish Flash). »

Selanne a été repêché à l'âge de 18 ans et il a passé quatre saisons en Finlande avant de faire le saut dans la LNH. Son arrivée à Winnipeg a été retardée par plusieurs facteurs. Il a dû faire une année de service militaire obligatoire, il a subi une fracture à une jambe et il voulait participer aux Jeux olympiques d'Albertville en 1992, avant que les joueurs de la LNH soient autorisés à le faire.

Quand il s'est amené de ce côté-ci de l'Atlantique pour la saison 1992-93, il en a surpris plus d'un.

« Je l'ai rencontré à Moncton [au Nouveau-Brunswick], c'était mon premier camp d'entraînement (en 1988) », a mentionné l'ancien défenseur des Jets Teppo Numminen, qui est originaire de Tampere, en Finlande. « Donc, je le connaissais. Mais en 1992, quand il est revenu, on ne savait pas à quoi s'attendre.

« J'avais de grandes attentes parce qu'il venait de la Finlande. Cependant, j'ai découvert que le hockey [de la LNH] est différent, c'est un style différent. Donc, quand il s'agit de bons joueurs européens, avant le camp, on n'est certain de rien.

« Puis, la saison a commencé. »

Après s'être bâti une réputation de buteur explosif à Winnipeg (306 points en 231 parties avec les Jets), Selanne a vécu de nouvelles sensations lorsqu'il a été échangé à Anaheim le 7 février 1996.

La chimie s'est immédiatement installée entre lui et Kariya et depuis, il vénère pratiquement son ancien coéquipier.

Ils ont joué presque exclusivement sur le même trio jusqu'à ce que Selanne soit échangé aux Sharks le 5 mars 2001. Ils ont été brièvement réunis avec l'Avalanche en 2003-04.

« C'était tellement agréable, surtout à Anaheim sur le trio que je formais avec Paul et Steve [Rucchin], a-t-il affirmé. C'était très spécial. »

Selanne est heureux d'être admis au Temple de la renommée en même temps que Kariya.

« On a une histoire ensemble et c'était magique chaque soir, a-t-il poursuivi. Il est de loin le meilleur joueur avec qui j'ai joué. On avait l'impression de toujours avoir une longueur d'avance sur les autres. Ça rendait le jeu tellement plus facile. »

Selanne a gagné la Coupe Stanley en 2007 après avoir retrouvé Carlyle en 2005, lorsque ce dernier est devenu l'entraîneur des Ducks. Selanne, qui avait été embauché comme joueur autonome, était revigoré après avoir subi une opération au genou et avoir profité de la saison annulée par le conflit de travail en 2004-05 pour se remettre en forme.

« Je me demande souvent comment ça se serait passé si ç'avait été un autre entraîneur qui ne me connaissait pas à cette époque, a admis Selanne. Il me connaissait, il savait ce que je pouvais faire et il m'a permis de jouer avec les meilleurs coéquipiers pour moi. Je me sens privilégié. Je le respecte énormément. Qui sait ce qui aurait pu arriver s'il n'y avait pas eu le conflit de travail et si je n'avais pas eu Randy comme entraîneur. »

Carlyle affirme qu'il avait demandé à Selanne de ne pas faire les choses à moitié, de montrer l'exemple par son éthique de travail et de faire de l'échec avant et de se replier comme tout le monde quand la situation l'exigeait. Carlyle a dit à Selanne que s'il faisait tout ça, il pourrait jouer autant qu'il le voulait sur le jeu de puissance. Pendant la saison de son titre de la Coupe Stanley, il a mené la LNH avec 25 buts en avantage numérique et il a terminé ex aequo au premier rang pour les buts gagnants avec dix.

« Et n'oubliez pas que c'était un Teemu en santé quand il est revenu en 2005, a lancé Carlyle. Son genou avait été refait et il avait eu le temps de récupérer. Il était à nouveau le joueur qu'il avait déjà été. Je pense que son expérience au Colorado et à San Jose a été difficile pour lui parce qu'il était un joueur amoché, il n'avait plus les mêmes jambes.

« Il a retrouvé le plaisir de jouer. Il le dit encore aujourd'hui : la patinoire était son havre de bonheur. »

C'est demeuré ainsi beaucoup plus longtemps que Selanne l'avait prévu. Il avait 43 ans quand il a pris sa retraite.

« Plus je vieillissais, plus je m'amusais, a-t-il révélé. Mais si quelqu'un m'avait dit que je jouerais jusqu'en 2014 quand on a gagné la coupe, j'aurais eu de la difficulté à le croire. »

La dernière campagne de Selanne dans la LNH n'a pas été couronnée par une autre Coupe Stanley, mais elle s'est distinguée par un autre événement spécial.

C'est un Selanne ému qui a été nommé le joueur par excellence du tournoi olympique des Jeux de Sotchi en 2014 après avoir récolté six points (quatre buts, deux aides) en six parties pour permettre à la Finlande de remporter la médaille de bronze.

« Je n'étais pas satisfait de mon utilisation cette saison-là, je croyais pouvoir en faire plus, a admis Selanne. À Sotchi, je savais que j'aurais un plus grand rôle en jouant avec Mikael Granlund et Aleksander Barkov, alors ça m'a motivé et ça m'a forcé à travailler fort chaque jour.

« Je savais que ce serait la façon parfaite de terminer ma carrière, peu importe ce qui allait arriver dans le reste de la saison. J'ai participé six fois aux Jeux olympiques et ce sont tous des moments spéciaux et importants dans ma carrière, mais ces jeux-là ont été encore plus spéciaux. »

À l'occasion de ses sixièmes Jeux olympiques, il a encore offert des moments réjouissants à ses coéquipiers et aux amateurs de hockey, comme pendant toute sa carrière. Voilà pourquoi la sélection de Selanne pour le Temple de la renommée est l'une des plus populaires de l'histoire.

« [Pour la cérémonie], même s'ils avaient offert 10 000 billets pour venir voir Teemu, ça n'aurait pas été assez », a conclu Rucchin.