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Les Blues de St-Louis viennent de réussir un coup fumant. Ils ont réussi à faire signer un contrat de cinq saisons accaparant seulement 5,5 millions $ sous le plafond salarial. Après avoir, lentement mais sûrement, poussé Kevin Shattenkirk hors de St-Louis, Parayko vient maintenant de s'engager pour les meilleures années de sa carrière à un salaire plus que raisonnable.
Parayko, ce faisant, s'assure d'une place de choix dans une brigade défensive somme toute bien garnie, tout juste derrière Alex Pietrangelo. Parce qu'il sera âgé de 29 ans lorsqu'il deviendra à nouveau agent libre (cette fois-ci sans compensation), il pourra d'ailleurs espérer obtenir une autre entente lucrative à long terme. Sachant que les longs contrats ne se donnent plus que rarement à des joueurs ayant franchi le cap de la trentaine, ce n'est pas un mauvais pari. Et puis, en attendant, 27,5 millions $, ça ne change pas le monde, sauf que…

Hockeyviz.com nous apprend que Parayko avait l'an dernier surpassé Kevin Shattenkirk quant au
temps de glace obtenu
. Contrairement à Shattenkirk et à l'image de Pietrangelo, le gros Albertain joue dans toutes
les situations
, donnant aux Blues l'assurance d'avoir un défenseur dominant pendant près de 50 minutes par match, un peu comme les Predators de Nashville avec P.K. Subban et Ryan Ellis. Évidemment, le flanc gauche de la défensive des Blues n'a pas le même cachet, Jay Bouwmeester et Carl Gunnarsson étant moins… efficaces. Mais la présence de ces deux piliers sur le flanc droit va permettre de donner des minutes moins difficiles au choix de premier tour de 2012, Jordan Schmaltz, qu'on va bien devoir finir par initier aux rigueurs de la grande ligue.
Mais revenons à Parayko. Il se démarque par sa contribution générale à la défensive, bien entendu. Mais les cartographies des tirs obtenus par les Blues lorsqu'il
n'est pas sur la glace
comparée à celle des tirs obtenus
en sa présence
montrent qu'il sait produire des tirs en quantité non négligeable, un fait confirmé par les calculs du site datarink.com, qui nous indiquent qu'il obtient des points au rythme d'un défenseur de première paire.
Mais il y a plus. La contribution des différents joueurs à la production offensive de leur équipe à forces égales est le sujet de nombreux travaux depuis quelques années. Notamment, bien des amateurs s'échinent à produire des séries de données exclusives permettant de mieux identifier les mouvements de la rondelle pour décoder ce qui se cache derrière chaque but marqué. L'instigateur d'un de ces projets, Ryan Stimson du hockey passing project, publie depuis maintenant quelques mois des outils et des analyses basées sur une recension des réseaux de passes menant à la production de tirs vers le filet. Armé de données sur plus de 900 matchs disputés entre 2015 et 2017, Stimson a ainsi publié un billet sur le site hockey-graphs décortiquant les styles de jeu pratiqués
par différents joueurs
en fonction de leur façon de contribuer à la production de tirs vers le filet.
Se basant sur sept indicateurs allant des passes générées aux jeux de transition, en passant par les tirs obtenus, Stimson identifie ainsi quatre groupes de défenseurs distincts : les défenseurs « défensifs », les « tireurs au volume », les défenseurs de « transition » et les défenseurs « complets ». Les « complets » sont bien sûr les plus rares (environs 10 pour cent des défenseurs le sont), suivi des défenseurs de transition (17 pour cent), des tireurs en volume (28 pour cent) et, enfin, des défenseurs défensifs (44 pour cent). Ces derniers sont évidemment les moins susceptibles de contribuer à l'attaque de leur club.
Voici comment se classent les défenseurs des Blues suivis par le projet de Stimson :

Figure1

Parayko, comme Pietrangelo, appartient (sur le plan de la contribution offensive) au type le plus rare de défenseurs qui soit, ceux qui contribuent de toutes les façons. Dans le détail des profils statistiques, s'il n'a pas le même talent que Pietrangelo en transition, Parayko n'a pas non plus de réelle faiblesse et, grande rareté chez les défenseurs, produit lui-même beaucoup de chances de marquer.
C'est dire à quel point les Blues viennent de faire une bonne affaire. Parayko, en jouant sur la 2e vague d'avantage numérique (traduction : il n'y joue pas avec Vladimir Tarasenko), produit des points à un rythme digne des meilleurs de la ligue, en avantage comme à forces égales. Il n'a tout simplement pas besoin de l'aide de coéquipiers super talentueux pour le faire. Si on peut lui trouver un partenaire minimalement compétent sur le plan offensif (Gunnarsson n'est pas exactement du bon côté de la ligne), il pourrait produire encore plus tout en permettant de maximiser les associations entre Pietrangelo et Tarasenko, un atout considérable pour son équipe. Si on ajoute à un contrat qui ne touche pas aux saisons où la plupart des joueurs régressent à cause de l'âge, on peut sans peur de se tromper, parler d'une des meilleures ententes de l'été.