Antoine Morand CHL

Antoine Morand ne correspond pas tout à fait au profil des attaquants de puissance tant recherchés par les équipes de la LNH. À 5 pieds 10 pouces et 170 livres, le patineur de 18 ans sait très bien qu'il ne peut pas se fier à son gabarit pour attirer l'attention des dépisteurs.
Il semble toutefois avoir trouvé une solution alternative bien simple : noircir la feuille de pointage aussi régulièrement que le battement des aiguilles d'une montre.

Depuis qu'il a été sélectionné par le Titan d'Acadie-Bathurst (LHJMQ) au deuxième échelon lors du repêchage de 2015 - tout juste derrière Joe Veleno et devant Maxime Comtois (15e meilleur espoir en Amérique du Nord) - Morand affiche une constance rarement observée, même chez les joueurs les plus prometteurs de sa cuvée.
Pourtant, même s'il produit à un rythme de 1,07 point par match depuis son arrivée dans le circuit Courteau, son nom ne vient pas avant le 54e rang sur la liste de mi-saison des patineurs nord-américains du Bureau de dépistage de la LNH.
« Il faut toujours que j'en fasse plus, que je travaille plus fort, a-t-il analysé. Mon identité à moi, c'est que je travaille toujours fort. C'est mon éthique de travail qui m'a permis de me rendre ici. Ce n'est pas mon gabarit qui va me permettre de percer... C'est en travaillant. »
Malgré sa production de 21 buts et 41 mentions d'aide en 57 rencontres cette saison et son talent indéniable de fabricant de jeux - il a participé à 25 pour cent des buts de son équipe - il apparaît évident que la majorité des formations de la LNH auront besoin davantage d'arguments pour se laisser convaincre de le repêcher dès les premières rondes.
Il faut avouer que ce ne serait probablement pas le cas s'il avait deux ou trois pouces de plus à sa charpente...
La tâche est certainement plus ardue pour lui, mais elle est loin d'être impossible puisque la tendance tend de plus en plus à changer étant donné la rapidité avec laquelle le jeu se déroule désormais dans le circuit Bettman. À preuve, 16 joueurs de moins de six pieds ont été sélectionnés lors des deux premières rondes du repêchage de 2016.
« Les équipes recherchent de bons joueurs. Elles vont repêcher de bons joueurs, peu importe leur gabarit, a avancé Dan Marr, le directeur du Bureau de dépistage. Mais vous savez, c'est aussi une philosophie pour certaines équipes. Si vous avez deux joueurs similaires, vous allez peut-être opter pour le plus imposant.
« Mais si elles aiment la constance, la maturité et l'ensemble complet, elles vont aller vers les bons joueurs, point final. »
Reste que 75 pour cent des joueurs choisis en 2016 - 79 en 2015 - mesuraient six pieds ou plus. Une statistique qui est loin d'inquiéter Morand, qui prend les bouchées doubles cette saison afin d'améliorer l'aspect défensif de son jeu et devenir un joueur plus complet.
« Je n'ai jamais été bien dérangé par les gars plus gros que moi, je vais dans le coin avec eux, a lancé Morand avec un sourire. Que tu mesures 6 pieds ou 5 pieds, ça ne me dérange pas vraiment. Je suis capable de rivaliser avec n'importe qui. »
Une amitié qui compte
Même s'ils sont maintenant des rivaux, Morand et Comtois, qui ont fait la pluie et le beau temps avec les Grenadiers de Châteauguay dans le midget AAA, ont la chance de vivre le processus menant au repêchage ensemble.
Les attentes sont certes plus élevées envers l'attaquant des Tigres de Victoriaville, que plusieurs voient comme l'un des meilleurs espoirs de cette cuvée, mais les deux amis échangent régulièrement, question d'évacuer certaines inquiétudes.
« Depuis le bantam, on se suit pas mal, a dit Morand. On s'entend bien ensemble, c'est vraiment plaisant. On s'envoie quelques messages une fois de temps en temps. On s'aide dans le processus, on s'en parle. »
Comtois, un poids lourd de 6 pieds 2 pouces et 200 livres, n'a d'ailleurs toujours que de bons mots pour son ancien complice. Il avoue même que Morand est le joueur le plus difficile qu'il a à affronter. Une affirmation qui ne surprend pas du tout Marr.
« Il est très fort pour son gabarit, a-t-il fait remarquer à propos de Morand. Il joue intelligemment et il n'aime pas donner la rondelle à l'adversaire. Il n'abandonne jamais sur un jeu et il est très difficile de le faire sortir de son match.
« Il va certainement forcer les équipes qui accordent de l'importance au gabarit à reconsidérer leur choix. »