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Les Canadiens de Montréal sont arrivés, de peine et de misère, à cette fameuse semaine de congé. Peinant à conserver une fiche de ,500 depuis plus d'un mois, accablés par les blessures en décembre et incapables de retrouver leur rythme en janvier, les hommes de Michel Therrien n'ont guère mieux fait depuis le début du mois de février. Pourtant, l'heure n'est pas à la panique.
Le blogueur Andrew Zadarnowski publiait cette semaine sur Twitter un graphique des plus évocateurs : sur cinq matchs, la moyenne des tirs obtenus par les Canadiens depuis le début de la présente saison

Premièrement, les variations de performance au fil d'une saison sont normales : blessures, baisses de régime, qualité des adversaires, autant de facteurs qui font osciller l'aiguille. Il est important de prendre une perspective à moyen terme. De nombreux blogueurs ont souligné qu'un des meilleurs indicateurs de succès en séries éliminatoires serait le taux de tirs obtenu lors des 25 derniers matchs de la saison régulière. Pourquoi? Parce que les équipes effectuent, tout au long de la saison, des changements importants de personnel qui fait qu'une échelle à trop court terme ne rend pas justice à la nature d'une équipe, et qu'une échelle à trop long terme vient « noyer » ce qu'est effectivement une équipe à un moment donné de la saison.
Il est utile, dans cette perspective, de corriger de deux façons le graphique de Zadarnowski. D'une part, en utilisant les buts « prévus » tels que définis sur le site Corsica.hockey, on ajuste le total brut de tirs en fonction de la qualité de ceux-ci; toutes les équipes n'ont, en effet, pas la même capacité à menacer le filet adverse. D'autre part, on peut « étirer » la fenêtre à 25 matchs.
Ces deux ajustements montrent que les Canadiens ont effectivement subi une baisse importante de régime depuis le Nouvel An, mais qu'ils obtiennent encore de manière générale l'ascendant sur leurs adversaires.

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Un souci important qui a été soulevé ces derniers temps concerne Carey Price. Le gardien étoile du club, qui sauve habituellement un but par tranche de deux heures jouées à 5-contre-5, a, toujours selon Corsica.hockey, sauvé 1,6 but depuis le premier janvier en plus de 725 minutes de jeu. Or, comme le soulignait fort justement Marc Denis sur le site de RDS cette semaine,
il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure
. La présente saison est particulièrement longue pour un joueur ayant de telles responsabilités et la baisse actuelle de régime correspond fort probablement à une volonté de s'économiser en vue du tournoi printanier. Et je me permets de rappeler que les performances en demi-teinte de Price en font, en gros, un gardien dans la bonne moyenne de la LNH. Les Canadiens n'ont donc pas à se plaindre de ce côté.
Les performances d'Alex Galchenyuk sont un autre élément qui inquiète depuis son retour de la liste des blessés. Encore ici, quoique ses performances ne soient pas aussi étincelantes que ce qu'on a vu en première moitié de saison, je pense qu'on ne doit pas trop s'inquiéter.
Galchenyuk souffre, d'abord et avant tout, du fait qu'il n'a plus le loisir de jouer entre Max Pacioretty et Alex Radulov, ce poste lui ayant été ravi par Phillip Danault. On a vu Galchenyuk, ces derniers temps, associé à Artturi Lehkonen et Paul Byron, configuration clairement destinée à préparer l'arrivée de Brendan Gallagher.
Gallagher est un des joueurs les plus importants du club à 5-contre-5, et son retour au jeu s'effectue cette fois-ci dans des circonstances inédites et particulièrement favorables. Le graphique suivant montre, pour les attaquants ayant disputé au moins 500 minutes à 5-contre-5 avec le club depuis 2013, quel a été leur impact relatif sur le différentiel de buts prévus de l'équipe. Gallagher ouvre la marche, suivi de Radulov et Pacioretty.

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Ça n'est pas un petit détail. Cherchez les autres ailiers droits sur cette liste, vous devrez descendre assez bas. Pour la première fois depuis qu'il est devenu un membre en règle du top-6 des Canadiens, Gallagher n'est plus le numéro 1 incontesté à sa position.
Son impact n'en sera que plus important : en le joignant à Galchenyuk et Lehkonen, les entraîneurs ont, finalement, un top-6 digne de ce nom. Ces trois joueurs vont peut-être avoir besoin de quelques matchs supplémentaires pour que tout clique, mais le retour de Gallagher (et l'émergence de Lehkonen) fait qu'on semble enfin avoir « rempli » le top-6 de joueurs dans la force de l'âge.
Un dernier pas reste à franchir, selon moi, soit le retour de Nathan Beaulieu aux côtés de Shea Weber. L'expérience du début de saison a été catastrophique, on s'en souvient, et l'improbable succès du tandem Weber - Alexei Emelin a un peu sauvé les meubles. Mais Weber et Emelin, s'ils sont efficaces défensivement, ne produisent guère à l'attaque. Alors que les autres défenseurs réguliers du club sont sur la glace pour 2,8 à 3 buts prévus par heure jouée à 5-contre-5, Emelin et Weber stagnent à 2,4. Vu le nombre important de minutes jouées par Weber, c'est un problème; en gros, on n'a pas le choix de l'utiliser dans les situations corsées, mais doit alors accepter que ce soit au prix d'une production offensive franchement réduite.
La progression de Beaulieu depuis son retour de la liste des blessés, alors qu'il a surtout joué dans le top-4 aux côtés de Jeff Petry, laisse entendre qu'il est probablement prêt à prendre de nouveau de plus grandes responsabilités.

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D'ici la date limite des transactions, je pense qu'on doit à tout le moins essayer de redonner ce rôle à Beaulieu, quitte à bouger si on constate que la pression est toujours trop forte pour lui. Si on peut redonner à Weber un peu de punch offensif à 5-contre-5, l'équipe se trouverait soudainement en bien meilleure position pour les séries éliminatoires et permettrait à Marc Bergevin de cibler plus efficacement ses acquisitions sur le marché des transactions. Parce qu'un joueur étoile, à ce stade-ci, coûte effroyablement cher à acquérir, on a tout intérêt à ne magasiner que des joueurs de soutien.