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DALLAS-- Brady Keeper se tenait devant une toile de fond pour participer à un entretien à l'extérieur du vestiaire des Panthers de la Floride au American Airlines Center, mardi, quand certains de ses nouveaux coéquipiers sont passés par la scène.
« Tom Brady! », ont-ils crié, taquinant Keeper pour sa nouvelle célébrité.
Keeper riait timidement.

« Je suis simplement très ravi d'être ici, a dit Keeper. Je ne peux pas trouver les mots pour exprimer mes sentiments en ce moment. »
Toutefois, on pourrait croire que Keeper est Tom Brady -- ou Drew Doughty -- aux yeux de la Première Nation Pimicikamak, une nation autochtone dans le nord du Canada.
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Le défenseur de 22 ans n'avait que 63 cents dans son compte bancaire quand il a paraphé un contrat avec la Floride, lundi, à titre de joueur autonome universitaire après avoir conclu sa carrière à l'Université du Maine. Il n'avait qu'un costume et un sac à dos lorsqu'il a pris l'avion à Dallas ce soir-là.
Il s'entraînait avec les Panthers pour la première fois mardi matin et il s'est échauffé avec eux avant leur match contre les Stars de Dallas, mardi. Qui sait? Peut-être qu'il aura une chance de jouer cette saison. Peut-être qu'il parviendra à décrocher un poste dans la LNH.
« Étant le premier joueur de la communauté à signer un contrat dans la LNH, je suis peut-être considéré comme un modèle pour les jeunes autochtones partout dans le Manitoba et dans le pays, a noté Keeper. C'est vraiment spécial pour moi. »
Keeper vient de Cross Lake, au Manitoba, une ville de 8 000 personnes située à huit heures de Winnipeg et qui est dotée d'un aréna.
« C'est pas mal loin au nord, a admis Keeper, riant. Presque personne ne sait où c'est. »
Lorsque le directeur général adjoint des Panthers Eric Joyce a demandé l'adresse de Keeper, ce dernier n'a pu qu'offrir le nom de la rue.
« Je lui ai dit, "Quel numéro? Je dois le mettre dans le contrat", a raconté Joyce. Il m'a répliqué: "Ah, tout le monde sait où tous les autres habitent. On n'a pas de numéros de maison là." »
Keeper (6 pieds 2 pouces, 194 livres), qui a appris à jouer au hockey avec ses frères sur une patinoire que leur père construisait dans la cour arrière chaque hiver, admire depuis longtemps Doughty, défenseur des Kings de Los Angeles. Il a passé trois saisons avec le Blizzard de la Première Nation Opaskwayak dans la Ligue de hockey junior du Manitoba.
En 2016-17, il a obtenu 48 points (23 buts) et 82 minutes de pénalité en 48 matchs de saison régulière, puis 16 points (quatre buts) et 42 minutes de pénalité en 15 matchs des séries éliminatoires. Cette performance lui a permis d'obtenir une invitation au camp de perfectionnement des Kings, ainsi que des offres de bourse par plusieurs universités.

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Après avoir inscrit 22 points (six buts) et 88 minutes de pénalité en 37 matchs à sa saison recrue au Maine, il a reçu plusieurs invitations aux camps de perfectionnement de la LNH, mais il est retourné chez lui afin de gagner de l'argent pour sa famille.
Il a récolté 22 points (sept buts) et 58 minutes de pénalité en 36 matchs avec les Black Bears cette saison, suscitant à nouveau l'intérêt de plusieurs équipes de la LNH. Ce sont les Panthers qui l'ont enfin mis sous contrat, grâce à l'aide de deux diplômés du Maine : le dépisteur amateur Bill Ryan et l'entraîneur adjoint Jack Capuano.
« Il est un défenseur doué qui sait bouger la rondelle, a déclaré Joyce. Il possède un excellent lancer et de bons instincts offensifs. Il est un joueur robuste.
« Il doit encore se développer. Il s'agit d'un talent brut. Je ne crois pas qu'il soit prêt à faire le saut tout de suite. Mais il va passer du temps avec l'équipe dans la LNH. »
Les Panthers (32-28-12) ont entamé le match de mardi à huit points des Blue Jackets de Columbus, qui occupent la deuxième place de quatrième as donnant accès aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley dans l'Association de l'Ouest. L'entraîneur Bob Boughner a souligné que l'équipe ne va pas abandonner et qu'il n'allait pas devancer l'arrivée de Keeper dans la formation.
Cependant, Boughner a fait la connaissance du défenseur en matinée avant de l'observer pendant la séance d'entraînement.
« Bien sûr, il est un peu timide et un peu naïf, mais c'est bon, a dit Boughner. Il était sur la glace ce matin et il semblait être à sa place. Il bougeait la rondelle. C'est évident qu'il a une bonne coordination oeil-main. Il frappe les disques au vol, et ses passes étaient rapides et directement sur la palette. Il s'impliquait dans les exercices. C'était une bonne chose qu'il soit sur la patinoire. »
Les Panthers voulaient qu'il assiste aux réunions, apprenne le système et participe aux périodes d'échauffement avant de prendre une décision sur son futur.
« Nous voulons le mettre à l'aise au cours des prochains jours, puis nous pourrons décider si nous voulons l'utiliser, a expliqué Boughner. Mais pour lui, ces prochaines semaines sont plutôt une expérience d'apprentissage et une occasion de se développer. Il peut profiter de ces deux premières semaines de la vie professionnelle afin d'observer comment tout fonctionne. »
Keeper n'a jamais eu l'occasion dans sa vie de s'entraîner de manière intensive pendant un été complet. Il compte le faire cet été, puis les Panthers détermineront la meilleure approche à adopter pour lui au camp d'entraînement.
« Je pourrais entamer la saison prochaine à Springfield [dans la Ligue américaine de hockey], a suggéré Keeper. Mais je tente de décrocher un poste dans cette équipe au plus tôt. Je dois travailler fort, comme tout le monde, et venir au camp l'année prochaine afin de faire bouger les choses. »
Cependant, il a déjà eu un impact important. Ses comptes Facebook et Instagram ont été inondés de messages de soutien de chez lui. Une vidéo montre de centaines de personnes lui offrant leur soutien.
« Les hockeyeurs viennent de n'importe où, a commenté Joyce. C'est un jeune homme qui adore le hockey. C'est un jeune homme qui a toujours un sourire au visage quand il arrive à la patinoire. Il est un excellent coéquipier. Il a 63 cents dans son compte bancaire pour l'instant, et il faut du ruban pour tenir ses protège-tibias, mais au bout du compte, il sait jouer. »