Bowness 2

TAMPA - Rick Bowness a regardé sur la banquette arrière de sa voiture, où se trouvaient ses enfants Rick, Ryan et Kristen. Ils ont quitté Ottawa pour s'installer à New York à l'été 1996 et commencer une nouvelle aventure, encore une fois.
Il commençait à se sentir coupable de tous ces déménagements, un sixième en 14 ans, causés par sa carrière d'entraîneur de hockey.

Il s'est tourné vers sa femme Judy.
« Je lui ai dit : "Qu'est-ce qu'on fait aux enfants?" », a raconté Bowness dimanche en se remémorant cette histoire vieille de 22 ans.
Il se rappelle que toute cette culpabilité s'était envolée seulement quelques secondes plus tard.
« Ricky a répondu : "Papa, ne t'en fais pas, on est une famille de hockey", a poursuivi Bowness. C'est resté gravé dans ma mémoire. »
Papa, l'entraîneur associé du Lightning de Tampa Bay, est resté dans le monde du hockey. Il a joué 173 matchs dans la LNH et beaucoup plus dans les ligues mineures, et il est entraîneur depuis 33 saisons, dont 31 dans la LNH.
Bowness, 63 ans, a dépassé Scotty Bowman l'année dernière au sommet du classement des entraîneurs ayant participé au plus grand nombre de matchs dans l'histoire de la ligue, que ce soit comme entraîneur-chef, adjoint ou associé. Il en compte maintenant 2274, dont 463 en tant qu'entraîneur-chef des Jets de Winnipeg, des Bruins de Boston, des Sénateurs d'Ottawa, des Islanders de New York et des Coyotes de Phoenix (il présente un dossier de 123-289-3 avec 48 parties nulles).
Lui et Judy sont mariés depuis 41 ans. Ryan, 37 ans, est dépisteur professionnel pour les Penguins de Pittsburgh. Rick, 33 ans, demeure à Denver et il a déjà travaillé dans le domaine des relations publiques pour les Red Wings de Detroit et les Blue Jackets de Columbus. Kristen, 31 ans, est coordonnatrice de la communauté du hockey avec le Lightning.
« Je me souviens de ce que j'avais dit aux enfants après avoir été congédié par Ottawa (en 1996). Je leur avais dit que papa n'était pas obligé de faire ça, qu'on pouvait trouver autre chose, a mentionné Bowness. Ils ont répondu : "Non, papa, tu adores être entraîneur." »
La seule chose qui manque à son palmarès, c'est la Coupe Stanley.
« Donc, je veux continuer », a ajouté Bowness.
Il a participé deux fois à la Finale de la Coupe Stanley, avec les Canucks de Vancouver en 2011 et le Lightning en 2015. Peut-être que sa disette prendra fin cette année.
Le Lightning et les Bruins sont nez à nez 1-1 dans leur affrontement de deuxième tour des séries de l'Association de l'Est. Le troisième match de cette série quatre de sept aura lieu à Boston mercredi (19 h (HE); NBCSN, CBC, TVAS).
« Tous ceux qui l'ont rencontré au fil des ans disent la même chose, c'est un homme extraordinaire », a déclaré Alain Vigneault, qui a été l'adjoint de Bowness avec les Sénateurs de 1992 à 1996 et son patron avec les Canucks de 2006 à 2013. « Je suis derrière lui. On est devenus de très bons amis. Nos familles et nos enfants sont très proches, alors tout le monde prend pour [Bowness].
« Il est sans l'ombre d'un doute un des meilleurs entraîneurs de la LNH. »
Ce n'est pas l'entraîneur du Lightning Jon Cooper qui va le contredire. L'expérience et la sagesse de Bowness se sont avérées très précieuses pour Cooper au début de leur collaboration à Tampa Bay en 2013. Cooper était nouveau dans la ligue, alors c'est pour cette raison qu'il voulait Bowness à ses côtés.
« Je me souviens d'avoir appelé (les anciens joueurs des Canucks) Ryan Kesler et Kevin Bieksa, même si je ne les connaissais pas, a révélé Cooper. Je les ai appelés comme ça pour en savoir plus sur Rick. Ils m'ont donné leur avis et ce n'était que du positif. Je voulais avoir la perspective de joueurs. J'ai ensuite appelé Rick sans le prévenir. On s'est rencontrés à Toronto, sur la terrasse du (restaurant) Jack Astor's. On a discuté et c'était réglé. »
Bowness s'est vu confier la responsabilité des défenseurs et de l'infériorité numérique du Lightning et il a vite forgé des relations durables avec ses joueurs.
Victor Hedman, qui est finaliste pour le trophée Norris cette saison, affirme que c'est Bowness qui lui a appris à croire en lui-même.

TBL_128

« Je ne l'ai jamais vu de mauvaise humeur, pour être franc, a mentionné Hedman. Il réussit toujours à nous faire sentir en confiance par rapport à nos performances. »
L'ancien défenseur de Tampa Bay Jason Garrison, qui avait été embauché par les Canucks le 1er juillet 2012, prétend que sa première rencontre avec Bowness a été déterminante parce que c'est Bowness qui l'a approché en premier et non l'inverse.
« Il voulait qu'on aille prendre une bière quelque part à Vancouver », a indiqué Garrison.
Ils ont parlé de hockey, de systèmes de jeu et d'autres choses. Garrison avance que c'est ce qui lui a permis de se sentir plus à l'aise quand il s'est présenté au camp d'entraînement quelques mois plus tard.
Le défenseur du Lightning Dan Girardi affirme que Bowness l'a immédiatement contacté après son embauche comme joueur autonome le 1er juillet 2017. Ils ont parlé au téléphone de leur été et de la vie au bord d'un lac. Ils ont discuté un peu de hockey, mais ce ne fut pas le sujet dominant de la conversation.
« C'est un vrai professionnel, a dit Girardi. On a tous beaucoup de belles choses à dire sur lui. »
La différence d'âge entre Bowness et la plupart de ses joueurs (il y a un écart de 43 ans et demi entre lui et son défenseur recrue Mikhail Sergachev) n'a jamais semblé être un problème. Les joueurs croient que c'est en raison de sa façon d'interagir avec eux.
Bowness fait quelques tours de patinoire avec les joueurs avant l'entraînement pour parler d'un peu de tout, comme de baseball. Il organise des séances privées de vidéo et il reste toujours positif, même lorsqu'il s'agit d'identifier des erreurs.
« Je vous mets au défi de trouver un joueur qui n'aime pas Rick Bowness », a lancé Vigneault.
Bowness demeure apprécié parce qu'il a toujours réussi à s'adapter quand le sport a changé et c'est arrivé souvent au cours de sa carrière de presque quatre décennies.
Il a d'abord été joueur-entraîneur à Sherbrooke dans la Ligue américaine de hockey lors de la saison 1982-83. Il avait alors 27 ans. Il faisait une présence sur la glace, il revenait au banc et il restait debout derrière le banc jusqu'à sa prochaine présence.
Il se souvient même d'avoir dirigé son équipe du banc des punitions, qui était juste à côté du banc des joueurs à Sherbrooke, après avoir reçu une punition majeure de cinq minutes pour s'être battu.
« Je disais aux gars qui étaient les prochains à sauter sur la glace, a raconté Bowness. L'arbitre est venu me voir pour me dire que je ne pouvais pas faire ça, alors je lui ai répondu : "Montre-moi le règlement qui m'empêche de diriger mon équipe à partir du banc des punitions." Il est parti. C'était une autre époque.
« Je me rappelle avoir pris un vol commercial avec deux magnétoscopes et des cassettes VHS. Tout a changé dans le sport, alors il faut changer, nous aussi. »
Bowness s'est adapté sans perdre sa passion pour ce sport et pour la victoire.
« Je fais ce que je peux pour gagner la Coupe Stanley, a-t-il conclu. Et j'aime encore ça. »