Ce n'est, jusqu'ici, qu'une fois encaissé un retard de trois buts, dès la première période du deuxième match, que les Maple Leafs ont pu aller chercher un certain avantage
aux tirs vers le filet
. Mais de manière générale, il n'y a jusqu'ici pas photo, les Bruins dominent bel et bien cette série.
Dans le détail, on constate que ça n'est certainement pas parce que Babcock n'essaie pas de bouger les pièces sur l'échiquier. D'être contraint d'envoyer ses joueurs avant son adversaire sur les mises en jeu a en effet confronté l'entraîneur de Toronto aux ambitions de ses adversaires. En creux, on lui a aussi révélé quelles devaient être ses cibles pour les duels à Toronto.
D'un côté, donc, il y a les confrontations voulues par l'adversaire. Au premier chef, bien sûr, Patrice Bergeron sur Auston Matthews. Et, lorsque Bergeron n'est pas disponible, David Backes et Noel Acciari sont envoyés. Surtout, Zdeno Chara et Charlie McAvoy sont les défenseurs envoyés en priorité contre Matthews.
Même avec l'avantage de la glace, Babcock ne peut probablement pas éviter le premier duo défensif des Bruins à son jeune prodige. Mais il peut certainement cibler les confrontations entre attaquants. Si Matthews accuse en deux matchs un déficit de moins-8 aux tirs tentés contre Bergeron, son différentiel passe à plus-3 contre Backes et plus-6 contre David Krejci, qu'il n'a pourtant presque pas vu.
Plus encore, si on garde l'œil sur les différentiels de tirs, on constate que Tyler Bozak, Connor Brown et James van Riemsdyk ont jusqu'ici un différentiel de plus-14 contre Backes. La faiblesse à exploiter et les instruments à utiliser sont donc assez clairement identifiés. Reste à survivre hors de ces moments favorables.
Si on se fie aux mouvements de personnel effectués par Babcock jusqu'ici, ça n'inspire pas confiance outre mesure.
C'est là où l'absence de Kadri fait mal. Le numéro 43 des Maple Leafs a la mèche courte, ce qui a mené à sa perte lors du premier match, un coup asséné à Tommy Wingels lui valant une suspension de trois matchs. Or, s'il a un tempérament volatile, Kadri reste un formidable joueur de hockey. Kadri est un buteur, on le sait, mais il est aussi un joueur qui obtient systématiquement la confiance de Babcock pour les missions défensives. Il a, selon Corsica.Hockey, participé à 458 mises en jeu en zone défensive, contre 314 pour Matthews. Qu'on l'évalue par le temps de jeu ou par les différentiels de buts attendus, son coefficient d'adversité est identique à Matthews. Enfin, s'il prend des pénalités, il en attire encore plus : pour sept visites au cachot, il en cause 11 chez ses adversaires.
On comprendra donc que si Matthews est pourchassé par les meilleurs, Kadri, lui, est de ceux qu'on envoie à la chasse. Et que sans lui, Babcock semble dépossédé des éléments nécessaires pour construire un blocus défensif à opposer aux Bruins.
On le constate d'abord par le fait que l'entraîneur des Maple Leafs semble s'attaquer à une combinaison défensive importante. Depuis le début de la saison, Ron Hainsey est le bras droit du meilleur défenseur de l'équipe, Morgan Rielly. En 76 matchs, celui-ci a eu Hainsey comme associé 75 fois. Or, depuis le début de cette série, on voit Babcock hésiter de plus en plus à les garder ensemble.