Bouchard : Regard sur les duos défensifs les plus stables
Les Blue Jackets et les Sharks tirent pleinement profit d'un quatuor très fiable à la ligne bleue
par Olivier Bouchard @oli_bou / Chroniqueur LNH.com
Les alignements de la LNH sont en évolution constante, c'est bien connu. Et parce qu'il est difficile de mettre la main sur de bons défenseurs, lorsque les équipes en tiennent, elles tendent à les garder.
En effectuant quelques recherches sur le sujet, j'en suis venu à un constat qui m'a surpris. Lorsqu'on regarde les duos défensifs utilisés dans la LNH l'an dernier, seulement 10 d'entre eux ont obtenu plus de 1000 minutes de jeu. Tous ces défenseurs appartiennent encore aujourd'hui à la même équipe et, fait qui m'a encore plus surpris, des 10 duos relevés, quatre appartiennent à deux équipes.
Les top-4 des Sharks de San Jose et des Blue Jackets de Columbus ont en effet été d'une étonnante stabilité, ce qui nous permet par le fait même de constater que la division des tâches est une réalité bien installée dans la LNH.
Brett Pesce et Jaccob Slavin ont, à mon sens, connu une des cinq meilleures saisons l'an dernier. On retrouve ici des éléments que j'ai soulignés lorsqu'on les a mis sous contrat cet été : enterrés dans les mises en jeu en zone défensive, ils ont néanmoins aidé leur équipe à obtenir 54 pour cent des tirs en leur présence.
Un deuxième duo de jeunes défenseurs s'est démarqué, soit la première moitié du quatuor de pointe des Blue Jackets de Columbus, Zach Werenski et Seth Jones. Ces deux joueurs ont eu un rôle résolument offensif (56 pour cent de leurs mises disputées le furent en zone offensive), mais ils ont livré la marchandise. Fait remarquable, David Savard et Jack Johnson ont eux aussi été l'un des duos les plus utilisés de la LNH l'an dernier. S'ils ont tenu la ligne sur la part des tirs obtenus, il faut surtout souligner leur taux de 41 pour cent de mises disputées en zone offensive. La distribution des tâches est ici évidente et c'est pourquoi les rumeurs qui ont circulé au sujet d'un potentiel départ de Johnson vers d'autres cieux doivent être prises avec un gros grain de sel : le beau Jack n'est peut-être pas le plus étincelant, mais les difficultés vécues par Ryan Murray et les succès obtenus avec Savard rend peu probable son départ rapide. Les directeurs de la LNH, et plus encore les entraîneurs, sont des créatures conservatrices, qui aiment bien se rabattre sur ce qu'ils connaissent déjà. On ne peut que soupçonner que John Tortorella va commencer par s'assurer que Jack Johnson ne fait vraiment plus le travail avant de lui enlever son emploi.
Le cas de Mattias Ekholm et P.K. Subban chez les Predators de Nashville est lui aussi digne de mention : ils ont un rôle légèrement plus défensif à jouer (48 pour cent de départs en zone offensive, contre 51 pour cent lorsqu'ils n'y sont pas), mais ils dopent de manière remarquable les performances du club au chapitre des tirs, qui obtient 55 pour cent des tentatives en leur présence contre 50 pour cent en leur absence.
Je passe rapidement sur les autres pour m'attarder un instant au quatuor des Sharks. Encore une fois, un duo a une vocation plus clairement offensive et l'autre, plus défensive.
Paul Martin et Brent Burns sont poussés vers la zone ennemie et gardent l'avantage aux tirs. Quant à Marc-Édouard Vlasic et Justin Braun, ils sont franchement enterrés, avec seulement 43 pour cent de leurs départs en zone offensive. La chute est plus brutale, ces deux défenseurs peinant à obtenir 46 pour cent des tirs dans ce contexte.
Cette liste ne dit pas tout, laissant notamment dans l'ombre quelques remarquables duos défensifs, dont le plus frappant reste celui de Mark Giordano et Dougie Hamilton avec les Flames de Calgary. Titulaires d'un des meilleurs taux de tirs obtenus de la dernière saison (56 pour cent, un incroyable avantage de 220 tirs tentés de plus que concédés !), ils ont pourtant eu un rôle défensif et le meilleur différentiel de buts (plus-22) après Ryan Suter et Jared Spurgeon du Wild du Minnesota (plus-27).
Je m'en voudrais de ne pas mentionner, en terminant, le défenseur des Bruins de Boston Torey Krug. Le petit gaucher connaît, avec Adam McQuaid, une saison particulière : 55 pour cent des tirs sont obtenus par les Bruins en leur présence, mais les gardiens de l'équipe sont incapables de livrer la marchandise, affichant un exécrable taux d'arrêts de ,907. Résultat, un différentiel de plus-173 aux tirs tentés se transforme en… moins-5 aux buts !
Krug subit encore les foudres de la malchance aux côtés de son autre partenaire semi-régulier, Colin Miller. Il joue beaucoup moins souvent avec ce dernier, 152 minutes à peine. Mais comme on le constate sur les graphiques de Micah Blake McCurdy, Krug va, de-ci de-là, prendre un tour avec Miller sur des mises en zone offensive. Et les résultats sont massifs : 72 pour cent des tirs sont obtenus par les Bruins en leur présence ! Mais cet extraordinaire plus-122 aux tirs tentés se traduit en plus-2 aux buts marqués. Cette fois-ci, les gardiens ne sont pas à blâmes : 95 pour cent des rondelles sont arrêtées. Mais les attaquants perdent le nord, seulement 4 pour cent des tirs au but étant converti ! C'est un euphémisme de dire que Krug a été la victime des pourcentages. Il sera intéressant de voir comment il rebondira cette saison.