Hartnell_FA7

Les directeurs généraux de la LNH ont eu peu de joueurs de premier plan à s'arracher depuis le premier juillet. T.J. Oshie a décidé de signer avec les Capitals de Washington, Kevin Shattenkirk semblait décidé à signer avec les Rangers de New York pour peu que ceux-ci lui fassent une offre raisonnable (ce qui fut fait), bref, outre Alexander Radulov et Karl Alzner, on n'a guère vu d'ententes lucratives à long terme.
Ce qui n'a pas empêché différentes équipes de tenter quelques paris pour le moins intéressants, notamment en offrant des contrats de faible valeur et d'une saison seulement à des vétérans. Voici les plus intéressants à mes yeux (les données citées viennent de hockeyviz.com et datarink.com).

Benoit Pouliot, 1,15 million $, Sabres de Buffalo
Les Sabres me semblent encore incertains quant à la direction qu'ils doivent prendre. Continuer à engager des vétérans en attendant que le repêchage porte ses fruits? Pousser plus fort et tenter de profiter de la dernière saison peu coûteuse de Jack Eichel? L'acquisition de Marco Scandella et Jason Pominville laisse deviner qu'on cherche à pousser un peu plus fort, mais il n'est pas évident de dégotter du talent. Pouliot vient de connaître une saison abominable : neuf tirs tentés à l'heure, pas même un point primaire par heure jouée à 5-contre-5, tout ça en ayant Jordan Eberle et Ryan Nugent-Hopkins comme plus fréquents compagnons de trio. Il a connu huit saisons consécutives au cours desquelles il a eu un impact positif marqué sur les taux de tirs et de buts obtenus à 5-contre-5, avant de s'effondrer l'an dernier. Peut-être est-il de ces joueurs que les blessures rattrapent brutalement à 30 ans? Sinon, le fait qu'il ait eu, pour quatre équipes différentes, un impact positif soutenu laisse entendre que les Sa
bres peuvent avoir mis la main sur un des meilleurs ailiers de troisième trio de la ligue. Les joueurs de pointe sont là, c'est bien ce dont ils ont besoin.
Scott Hartnell, 1 million $, Predators de Nashville
Hartnell n'est plus un jeune poulet, mais, avec Nick Bonino, il fait partie de ce groupe de vétérans établis que toutes les équipes championnes aiment avoir dans leur personnel de soutien. Joueur de top-6 jusqu'à il y a deux ans, on l'a utilisé l'an dernier sur une qutrième ligne offensive à Columbus, avec Sam Gagner. Les résultats ont été probants : s'il a obtenu le temps de glace d'un joueur de quatrième trio à forces égales (11 minutes par match), Hartnell a produit comme un joueur de premier trio, 1,8 point primaire par heure. En fait, Hartnell vient de passer trois saisons à produire au rythme d'un joueur de premier trio à forces égales, notamment aux côtés de fabricants de jeux comme Alex Wennberg et… Ryan Johansen. On doit limiter son temps de jeu pour sauver ses vieilles jambes, mais il continue à donner près de 80 matchs par saison, ce qui en fait un joueur sur lequel on peut aussi compter en séries éliminatoires.
Chris Kunitz, 2 millions $, Lightning de Tampa Bay
Première signature suspecte. Kunitz va avoir 38 ans en septembre, on lui a donné le double du salaire des autres et il produit, depuis trois ans, au rythme d'un joueur de troisième trio sur le point d'être relégué aux joueurs de soutien (1,1 point primaire à l'heure). Tout ça en jouant principalement avec Evgeni Malkin, Sydney Crosby et Phil Kessel. Yzerman vient de se payer un nom, mais tout ça s'annonce bien mal.
Mike Cammalleri, 1,2 million $, Kings de Los Angeles
Cammalleri a connu une excellente campagne en 2015-16 (38 points en 42 matchs), mais autrement, il produit désormais au rythme de Kunitz. Par contre, le petit ailier continue à produire en avantage numérique (3,5 points primaires par heure) et son équipe a mieux fait en sa présence aux différentiels de tirs et de buts depuis trois ans. Bref, ça n'est plus lui qui chauffe le poêle, mais il ne crée pas de courants d'air inutiles lorsque les choses se mettent à rouler. Je soupçonne les Kings de chercher un point d'appui à Jeff Carter, Tyler Toffoli et Anze Kopitar sur le jeu de puissance, rôle qu'on a donné l'an dernier à Nic Dowd, un honnête tâcheron qui n'avait pas d'affaire là. S'il anime le jeu de puissance et donne le change sans être perpétuellement blessé, on parle d'un gain net pour Los Angeles. Kopitar arrive à 30 ans, Carter à 33, Marian Gaborik et Dustin Brown ont frappé le mur; les Kings n'ont plus le luxe de couler les minutes de leurs deux derniers trios seulement sur des plombiers sans réel talent
offensif.
Ales Hemsky, 1 million $, Canadiens de Montréal
Hemsky traîne une réputation de joueur blessé à répétition, mais outre une blessure catastrophique à la hanche l'an dernier, il ne manque pas plus d'une dizaine de matchs par saison depuis 2011. Reste à voir ce qui reste de lui après une convalescence aussi difficile. Hemsky joue depuis trois ans sur le troisième trio à Dallas, ou il a produit comme un septième attaquant, à l'exception de la saison 2015-16, alors qu'il a obtenu 1,9 point primaire à l'heure jouée à forces égales, un score digne d'un joueur de premier trio. S'il n'a jamais été un buteur prolifique, Hemsky a continué à tenter plus de 15 tirs à l'heure en moyenne (13 la saison dernière) lors de son passage à Dallas, un nombre similaire à ce qu'il a obtenu à ses trois saisons précédentes à Edmonton. Dans les deux cas, il convertit 8 pour cent de ses tirs au but. Bref, il semble encore capable de donner une dizaine de buts à forces égales par saison, ce qui est considérable pour un joueur de soutien. Reste à voir ce qui reste de sa hanche.
David Desharnais, 1 million $, Rangers de New York
Il semble qu'on a décidé de tenter, à New York, le coup des Blue Jackets de Columbus avec Sam Gagner. Desharnais ne détrônera pas J.T. Miller, Kevin Hayes ou Mika Zibanejad, mais les Rangers n'ont pour ainsi dire que des ailiers offensifs. Ses passes savantes vont avoir des cibles compétentes à chacune de ses présences, peu d'équipes étant aussi bien préparées à accueillir ses talents particuliers. Après quelques saisons d'errance dans des organisations qui semblaient incapables de reconnaître ses talents et ses limites, Desharnais chez les Rangers représente selon moi (rien n'est jamais certain, évidemment) un des coups les plus certains de l'été.
Jussi Jokinen, 1,1 million $, Oilers d'Edmonton
Comme Pouliot, qu'il remplace de toute évidence, Jokinen vient de connaître une saison abominable aux pourcentages. Jokinen est rarement blessé, mais après trois saisons extrêmement productives, tout s'est effondré l'an dernier. La chose est en partie étrangère à ses performances; après avoir obtenu 12 deuxièmes passes lors de chacune des deux saisons précédentes, il n'en a obtenu que trois l'an dernier. En partant, c'est un trou. Mais Jokinen est aussi un tireur irrégulier, qui tente un volume modeste de tirs depuis six ans (entre 9 et 11 par heure) et voit son taux de réussite osciller entre 6 et 11 pour cent d'une saison l'autre. Mais il a encore eu, avec Vincent Trocheck et Jonathan Marchessault, un impact positif clair sur les différentiels de tirs des Panthers de la Floride l'an dernier, ce qui suggère qu'il peut encore accompagner des joueurs de premier plan sur le deuxième trio. Justement, les Oilers ont trois jeunes centres de premier plan. Jokinen arrive à 35 ans, un effondrement est donc probable.
Mais d'ici là, un peu comme Desharnais, il arrive dans une situation idéale, les Oilers n'ayant, après les départs de Jordan Eberle et Taylor Hall depuis deux ans, pas vraiment d'ailiers bien établis. Il y a bien les gros Milan Lucic, Pat Maroon et Zach Kassian, mais ceux-ci ont offert des performances plus qu'irrégulières. La porte est grande ouverte pour un vétéran aguerri comme Jokinen.