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Les Predators de Nashville sont-ils en train de causer la surprise contre les Blackhawks de Chicago? Avec une avance de deux matchs dans la série, ils ont certainement leur adversaire dans les câbles. Ayant cédé deux fois plutôt qu'une à domicile, les Blackhawks ont désormais à s'ouvrir un chemin dans un contexte que les probabilités dessinent comment hostile.
Les modèles prévisionnels sont tous plus ou moins opaques, et tous plus ou moins efficaces. Après tout, il s'agit de donner, à un moment précis, une idée des chances relatives de chaque adversaire de passer à la ronde suivante. Parce qu'il publie des explications claires en plus de les mettre à jour quotidiennement, j'aime bien me référer aux simulations du blogueur Micah Blake McCurdy. Alors que j'estimais personnellement les Blackhawks comme grands favoris de la série, le modèle de McCurdy montrait plutôt une série égale, chaque équipe ayant au départ
50 pour cent des chances
de passer à la ronde suivante. Au moment d'écrire ces lignes, les Predators ont maintenant
83 pour cent des chances
de passer.

En fouillant dans mes tableaux construits au début des séries, je suis tombé sur cette illustration de l'évolution de la part des buts « prévus » des deux équipes au fil de la saison. Le graphique colorie de façon distincte la séquence des 25 derniers matchs de la saison, considérée plus représentative du club qui se présente en série. Comme vous pouvez le constater, les deux équipes ont terminé la saison sur des séquences quasi identiques, ce qui recoupe les prédictions du modèle de McCurdy.

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Mais depuis le début de la série, les choses ne vont plus du tout pareillement. Les Predators ont rapidement pris les devants lors du premier match, Viktor Arvidsson déjouant le gardien Corey Crawford à la huitième minute. Une fois l'avance acquise, les Predators se sont par la suite recroquevillés, jouant une prudente contre-attaque. Des 90 tirs tentés à forces égales, seulement 33 le sont par les Predators, et une fois l'avance acquise, les Predators se font déclasser 52-29. Le site Natural Stat Trick nous apprend que les Blackhawks obtiennent lors de ce premier match
21 chances de marquer contre 15 pour Nashville
. Mais la tactique a tout de même (relativement) porté ses fruits : le total de chances de haute qualité est similaire, sept pour Nashville, huit pour Chicago.
La situation a été complètement renversée lors du deuxième match. Une fois l'avance prise, les Predators dominent 48-39 aux tirs tentés, et terminent le match avec 25 chances de marquer contre 18 pour Chicago.
Il semble que les hommes de Peter Laviolette sont en train de prendre l'ascendant sur leurs adversaires grâce à la plus grande stabilité de leur brigade défensive. Le jeu de carrousel des paires défensives est un élément récurrent des Blackhawks sous Joel Quenneville. Ses équipes championnes ont su compter sur l'excellent Duncan Keith et le sous-estimé Niklas Hjalmarsson, mais ces deux joueurs ont souvent changé de partenaires, parfois mêmes au fil d'un match. La conquête de 2014-15 reste le cas d'espèce de cette tendance, alors que Quenneville utilisait Keith, Hjalmarsson et Brent Seabrook en rotation continue avec un personnel de soutien peu utilisé.
Il semble que la recette ne prend plus. Lors du deuxième match, Keith et Hjalmarsson ont cassé, générant seulement trois tirs contre 15 concédés aux Predators en un peu moins de 10 minutes de jeu. Les choses se sont à peine mieux passé une fois Hjalmarsson jumelé à son vieux sbire Johnny Oduya : six tirs obtenus, 10 concédés, pendant qu'on déployait Keith un peu partout pour pousser l'offensive, notamment lors des mises en zone ennemie.
De l'autre côté, la situation va de mieux en mieux. La défensive de Nashville est un modèle de stabilité, Roman Josi restant aux côtés de Ryan Ellis, Mattias Ekholm jouant avec P.K. Subban. Matt Irwin et Yannick Weber n'accaparent quant à eux que 22 pour cent du temps de jeu de l'équipe.
La stratégie est simple : Ekholm et Subban sont les hommes à tout faire, alors qu'Ellis et Josi se concentrent sur les mises en zone défensive, Irwin et Weber étant tenus loin des meilleurs éléments adverses.
Si Subban et Ekholm ont toujours fait jeu égal aux tirs, Ellis et Josi en ont arraché lors du premier match, générant 12 tirs contre 33 concédés. Les ajustements tactiques apportés lors du deuxième match ont payé : les Predators ont alors obtenu 24 tirs et n'en ont concédé que 18 en présence de ces deux mêmes défenseurs.
Ce revirement de situation au sommet de la brigade défensive des Predators est de très mauvais augure pour les Blackhawks. À l'étranger, sans le loisir de choisir les confrontations, les meilleurs de Nashville ont pu prendre le dessus. À domicile, Laviolette aura le loisir de choisir plus précisément les confrontations en fonction des circonstances. Le printemps des Blackhawks s'annonce beaucoup plus bref que prévu.