Alexander Kerfoot goal score St. Louis Blues 2017 October 19

L'Avalanche du Colorado a, depuis les succès de la saison 2013-14, connu une série de saisons de misère. À voir évoluer le dossier Matt Duchene au cours de l'été, on ne pouvait que conclure que cette nouvelle campagne serait elle aussi le théâtre d'une longue agonie, mais il semble plutôt que l'équipe connaisse un regain d'énergie. La récente glissade (trois défaites) ramène un peu tout le monde sur terre, mais l'équipe est encore à quelques encablures de la deuxième place de quatrième as dans l'Association de l'Ouest et, surtout, maintient vaille que vaille un différentiel positif aux buts marqués.
Comme en 2013-14, la clé du succès de l'Avalanche passe par les performances de Semyon Varlamov. Après deux saisons difficiles, le cerbère numéro un de l'équipe semble avoir retrouvé sa forme des beaux jours. Corsica.Hockey estime que ses performances ont jusqu'ici permis à son équipe de sauver six buts, un rythme qui laisse entrevoir la possibilité d'une campagne du calibre de ce qu'il a offert entre 2013 et 2015.

Ces performances remarquables compensent une attaque pour le moins souffreteuse. L'Avalanche a jusqu'ici marqué 10 buts à forces égales, le quatrième pire score de la ligue dans cette situation. Si des équipes comme les Canadiens de Montréal ou encore les Oilers d'Edmonton doivent leurs déboires offensifs à un manque total d'opportunisme de leurs marqueurs, c'est moins évident dans le cas de l'Avalanche. Montréal et Edmonton ont des taux de conversion de tirs en buts d'environs 3,5 pour cent, alors que celui de l'Avalanche frise le 6 pour cent. Tout ce beau monde se trouve donc sous la barre de la moyenne de la ligue, qui oscille autour de 8 pour cent, mais au Colorado, on a néanmoins moins à espérer d'un retour favorable du balancier.
On n'est donc pas sortis du bois. Varlamov, dans sa forme actuelle, efface bien des péchés, mais les progrès de l'équipe demeurent fondamentalement modestes. Pour la première fois depuis quatre ans, on retrouve l'Avalanche un poil au-dessus de la barre des 2 buts prévus par heure jouée, alors que la défensive est présentement quelque part autour du niveau de l'an dernier, soit 2,3 buts prévus accordés. Le déficit est en partie gommé par Varlamov, mais cette part de 48 pour cent des buts prévus demeure, dans l'ensemble, la marque d'une équipe ordinaire à forces égales.
L'ennui, c'est que bien peu de joueurs laissent présentement entrevoir une réelle capacité à contribuer à l'attaque à forces égales. Parmi les attaquants, seul Sven Andrighetto semble avoir établi un niveau de performances intéressant, générant un peu plus de 15 tentatives de tirs par heure jouée à 5-contre-5, qui lui valent un score de 1,9 but prévu. S'il n'a jusqu'ici obtenu qu'un seul filet, il semble donc que sa contribution offensive soit significative et qu'on n'a pas à croire que ses succès de l'an dernier aient été un feu de paille.
C'est plus gênant pour les autres attaquants. Matt Duchene a jusqu'ici obtenu six points à 5-contre-5, mais c'est en grande partie grâce à un pourcentage de tirs de plus de 20 pour cent, ce qui ne saurait durer. Lorsqu'on tient compte de la qualité des tirs obtenus par Duchene, ceux-ci « valent » 0,7 but. Il est donc probable que, s'il ne change pas son profil offensif, sa production décline rapidement.
Il est intéressant de voir que, dans ce contexte, la série de défaites a été utilisée pour apporter des changements à l'alignement. Un des enjeux majeurs de la présente saison est de trouver le moyen de donner au jeune surdoué Tyson Jost les moyens de se développer le plus rapidement possible. Après avoir commencé la saison au centre de J.T. Compher et Gabriel Landeskog, on l'a, lors du dernier match,
envoyé aux côtés de MacKinnon et Mikko Rantanen
. Andrighetto a quant à lui été
déplacé aux côtés de Duchene et Nail Yakupov
.
Cet assemblage prometteur vient maintenant de s'effondrer comme un château de cartes : Jost s'est blessé lors du duel contre les Blues de St. Louis jeudi dernier et on se retrouve coincé avec un top-6 plutôt démuni.
Cette lacune offensive nous amène à souligner ce qui rend l'Avalanche éternellement décevante aux yeux des observateurs : des joueurs qui devraient être les fers de lance de son attaque semblent régresser depuis plusieurs années maintenant, alors qu'ils sont dans la force de l'âge. Aucun de ces joueurs ne semble désormais capable de franchir avec régularité la barre du 1,6 point primaire (buts + première passe) par match, qui représente grosso modo le seuil qui distingue les attaquants de premier trio. C'est une chose de ne pas avoir beaucoup de profondeur, mais quand les meneurs de jeu du club ne sont pas capables de livrer la marchandise, la bataille est perdue d'avance.
Il semble donc que le beau début de saison de l'Avalanche soit encore une fois d'abord et avant tout le fait de l'excellence de Varlamov. Devant lui, un groupe d'attaquants mal assuré continue à peiner à remplir le filet. À moins d'une séquence à long terme de pourcentages favorables, on ne peut que croire que ce groupe ne s'améliorera que si l'éventuelle transaction de Duchene amène du sang neuf.