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S'il risque d'y avoir peu de défenseurs de premier plan disponibles sur le marché des joueurs autonomes le 1er juillet venu, c'est une tout autre histoire du côté des attaquants. La question, à laquelle on ne pourra répondre qu'une fois la fin de semaine terminée, est de savoir jusqu'à quel point les équipes acheteuses sont encore une fois prêtes à surpayer.
Les circonstances s'y prêtent. Plusieurs bons attaquants sont disponibles et le plafond salarial vient d'augmenter substantiellement. Mais comme toujours, il est tentant pour les directeurs généraux d'étaler la facture sur plusieurs saisons, histoire de se ménager de la marge de manœuvre sous le plafond. Je les soupçonne d'ailleurs de se dire qu'au pis aller, le problème sera celui de leurs successeurs.
Quand même, la cueillette est intéressante. En plus d'une superstar, le marché est cet été porteur de quelques spécialistes de l'attaque, ainsi que d'hommes à tout faire des plus utiles.

La superstar : John Tavares
Ça reste l'histoire de la semaine : après avoir observé les allées et venues des équipes que Tavares a accepté d'entendre en entrevue, on attend maintenant de savoir qui seront les heureux élus. S'il demeure avec les Islanders, on va le savoir dès samedi. Sinon, le suspense va se conclure dimanche.

Tavares n'est pas courtisé pour rien : oui, il accumule les points à un rythme effréné, et Anders Lee et Josh Bailey ne sont pas des pieds de céleri, mais la pression qu'il a eu à soutenir soir après soir ne doit pas être sous-estimée. Avant que Mathew Barzal n'entre en scène cette saison, Tavares était celui par qui passait nécessairement l'attaque des Islanders. Maintenant âgé de 27 ans, on ne peut lui faire parapher une entente pour plus de sept saisons, huit si les Islanders ont le dernier mot, ce qui veut dire qu'on le payera jusqu'à l'âge de 34 ou 35 ans. Même s'il ne vieillit pas comme Joe Thornton, on est très, très loin des risques associés à des ententes comme celles de Zach Parise ou encore Marian Hossa. Reste à voir quelle structure de contrat Tavares et son clan choisiront. Un joueur de cette trempe peut décider de s'installer à demeure, mais il peut aussi jouer de son levier pour demander un contrat qui lui permettra au besoin d'être échangé à une autre équipe plus compétitive si besoin est. On le verra à la distribution des bonus, aux variations de son salaire annuel, mais aussi, de l'attribution de clauses de non-échange. Un dossier fascinant.
Les « canons de verre »
Les anglophones ont cette jolie expression, « a glass cannon », entendre par là une arme dont la puissance de feu n'a d'égal que sa fragilité défensive. La cuvée 2018 des joueurs autonomes nous offre quelques canons de verre.
Celui qui incarne le plus purement cet idéal (!) demeure Thomas Vanek. Le gros Autrichien continue à rouler sa bosse, avec cinq équipes représentées en trois ans. Il a cumulé au cours de cette période une fiche de moins-17, mais surtout 145 points en 222 matchs. Si j'en crois Hockey-reference.com, Vanek se classe depuis trois ans 87e pour les buts marqués et 77e pour les points obtenus parmi les attaquants. En bon français, il produit au rythme d'un joueur de premier trio!
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Mais Vanek a maintenant 34 ans et, disons-le bien franchement, est d'une lenteur tectonique. L'heure approche où il ne sera plus capable de suivre, un constat qui risque d'être brutal pour l'équipe qui lui a offert un contrat. Vanek semble toutefois à l'aise avec l'idée de voguer d'équipe en équipe, de contrat d'un an en contrat d'un an.
Ça le rend doublement attrayant. Si l'équipe qui l'embauche fait bien, il aide forcément. Si l'équipe coule à pic? On peut toujours l'échanger. Le retour n'est pas toujours fameux (Jussi Jokinen et Tyler Motte, c'était plus ou moins impressionnant, l'an dernier), mais ça vaut la peine de tenter le coup! Vanek le sait bien, ce qui lui permet de faire monter les enchères.
James Neal, Tyler Bozak et David Perron sont à mon sens les autres canons de verre intéressants dans ce groupe de joueurs autonomes. Neal et Perron ont fait flèche de tout bois sur les ailes d'Erik Haula tout au long de la dernière campagne, je me demande par conséquent si une équipe en manque d'attaquants ne sera pas tentée d'acquérir ces deux joueurs d'un coup, alors que Bozak semble désormais un spécialiste de l'avantage numérique.

Dans le cas de ces trois joueurs, l'âge (Neal et Perron ont 30 ans, Bozak 32) doit rendre les DG frileux pour ce qui est des ententes à long terme. Mais je pense qu'ici, la logique qui vaut pour Vanek peut aussi opérer. Payer le fort prix pour un an, voire deux? Il est alors possible que le joueur garde une valeur d'échange certaine lors des deux prochaines dates limites des transactions. Si on étale les paiements sur une plus longue période, ces joueurs deviennent bien plus difficiles à déménager.
Surtout, on doit ici se méfier des clauses de non-échange. On semble possiblement se diriger vers un autre repêchage d'expansion, d'ici quelques années. Une telle clause rend ces joueurs inamovibles, alors que s'ils n'en ont pas, on doit dorer la pilule aux nouveaux venus pour les convaincre d'encaisser ces contrats.
James van Riemsdyk me semble aussi être un canon de verre, mais je pense qu'il est dans une catégorie à part, à cause de ses talents sur l'avantage numérique. Je pense que ce buteur émérite va faire sauter la banque à long terme. Les joueurs qui, comme lui, peuvent faire bouger les cordages et jouent 82 matchs par saison sont tout simplement trop rares. J'ai aussi l'impression qu'on va le voir suivre un chemin similaire à Vanek. Quelqu'un, quelque part, va être très content de l'avoir pendant deux ans, après quoi le rachat va guetter.
Les hommes à tout faire
Rick Nash, Michael Grabner et Paul Stastny sont pour moi les joueurs les plus attrayants dans cette catégorie. Grabner et Nash sont encore de superbes marqueurs à forces égales et en désavantage numérique, ce qu'on tend à oublier en raison de leurs performances en demi-teinte en avantage numérique. Dans le cas de Stastny, il est, de loin, le centre le plus compétent disponible après Tavares. Mais il est aussi âgé de 32 ans. Pour tout dire, sa trajectoire des dernières saisons me rappelle celle de Tomas Plekanec il y a quelques années. Les points sont encore là, mais il est à peu près rendu à l'endroit où un joueur perd cette fraction de seconde qui le fait passer de centre de top-6 à joueur de troisième, voir quatrième trio.

Ces trois joueurs, pour l'an prochain, constituent selon moi des valeurs sûres. Mais comme de nombreux autres dans leur catégorie, je ne vois pas comment on peut justifier de leur donner un contrat de plus deux ans. Nash, surtout, a 34 ans et a subi bien des commotions cérébrales.
En terminant : le prochain Marchessault?
Y a-t-il dans ce groupe de joueurs autonomes un nouveau Jonathan Marchessault, un joueur qui accumule les points dans la Ligue américaine, est dans la force de l'âge et ne finit plus par finir d'avoir sa chance?
Brandon Pirri, 27 ans, m'intrigue énormément. Enterré toute la saison dans le club-école des Golden Knights, Pirri a obtenu 29 buts et 52 points en 57 matchs, un rythme similaire à ce qu'il a connu lors de son passage dans le club-école des Ducks d'Anaheim. Est-ce que quelqu'un, quelque part, va lui donner sa chance?