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L'une des grandes surprises de cette première ronde aura été l'étonnante élimination des Blackhawks de Chicago aux mains des Predators de Nashville en quatre matchs. La formule gagnante des dernières années ne semble plus faire effet en séries et le directeur général, Stan Bowman,
a promis des changements
. L'affirmation fait partie des figures imposées de ce genre de situation, mais on peut se demander jusqu'à quel point elle est réaliste et justifiée.

Premièrement, l'équipe de Bowman a été victime d'un phénomène qui semble avoir traversé la quasi-totalité des séries de première ronde : une domination absolument extraordinaire des gardiens.
Si on se fie au modèle des buts prévus de Corsica.Hockey, trois gardiens ont connu des séquences difficiles en première ronde : Sergei Bobrovsky des Blue Jackets de Columbus, Brian Elliott des Flames de Calgary et Frederik Andersen des Maple Leafs de Toronto. Quelques autres gardiens ont bien coûté un but ou deux, mais 11 des 17 cerbères utilisés en date de samedi soir ont « volé » des buts à leurs adversaires.

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Derrière Henrik Lundqvist des Rangers de New York et à égalité avec Jake Allen des Blues de St. Louis, le gardien des Predators Pekka Rinne est celui qui a « volé » le plus grand nombre de buts, un peu plus de cinq en quatre matchs. Un fossé impossible à franchir dans une série où les deux équipes sont égales. Dans le cas de l'affrontement entre les Blackhawks et les Predators, les Blackhawks ont obtenu 50 pour cent des tirs, mais 43 pour cent des chances et, donc, 46 pour cent des buts prévus. Dans ces circonstances, seul un mélange de contre-performance des gardiens adverses et de séquence heureuse de Corey Crawford aurait pu les tirer du pétrin.
Si ce constat ne diminue en rien la victoire des Predators, qui ont bel et bien eu l'avantage tout au long de la série, l'échelle du décrochage entre les buts espérés et les buts marqués dans cette série éclipse totalement ce qui s'est passé dans les autres affrontements de première ronde.
Dans le graphique ci-dessous, la taille des barres des Predators et des Blackhawks est telle qu'elle donne aux autres une dimension lilliputienne. Pourtant, ces autres séries ont vu des équipes avoir des avantages massifs, obtenant jusqu'à 60 pour cent des buts marqués.

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Dans ce contexte, la réaction de Stan Bowman intrigue. Il est certainement décevant de voir son équipe fondamentalement dominée après qu'elle eut connu une fin de saison encourageante, mais les Predators ne sont pas des pieds de céleri.
De plus, ça n'est pas comme si Bowman avait une si grande marge de manœuvre.
La page du site CapFriendly consacrée à l'équipe est parlante
.
Le club a pas moins de neuf joueurs sous contrat avec des clauses de non-mouvement complètes ou partielles. Pire encore, 20 joueurs sont sous contrat l'an prochain et l'équipe dispose d'une marge de manœuvre de 3 millions $. Aussi bien dire qu'il n'y a pas d'espace. Trois gros contrats arrivent à échéance dans deux ans, ceux de Marcus Kruger (3 millions $), Niklas Hjalmarsson (4 millions $) et Artemi Panarin (6 millions $). Panarin va coûter beaucoup plus cher, alors que Kruger est probablement le seul gros salarié du club qui puisse être immédiatement échangé. Quant à Hjalmarsson, il est, avec Duncan Keith, la pierre d'assise de la défensive et sera alors âgé de 31 ans. Au mieux, on le laissera partir parce qu'on aura trouvé un remplaçant. On devra attendre deux ans encore, à la fin de la saison 2020-21, pour que les contrats d'Artem Anisimov (4,5 millions $) et Marian Hossa (5,2 millions $) arrivent à terme.
Alors la question se pose : quelles portes de sortie s'offrent à Bowman? Va-t-il racheter des contrats? Sinon qui peut-il échanger? Est-il condamné à espérer que le plafond salarial recommence à monter en flèche?
On va probablement devoir donner une place de choix, l'an prochain encore, à de jeunes joueurs jouant leur contrat de recrue, quitte à embaucher des vétérans à rabais pour ramasser les pots cassés si les jeunes ne sont pas prêts. En fait, le seul geste qui me semble être possible est d'échanger Marian Hossa.
Le contrat du Slovaque est impossible à racheter, ne permettant d'économiser
qu'un peu plus de 600 000 {{field}}lt;/a>
. Mais, pour peu qu'on trouve le moyen de lever sa clause de non-mouvement (détail non négligeable), il est possible de le refiler à un club qui n'a pas besoin d'atteindre le plafond salarial. En effet, Hossa occupe encore 5,275 millions de dollars sous le plafond, mais à partir de l'an prochain, il ne recevra que 1 million $ en salaire annuel jusqu'à la fin de l'entente.
Si ma lecture des transferts de salaire est bonne, les Blackhawks pourraient même payer 1 million de son salaire; l'économie sous le plafond serait alors de 4,275 millions $ et l'équipe pour qui Hossa jouerait n'aurait pas un sou à lui verser en salaire!
Les contrats comme celui de Hossa sont rares, parce qu'on les a évacués à la suite de la convention collective signée en 2013. Il constitue aussi probablement la seule porte de sortie à court terme dont Bowman dispose pour apporter des changements significatifs à son équipe. À suivre.