Coyle, Staal, Koivu

Le Wild du Minnesota a subi sa première défaite en près d'un mois aux mains des Blue Jackets de Columbus samedi soir. La troupe de Bruce Boudreau voyait ainsi prendre fin une série victorieuse qui l'a catapulté du septième au deuxième rang de l'Association de l'Ouest. Avec une avance de sept points sur ses plus proches rivaux de la section Centrale (les Blues de St. Louis) et à 11 points des Stars de Dallas, le Wild est quasiment assuré de participer aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
C'est un revirement de situation pour le moins remarquable pour ce club et son entraîneur. Exclu du tournoi printanier l'an dernier, le Wild semblait en position précaire pour la suite des choses. Le club est vieillissant, la plupart de ses plus haut salariés ayant dépassé le cap de la trentaine. On n'avait donc pas beaucoup de marge de manœuvre pour brasser la soupe cet été. L'embauche de Boudreau et celle d'Eric Staal ont été les deux seuls gestes majeurs posés par le directeur général Chuck Fletcher.

Et les deux rapportent gros.
Le cas de Staal est le plus simple à évaluer. Âgé de 32 ans et ayant obtenu 54 puis 39 points au cours de ses deux dernières saisons, l'aîné du clan Staal semblait ralentir. Mais les indicateurs de possessions de rondelle, notamment les taux de tirs obtenus relativement au reste de son équipe, laissaient deviner que le vétéran n'avait pas dit son dernier mot.
Le site Corsica.hockey nous rappelle que, depuis 2013, les équipes pour qui Staal a joué ont vu la part des tirs qu'elles obtiennent bondir en moyenne de 5 pour cent lorsqu'il est sur la glace, tout ça en n'ayant manqué seulement huit des 246 matchs joués par ses formations.
S'il n'est plus le marqueur d'élite de jadis, Staal donne au Wild une production offensive digne d'un attaquant de top-6. Il a jusqu'ici marqué 14 points à 5-contre-5, un rythme de 1,67 point par heure jouée. Et cette production ne semble pas basée sur les faveurs de la chance. Staal a obtenu des points sur 53 pour cent des 23 buts marqués par son équipe en sa présence, et ces 23 buts sont le fruit d'un taux de conversion légèrement inférieur à 8 pour cent, donc sous la moyenne de la ligue.
On semble donc avoir mis la main sur un joueur de centre capable de donner 50, voir 60 points pour un salaire plus qu'abordable.
Mais il y a plus.
Boudreau semble avoir réussi à redonner à son équipe un élan supplémentaire en l'aidant à améliorer ce qui était déjà l'an dernier une force du groupe, soit la défensive.
En 2015-16, le Wild se démarque en effet de la moyenne de la ligue par sa capacité à empêcher l'adversaire de marquer à 5-contre-5. Si l'équipe se classe en milieu de peloton quant aux tentatives de tirs accordés (16e de la LNH), elle termine troisième pour le nombre de buts et les chances de marquer accordées.

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Cette tendance est tout aussi nette en 2016-17. Le Wild est cinquième pour le nombre de buts accordés et, surtout, c'est l'équipe qui accorde le moins de chances de marquer à ses adversaires. Pourtant, on continue à une quantité importante de tirs vers le filet (23e de la ligue).

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Le Wild doit donc une large partie de ses succès à sa capacité de garder l'adversaire
à l'extérieur de la zone dangereuse
.
À cela s'ajoute le travail du gardien Devan Dubnyk,
qui a sauvé 13 buts à sa formation
depuis le début de la saison. Les succès du Wild sont donc doublement bâtis sur la défensive.
Reste une ombre au tableau. À 5-contre-5, le Wild est 21e aux tirs tentés, 17e aux buts prévus, 18e aux chances de marquer obtenues. Pourtant, il est septième pour le nombre de buts marqués. Cette différence s'explique par un taux de conversion de tirs en buts de presque 9 pour cent, le quatrième meilleur de la LNH. Peut-être a-t-on trouvé au Minnesota un système permettant de capitaliser plus souvent sur les chances obtenues, mais il y a lieu d'en douter. Il est plus que probable que la production offensive de l'équipe à forces égales pique du nez en deuxième partie de saison.
Le terrain s'annonce grand ouvert dans l'Ouest, les puissances des dernières saisons apparaissant affaiblies, les challengers incertains. Le Wild, avec son groupe de vétérans aguerris, sa défensive et son gardien hors pair, est donc en position de force pour mener une longue campagne printanière. Mais, pour ce faire, on va devoir aller chercher des buts quelque part, fort probablement sur le marché des échanges.