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Encore une fin de saison crève-cœur pour les Capitals de Washington. Un peu partout, on scande que l'heure de la reconstruction a sonné pour la bande à Alex Ovechkin. Pour peu qu'on s'attarde à regarder ce qui reste de cette équipe, il me semble évident que ce serait commettre une grave erreur. Les championnats de saison régulière, quoi qu'en pensent les esprits chagrins, en disent long sur la qualité des équipes qui les remportent.

On se tourne toujours vers les vedettes pour expliquer ces échecs cuisants. Ovechkin a maintenant 31 ans, s'est trouvé sur la glace pour les deux buts des Penguins de Pittsburgh lors de leur victoire de 2-0 au match no 7 en deuxieme ronde, et n'a jamais, sur la scène internationale comme dans la LNH, pu accéder aux grands honneurs. On s'en donne donc à cœur joie à son sujet ces jours-ci. Mais il n'est pas pour autant devenu un attaquant médiocre.
J'en parlais plus tôt cette saison
: la baisse de production d'Ovechkin est en partie attribuable à une perte d'efficacité relative de son tir, mais surtout à une baisse de son temps de glace. Certes, le Tsar vieillit et c'est pourquoi on économise ses forces. Mais il demeure un attaquant remarquablement productif et semble encore destiné à terminer sa carrière au firmament des meilleurs buteurs de l'histoire du sport.
En chiffres, la chose se traduit ainsi : Ovechkin maintient, à forces égales, un rythme supérieur à la moyenne des attaquants de premier trio de la ligue, et ce même s'il a connu une forte baisse de régime dans cette phase du jeu.
Élément encore plus important, il n'est pas seul, loin de là. Si T.J. Oshie et Justin Williams sont aujourd'hui destinés à devenir joueurs autonomes, les Capitals peuvent encore compter sur plusieurs buteurs de qualité, surtout à l'aile gauche, où Andre Burakovsky et Marcus Johansson sont tous deux clairement supérieurs à la moyenne des joueurs de deuxième trio de la LNH.

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De même, pour les points obtenus, outre Ovechkin, Nicklas Backstrom et Evgeny Kuznetsov se démarquent aujourd'hui comme attaquants de premier plan. Et Lars Eller, troisième centre au rôle plus défensif, marque tout de même des buts au rythme d'un joueur de deuxième trio.

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Bref, le groupe d'attaquants encore sous contrôle de l'équipe ne manque pas de profondeur, bien au contraire.
Les choix sont un peu plus difficiles du côté de la défensive, mais encore là, on ne manque pas de ressources.
On sous-estime à quel point ce sont principalement les défenseurs de première paire qui ont un impact positif sur le jeu de leur équipe. Parce qu'ils ont de plus longues présences, les défenseurs se trouvent en effet rapidement à court de temps de glace en compagnie des meilleurs attaquants de leur club.
La brigade défensive des Capitals, à défaut d'être riche en joueurs d'impact, est encore bien garnie. Kevin Shattenkirk s'en va probablement sur le marché des joueurs autonomes, mais seuls John Carlson et Karl Alzner montrent des profils réellement inquiétants.

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Ces deux défenseurs ont justement beaucoup joué ensemble au cours de la dernière saison et on est en droit de se demander si, puisqu'il est joueur autonome sans compensation, on ne va pas tout simplement donner le boulot d'Alzner au jeune Nate Schmidt. En séries, ce dernier accompagnait en effet Shattenkirk, alors que Dmitry Orlov jouait avec Matt Niskanen.
On peut soupçonner qu'à 36 ans, le gros Brooks Orpik ne vaut plus son salaire, mais il s'agit du seul contrat qui soit réellement hors-norme
lorsqu'on regarde l'échelle salariale des Capitals
.
Les Capitals ont en grande partie perdu la série contre Pittsburgh à cause des contre-performances répétées de Braden Holtby, l'un des gardiens les plus efficaces de la ligue depuis trois ans. Alors doit-on dynamiter l'équipe à cause d'un résultat aussi catastrophique?
Le fait est qu'on dispose aujourd'hui à Washington de 22 millions $ pour mettre de nouveaux joueurs sous contrat. Kuznetsov, Orlov et Burakovsky vont probablement gober une bonne partie de ce pactole. On aura donc à faire preuve d'imagination pour boucher un dernier trou à l'aile droite. Mais ne nous leurrons pas, les Capitals seront encore l'an prochain une des puissances de la ligue. Pour eux, ce n'est que partie remise.