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Les Blackhawks de Chicago et les Coyotes de l'Arizona ont effectué hier le genre de transactions que j'adore. Pas de grande vedette ou de vétéran surpayé, mais plutôt un ensemble de joueurs aux rôles divers, qui laissent deviner de possibles changements d'orientation de la part des équipes concernées.
Richard Panik, plus haut salarié du groupe et titulaire d'un contrat lui assurant une autre année de salaire à 2,8 millions $, est aussi celui qui semble être en train de débouler quelques marches. Panik, après quelques saisons d'errance, s'est refait un nom l'an dernier en s'accrochant à l'aile de Jonathan Toews. Il a repris ce poste cette saison, mais l'arrivée de Brandon Saad comme troisième larron ne lui a pas permis de s'imposer.

Pourtant, Panik n'a pas connu de véritable régression sur le plan individuel. Tant sur le nombre de tirs tentés que sur le nombre de buts attendus par heure jouée, ses scores à 5-contre-5 démontrent une progression constante depuis quatre ans.

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Pourquoi se débarrasser de lui? Il semble qu'on ait, d'une part, affaire à une réaction à un élément sur lequel les joueurs ont bien peu de contrôle, soit le taux de réussite sur les tirs tentés. Panik connaît, depuis le début de la saison, une séquence exécrable, coupant presque de moitié son taux de réussite des dernières saisons.

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Surtout, Panik semble avoir été délogé par de jeunes joueurs qui font le même boulot à moindre coût : Vinnie Hinostroza et Alex DeBrincat. On a donc décidé de se départir des services de ce jeune vétéran ayant un rôle désormais secondaire pour un joueur plus jeune et plus prometteur. Ainsi va la vie dans la LNH.
Après une saison de 44 points en 2015-16, Anthony Duclair a eu plus de difficultés à animer l'attaque l'an dernier, manifestement ralenti par les blessures. Cette saison, les neuf buts en 33 matchs du Montréalais se transposent en 22 buts en 82 matchs, une performance plus qu'honorable. Les indicateurs sont, pour Duclair, autant, sinon plus flatteurs que pour Panik, lorsqu'on tient compte du fait qu'il n'a que 22 ans.

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La saison de 44 points avait inquiété bien des observateurs, qui avaient noté que Duclair avait profité d'un taux de conversion particulièrement favorable (la plupart des attaquants se situent entre 9 et 12 pour cent). Il a d'ailleurs fortement régressé en 2016-17, avant de revenir cette saison à un taux dans la bonne moyenne.
C'est pourquoi sa progression quant au nombre de tirs tentés par heure jouée est encourageante. Duclair n'a manifestement pas échangé de la qualité contre de la quantité et s'approche tranquillement du niveau d'un bon attaquant de top-5 (qui tentent en moyenne 14 tirs par heure jouée), tout ça en jouant avec une équipe faible sur le troisième trio.
Pourquoi laisser partir un joueur prometteur et payé moins cher contre un attaquant plus vieux et mieux payé? Dans le cas des Coyotes, la question monétaire n'est pas sans importance. D'une part, il faut souligner que Duclair termine son deuxième contrat à la fin de la saison et sera admissible à l'arbitrage salarial. Il risque fort d'obtenir une augmentation de salaire substantielle par rapport à ses émoluments de 1,2 million $.
D'autre part, John Chayka a indiqué que
le marché n'était pas très bon pour Duclair
, qui était disponible depuis un moment déjà. Il semble donc qu'on a choisi d'aller chercher une nouvelle monnaie d'échange en vue de la date limite des transactions, où Panik pourrait avoir plus de valeur que le jeune ailier.
La présence de Clendening constitue une police d'assurance pour les Blackhawks, dont la défensive est en mouvance par les temps qui courent. Éternel mal-aimé, Clendening fait, un peu à l'image de Cody Franson, la navette entre les ligues et les équipes depuis son arrivée dans les rangs professionnels. Défenseur droitier âgé de 25 ans, il a connu quelques bons moments avec les Rangers de New York, notamment. Mais son statut demeure celui d'un septième défenseur.
Il est trop tôt pour déterminer qui sera gagnant de cette transaction au chapitre des équipes. Duclair est prometteur et les Blackhawks ont un alignement qui lui permettra de progresser. Mais on ne sait pas encore ce que les Coyotes tireront de Panik à la date limite des transactions. En attendant, parce qu'il sait maintenant à quoi s'attendre et qu'il se joint à une formation établie qui cherche à se rajeunir, Duclair, qui a une chance en or de se faire valoir avant de renégocier son contrat, émerge comme le grand gagnant de cette transaction.