Ducks-Advance

Les Flames ont subi l'indignité d'être le premier club éliminé de cette première ronde, mais les hostilités se poursuivent ailleurs. Des séries de quatre matchs sont par définition ouvertes aux quatre vents, alors qu'un coup de malchance ou une séquence heureuse d'un joueur d'impact fait souvent basculer ces affrontements. Le présent tournoi printanier ne fait pas exception.
Toutes les équipes ne sont pas également efficaces. L'effet miroir imputable au fait que chaque équipe n'a eu qu'un adversaire jusqu'ici le rend encore plus facile à saisir. Dans la série opposant les Capitals de Washington aux Maple Leafs de Toronto, ce sont les Torontois qui sont plus efficaces (la moyenne de la LNH est de 17 pour cent et l'axe horizontal du graphique ci-dessus est situé à ce niveau).

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La série mettant aux prises les Sharks de San Jose et les Oilers d'Edmonton apparaît ici clairement comme celle où la qualité des tirs laisse le plus à désirer, alors que les Penguins de Pittsburgh déclassent outrageusement les Blue Jackets de Columbus. La série opposant le Wild du Minnesota aux Blues de St. Louis est elle aussi une affaire ou les tirs de qualité semblent se faire rares.
On pourrait croire, parce que les données ci-dessus sont pour toutes les situations de jeu, que les unités spéciales jouent un rôle dopant pour certaines équipes, mais ça n'est pas le cas. Les Penguins et les Blue Jackets ont passé peu de temps sur les unités spéciales, alors qu'au contraire l'affrontement San Jose/Edmonton s'y déroule beaucoup plus souvent.

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Reste que l'essentiel du jeu se déroule à 5-contre-5. Dans cette situation, certaines équipes se démarquent nettement. Le Wild du Minnesota est incapable d'acheter un but, malgré le meilleur ratio de chances de marquer obtenues jusqu'ici. Si les rondelles commencent à pénétrer dans le filet, rien ne leur est interdit.

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Les Predators et les Canadiens de Montréal sont les deux autres équipes ayant le plus fort ascendant sur leurs adversaires respectifs. Les prouesses de Nashville sont encore plus étonnantes lorsqu'on regarde du côté des pourcentages de réussite de leurs tireurs et de leurs gardiens.
En plus de dominer les Blackhawks aux chances de marquer, les buteurs et les gardiens des Predators sont d'un incroyable opportunisme. Pekka Rinne a secoué sa léthargie de fin de saison et arrête 98 pour cent des chances obtenues par Chicago, alors que les joueurs de position font mouche sur 10 pour cent des chances poussées sur Crawford. Une démonstration proprement étonnante, qui explique encore mieux comment les Blackhawks peuvent se trouver ainsi dans les câbles.

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Au Minnesota, on peut se féliciter du fait que Devan Dubnyk ait lui aussi repris son rythme de croisière, mais comble de malheur, Jake Allen le supplante de manière outrancière, n'accordant un but que sur 2 pour cent des chances qu'on obtient contre lui.
Ça ne durera pas éternellement, mais pour les Blues, il faut simplement que cela dure pendant un autre match et la deuxième ronde leur est acquise. Les Rangers de New York profitent eux aussi des pourcentages pour renverser l'avantage des Canadiens aux chances. C'est une médecine amère pour les hommes de Claude Julien, un groupe de joueurs qui a si souvent vécu ou péri par la grâce des pourcentages sous Michel Therrien, notamment ceux de Carey Price. Ce dernier s'en tire plus que bien, mais Lundqvist arrête (j'écris ça avant le cinquième match) presque tout.
Je souligne en terminant le remarquable duel de gardien que se livrent Cam Talbot et Martin Jones. Les taux ici calculés le sont sur les chances de marquer, pas sur tous les tirs. Et ces deux cerbères refusent obstinément de céder. Je me demande si on n'a pas ici un début d'explication pour la faible efficacité des Sharks et des Oilers constatée dans le premier graphique. Face à des gardiens dominants, on fait fi des jeux raffinés et on pousse tout au filet, dans l'espoir d'un coup de dés favorable? La tactique n'est pas nouvelle.
Les séries ont jusqu'ici comporté leur lot de surprises. Je ne m'attendais pas à voir les Flames se faire dégommer ainsi, encore moins à voir le Wild se faire pousser dans les câbles si rapidement et certainement, certainement pas à voir Nashville passer ainsi Chicago dans le tordeur. J'ai encensé plus haut les tireurs de Nashville, mais peut-être devrait-on aussi regarder du côté de Corey Crawford. Cet excellent gardien se fend d'un taux d'arrêts honorable de 90 pour cent des chances qu'on lui assène, mais ça ne suffit pas dans l'environnement hyper pressurisé des séries. Il peut par contre, comme son équipe, surprendre par une poussée du dernier instant.