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Les Oilers d'Edmonton semblaient s'être enfin tirés du pétrin. Après 10 années de misère, l'arrivée de Conor McDavid semblait annoncer une nouvelle ère, le numéro 97 prenant l'an dernier le contrôle de l'équipe et du classement des pointeurs. Mais tout semble s'être de nouveau effondré. Pourquoi?
La première cause de cette perte d'altitude se trouve du côté des gardiens de but, notamment de Cam Talbot. L'an dernier, le cerbère numéro un de l'équipe a sauvé pas moins de 23 buts en 73 matchs, un score remarquable.

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Le problème posé par ces contre-performances est double. D'une part, les remplaçants de Talbot n'ont pas, eux non plus, été à la hauteur. Et, d'autre part, cette perte d'efficacité se traduit par une diminution du temps de jeu donné à Talbot et donc un appui plus grand sur ces joueurs moins efficaces.
Concrètement, cela se traduit donc par un effondrement de l'équipe aux buts, alors que si on considère la part des buts attendue, les Oilers ont plutôt fait du surplace depuis deux ans.

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Après une saison de 73 matchs, il est probablement compréhensible que Talbot ait connu cette saison une baisse de régime. Les gardiens contemporains pratiquent un style beaucoup plus exigeant qui fait en sorte qu'il est presque impossible de reproduire une charge de travail similaire à ce que l'on voyait dans les années 1980 et 1990.
L'autre élément problématique pour cette équipe se trouve du côté de la part des buts attendus. Comme le graphique ci-dessus le démontre, il n'y a pas eu de réelle progression depuis deux ans et l'équipe demeure, dans l'ensemble, tout juste au-dessus de la barre des 50 pour cent. C'est bon, mais ça n'est pas suffisant pour prétendre aux grands honneurs.
Pour bien des formations du circuit, ça ne serait pas un gros problème, mais dans le cas des Oilers, c'est embêtant, parce qu'ils sont menés par McDavid. La part des buts attendus bondit à plus de 56 pour cent lorsqu'il est sur la glace et les autres joueurs qui ont, comme lui, une part relative positive aux buts attendus sont ceux qui ont joué une part significative de leur saison sur ses ailes.

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Le manque de profondeur, donc, est l'autre élément qui retient les Oilers. Ici, la présence de Ryan Strome en queue de peloton fait particulièrement mal. Obtenu en retour de Jordan Eberle l'été dernier, Strome ne s'est jamais établi comme contributeur autonome derrière le tandem McDavid-Leon Draisaitl. Si Strome peut enfin prendre son envol l'an prochain, les Oilers pourraient redécoller rapidement. S'il continue à stagner, on va devoir se poser des questions embêtantes.
Il y a, déjà, une question qui se pose de manière de plus en plus pointue pour cette équipe. Que faire de Ryan Nugent-Hopkins? Le centre de 24 ans est présentement le seul à pouvoir tenir son bout sans l'aide de McDavid et il a, pour une deuxième fois en trois ans, raté une portion importante de sa saison en raison de blessures.
Il tombe sous le sens, vu les salaires déjà engagés pour l'an prochain, mais aussi vu la nécessité de donner un nouveau contrat à Strome, que l'on échange Nugent-Hopkins cet été. Sa production offensive ne justifie pas nécessairement son salaire actuel comme troisième centre, et une équipe ayant besoin de renforts à cette position pourrait chercher à l'acquérir pour lui donner un poste sur l'un des deux premiers trios.
Mais est-ce que Strome peut le remplacer? Et est-ce que Leon Draisaitl peut enfin, avec plus de 250 matchs et près de 200 points inscrits dans la LNH, s'imposer définitivement comme deuxième centre de l'équipe? Si on décide plutôt de continuer à associer le colosse de Cologne à McDavid, on ne peut pas vraiment se débarrasser de Nugent-Hopkins.
Et cette question du passage définitif de Draisaitl doit se poser. En compagnie de McDavid, il a aidé les Oilers à marquer 30 buts contre 18 accordés à 5-contre-5, cette saison. Sur les 30 buts, il a obtenu 21 points, un rythme astronomique de près de trois points par heure jouée.
Aucune équipe ne peut raisonnablement renoncer à ce genre de production sans avoir un gros doute sur la suite des choses. Aménager un alignement compétent, capable de tenir le jeu égal pendant que McDavid et Draisaitl reprennent leur souffle est probablement le chemin le plus productif à court terme.
Si on s'en tient à ça, les Oilers pourraient rebondir rapidement l'an prochain. Mais on devra éviter les pièges des dernières saisons, où on a échangé des joueurs de premier plan (Taylor Hall, Eberle) sans les remplacer. Nugent-Hopkins parti, on va commencer à être vraiment à court de joueurs capables de tenir le coup sans McDavid. Pour une équipe qui n'a jamais su trouver ce genre de talent autrement que par le repêchage, cela impose une certaine prudence.