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Après Brooks Orpik samedi, Kristopher Letang s'est fendu d'un geste lui valant une suspension lors de l'affrontement de lundi entre les Penguins de Pittsburgh et les Capitals de Washington. S'ils diffèrent de style et de talent, le fait est que ce sont deux « top-4 » qui doivent se tenir en retrait pour un moment.

Au sujet de Brooks Orpik
Lors des deux premiers matchs de la série, on va surtout voir Orpik, en compagnie de John Carlson, s'occuper d'Evgeni Malkin, alors que Matt Niskanen et Karl Alzner s'occupent du trio de Sidney Crosby. Le troisième trio offensif des Penguins, constitué de Phil Kessel, Nick Bonino et Carl Hagelin, est quant à lui en garde partagée entre les deux premières paires de défenseurs.
Ce qui ressort d'emblée au cours de ces deux premiers matchs, donc, c'est à quel point Barry Trotz ne semble pas avoir énormément confiance en sa troisième paire de défenseurs. Nate Schmidt ne joue que 12 minutes à 5-contre-5 lors du premier match, alors que Dmitry Orlov ne joue pas même six minutes, avec une seule présence en troisième période.
Dans le deuxième match, Trotz remplace Orlov par le vétéran Taylor Chorney. Tenus loin des mises en zone défensive (une seule lors du deuxième match, contre neuf en zone offensive), Chorney et Schmidt aident leur équipe à conserver un avantage de 13-8 aux tirs tentés en un peu moins de 10 minutes jouées à 5-contre-5. Dans ce contexte, perdre Orpik signifiait déséquilibrer une défensive dont les rôles semblaient désormais stabilisés.
Avec l'absence d'Orpik, Dmitry Orlov est donc revenu dans l'alignement partant pour le troisième match. Orlov commence le match aux côtés de Chorney, alors que Schmidt joue avec Carlson. Bref, la hiérarchie est respectée.
Mais, dès la deuxième période, on voit les duos commencer à bouger, et en troisième, alors que les Capitals se fendent d'une poussée désespérée, Trotz cesse de chercher à gérer les confrontations entre ses défenseurs et les attaquants adverses, se souciant plutôt de garder ses meilleurs éléments offensifs rassemblés.
Orlov a bénéficié à plein de ce revirement. Les Capitals obtiennent au cours du troisième match 64 tentatives de tirs à 5-contre-5 et n'en cèdent que 31 aux Penguins. L'effort, forcément, va croissant au fil du match alors même que les Penguins se replient autour de leur gardien. Les différentiels par période en témoignent : 18-12 en première, 19-9 en deuxième, 27-10 en troisième. Orlov connaît sur ce point un match spectaculaire, étant sur la glace pour 29 tirs tentés contre 8 concédés, dont une séquence de 15-3 en troisième période.
Si les deux équipes se rendent au sixième affrontement, Brooks Orpik va revenir à son poste, mais il n'est pas dit que les Capitals auront souffert de son absence. Orlov a encore deux matchs pour convaincre une bonne fois pour toutes son entraîneur de lui donner du temps de glace; s'il réussit son coup, les Capitals, en le réunissant à Schmidt ou Chorney, pourraient alors enlever un peu de pression aux deux premières paires défensives en donnant au troisième duo un peu plus de responsabilités.
Au sujet de Kristopher Letang
Le portrait est plus simple dans le cas de Letang. Il joue à droite et on l'oppose systématiquement au meilleur ailier gauche de la LNH, Alex Ovechkin. Bien plus que Sidney Crosby, c'est Letang qui a mené jusqu'ici un duel de tous les instants avec le capitaine des Capitals.
À 5-contre-5, Letang a consacré 46 pour cent de son temps de glace à Ovechkin. Pris par l'autre bout de la lorgnette, Ovechkin a été confronté au numéro 58 pour 71 pour cent de son temps de jeu à 5-contre-5. Dans une ligue où les présences sont plus courtes que jamais (ce qui rend la gestion des confrontations plus difficiles), ce genre d'opposition systématique est plus que rare.
La bonne nouvelle, pour les Penguins, c'est que la suspension de Letang ne dure qu'un match. Lors des trois premiers matchs, c'est Trevor Daley qui se trouvait le plus souvent sur la glace contre Ovechkin lorsque Letang n'y était pas, mais il joue à gauche.
En fait, avec Olli Maatta sur la touche pour encore un moment, il semble bien que les Penguins n'aient, pour le prochain match, pas de défenseur droitier à opposer directement à Ovechkin. Ce dernier risque donc d'avoir les coudées plus que franches, à moins qu'on ne décide de lui coller un trio en particulier.
Jusqu'à présent, c'est le trio de Sidney Crosby, Patrick Hornqvist et Conor Sheary qui l'a le plus souvent affronté, monopolisant un peu moins de 50 pour cent de son temps de glace (ce qui est très élevé). Les présences des attaquants étant plus courtes que celles des défenseurs, peut-on accentuer encore plus cette couverture avec un seul trio?
Ça ne sera peut-être pas nécessaire. À 5-contre-5, les Capitals ont un avantage de 64-48 aux tirs tentés lorsqu'Ovechkin est sur la glace. Mais cet avantage est essentiellement cumulé aux dépens des trios irréguliers et de la quatrième ligne. Lorsqu'une des trois unités régulières de Pittsburgh est sur la patinoire (Crosby-Hornqvist-Sheary, Bonino-Hagelin-Kessel ou Malkin-Eric Fehr-Kunitz), ce sont les Penguins qui ont l'avantage, 39 tirs tentés contre 30 concédés.
Le secret, pour un match du moins, pourrait donc tout simplement être de couper le banc des Penguins en s'assurant de ne pas laisser le quatrième trio traîner et en faisant confiance aux trois unités principales. Les résultats ne seront pas aussi étincelants en l'absence de Letang (Matt Murray a-t-il encore quelques miracles dans son sac?), mais, ayant l'avantage de la patinoire pour le quatrième affrontement, c'est loin d'être mission impossible.