Mika Zibanejad FA

Après avoir échangé Derek Stepan, les Rangers de New York viennent de s'associer avec Mika Zibanejad pour les cinq prochaines saisons. À raison de 5,3 millions $ d'espace occupé sous le plafond salarial, le contrat de Zibanejad ne le situe pas parmi les premiers centres de la LNH. Mais lorsqu'on regarde l'alignement des Rangers, il semble bien que ce soit à lui que revient le poste. Peut-il s'acquitter de cette tâche?
Les Rangers ne demanderont pas à Zibanejad d'être un clone de Patrice Bergeron, mais bien plutôt d'animer l'attaque du club en compagnie de ses meilleurs ailiers. Les Rangers, il faut le souligner, sont un club atypique en ce que leurs joueurs étoiles ne sont pas des attaquants. Henrik Lundqvist, Ryan McDonagh et Kevin Shattenkirk sont les têtes d'affiche, les joueurs qu'on espère voir faire la différence en situation critique.

L'acquisition de Shattenkirk, en parallèle au départ de Dan Girardi, se comprend d'ailleurs mieux dans cette optique. On donne enfin, après des années passées en compagnie d'un honnête défenseur défensif, la chance à McDonagh de faire valoir son talent aux côtés d'un joueur capable d'œuvrer avec dynamisme dans toutes les facettes du jeu.
Dans ce contexte, le groupe d'attaquants des Rangers se démarque plutôt par la profondeur, plus précisément par le nombre important de joueurs capables d'apporter une contribution offensive. Ces attaquants ne sont pas tous des joueurs d'impact, mais tous sont capables d'apporter une contribution significative à l'attaque dans au moins une facette.
La typologie développée par le blogueur
Ryan Stimson à partir des données cueillies dans le cadre du Hockey Passing Project
sont un bon moyen de mieux saisir la configuration particulière du groupe d'attaquants des Rangers et, de là, un bon moyen de mieux comprendre quel sera le rôle de Zibanejad.
En observant une flopée de données portant sur la genèse des tirs au but, Stimson a développé sept indicateurs qui, regroupés, font apparaître quatre styles d'attaquants. Les plus rares et les plus dynamiques sur le plan offensif sont les fabricants de jeu. Viennent ensuite les francs-tireurs, suivis des joueurs équilibrés et, finalement, des joueurs dépendants. Ces styles de joueurs illustrent les traits dominants par lesquels ils contribuent à la création de buts.
Les centres potentiels des Rangers sont tous du type équilibré, alors que Derek Stepan se classe comme un fabricant de jeu. Le détail des indicateurs nous confirme que Zibanejad a des croûtes à manger pour remplacer son aîné (je reprends ici sous une forme graphique différente les données publiées par
Stimson dans cet outil interactif
).

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À 24 ans et bénéficiant d'un rôle accru, il est plus que probable que Zibanejad soit capable de hausser son jeu d'un cran et compense pleinement, sur le plan offensif du moins, pour la perte de Stepan. On peut supposer qu'entre Kevin Hayes et J.T. Miller, les tâches défensives de Stepan vont être redistribuées, alors que David Desharnais semble à ce stade-ci être destiné au rôle d'un quatrième centre spécialisé dans le jeu offensif.
Ces constats me semblent soulever deux questions. D'une part, il est évident que Zibanejad ne pourra être « protégé » en coupant son temps de glace pour gérer les adversaires auxquels il est confronté. Cela signifie qu'il n'est pas certain qu'un jeu relevé de sa part débouche sur une meilleure production offensive. Le simple fait de maintenir le débit dans un contexte plus difficile serait déjà un progrès notable.
D'autre part, aucun de ces joueurs n'est vraiment un joueur à caractère défensif. Un joueur comme Desharnais, justement, se démarque comme fabricant de jeu. Et les Rangers ont, parmi leurs ailiers, quatre joueurs dont la contribution offensive est « dépendante » et basée sur la production de tirs (j'inclus ici Grabner, qui se sert de sa vitesse en entrée de zone offensive).

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C'est tout de même particulier. Aucun joueur robuste, aucun spécialiste de la défensive, que des joueurs qui se démarquent par leur capacité à faire des contributions à l'offensive sur au moins une dimension marquante.
Alain Vigneault a du pain sur la planche. L'objectif sera de trouver les bons assemblages pour tirer profit des synergies possibles sans créer des unités déséquilibrées. On pourrait dire que ce défi est celui de toutes les équipes de la LNH, mais il prend pour les Rangers une dimension particulière. Sans vedette capable de charrier un trio, sans, non plus, de pieds nickelés qu'on associe naturellement pour les envoyer broyer les côtes des défenseurs adverses, l'assemblage passe ici principalement par la complémentarité des profils offensifs.
Il sera intéressant de voir comment Vigneault va se dépatouiller avec ça.