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Les Kings de Los Angeles ont mis fin, cet été, au règne de Darryl Sutter derrière le banc de l'équipe. C'est assurément le plus important changement survenu dans l'entre-saison. Le nouveau venu, John Stevens, hérite d'un groupe de vétérans aguerris et vieillissants. Reste à voir s'il saura remodeler le style de jeu de l'équipe pour redonner un peu de tonus à un groupe qui s'enlise de plus en plus.
On ne peut nier l'importance du rôle joué par Sutter dans l'histoire récente des Kings. En six ans, il a mené le club à 225 victoires en 425 matchs en saison régulière, quatre participations aux séries éliminatoires et deux conquêtes de la Coupe Stanley. Mais alors que l'équipe vieillissait, les mauvais côtés du système de jeu de Sutter prenaient graduellement le dessus sur les bons. Axé sur le jeu nord-sud, les passes courtes et un haut volume de tirs, ce système a en effet permis aux Kings d'être l'une des équipes les plus efficaces en défensive et en possession de rondelle, ainsi que le club le moins efficace sur le plan offensif.

C'est parfaitement évident lorsqu'on regarde les taux de tirs obtenus et qu'on les compare aux taux de buts marqués. Seuls Anze Kopitar et Tyler Toffoli font, sur ce plan, bonne figure en obtenant un ratio de buts similaire à celui des tirs obtenus. Pour les autres, on est systématiquement en déficit sur le plan offensif.

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Ces données deviennent incriminantes lorsque l'équipe commence à perdre un peu de terrain sur le plan de l'avantage gardé aux tirs vers le filet. Or, c'est exactement ce qui est arrivé ces dernières années, notamment à la suite des départs de certains joueurs clés (Justin Williams est celui dont l'absence s'est le plus cruellement fait sentir) et au vieillissement d'autres vétérans (Marian Gaborik et Dustin Brown, notamment).
Kopitar et Jeff Carter ne rajeunissent pas non plus et, outre Tyler Toffoli, la relève n'est tout simplement pas réjouissante. C'est d'autant plus embêtant que l'équipe est passablement coincée sur le plan salarial, embêtée par de lourds contrats cédés à des vétérans sur le déclin.
On a donc décidé de rapiner aux marges du marché des joueurs autonomes pour boucler l'alignement, quitte à laisser Stevens se dépatouiller avec le tout. La défensive repose toute entière sur les épaules de Drew Doughty, Alex Martinez et Jake Muzzin, alors que Derek Forbort, Kevin Gravel et Christian Folin (à qui le Wild du Minnesota n'a même pas daigné offrir un contrat) formeront le reste de l'alignement. Des défenseurs qui errent aux marges de la LNH à l'âge de 25, 26 ans deviennent rarement des contributeurs de premier plan et rien ne laisse deviner qu'on aura ici droit à un scénario différent.
On s'est certainement permis un pari plus intéressant à l'avant, en ramenant Mike Cammalleri. Le petit attaquant obtient encore plus de deux tirs par match et n'a vu que l'an dernier son taux de réussite décliner. Il y a fort à parier que, dans un rôle limité, il saura donner un nombre plus que raisonnable de buts à son équipe. L'ennui, évidemment, c'est son état de santé. On ne peut, tout au plus, espérer qu'une soixantaine de matchs de sa part, et encore. Cela signifie non seulement qu'on ne l'aura pas sous la main pendant une bonne partie de la saison, mais aussi qu'il risque de ne pas être très utile une fois arrivé en séries.
Le passage précédent de Stevens derrière un banc de la LNH s'est fait à Philadelphie, où il a notamment dirigé Jeff Carter. Ses équipes n'ont pas, au cours de ces trois saisons et des poussières, démontré d'aptitudes particulières pour le jeu de possession (22e pour le taux de tirs obtenu) ou la qualité des tirs (20e meilleur taux de conversion à forces égales). C'est en avantage numérique que les Flyers d'alors se démarquaient, obtenant pas moins de 212 buts, forts du cinquième meilleur taux de conversion de la ligue dans cette situation. Nommé entraîneur adjoint chez les Kings en 2010, il a depuis aidé l'équipe à faire fort bonne figure sur ce plan.
On devrait donc normalement se diriger vers une année de transition à Los Angeles. Mais Stevens, héritier direct de Sutter, est-il prêt à changer le style de jeu de l'équipe pour redonner un peu de tonus à l'attaque? C'est la question qui se pose en ce début de saison.