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PITTSBURGH - Il aura fallu à Bobby Ryan plus longtemps que prévu pour trouver ses repères, une façon de s'imposer dans le nouveau système mis en place par l'entraîneur des Sénateurs d'Ottawa Guy Boucher et avec lequel Ryan ne s'est pas immédiatement senti à l'aise. Il lui a en fait fallu toute la saison. Jusqu'au « match no 82 », comme l'a dit Ryan.
Mais si tout cela est vrai - ou qu'une certaine version de cela est vraie - cette attente l'a fait débloquer au moment parfait afin de jouer les héros en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, lui qui a récolté cinq buts et six passes, incluant un but et une passe dans un gain de 2-1 en prolongation contre les Penguins de Pittsburgh dans le match no 1 de la finale de l'Association de l'Est au PPG Paints Arena samedi.

Il est en parfaite position pour, comme il l'a dit à plus d'une reprise, se racheter.
« Il m'a fallu plus de temps que la plupart des joueurs, et j'ai connu une année difficile du côté de ma courbe d'apprentissage », a admis Ryan, qui a préparé le filet de Jean-Gabriel Pageau à 14:32 de la première période avant d'inscrire le but gagnant à 4:59. « Il y a eu des moments difficiles pour moi dans cette courbe. C'est évident. Je crois que tout le monde en est bien conscient.
« J'ai adhéré au système comme tout le monde dans cette équipe et je m'y suis tenu. J'imagine que j'en récolte maintenant les bénéfices. Je l'ai déjà dit, j'échangerais toute l'offensive du monde pour me trouver en finale de l'Association de l'Est. Je suis très heureux d'y être. »
Et alors qu'il a semblé avoir échangé toute son offensive en saison régulière, lui qui a récolté 25 points (13 buts, 12 passes), sa plus faible récolte depuis sa saison recrue de 23 rencontres en 2007-08, il n'a pas eu à faire la même chose en séries éliminatoires.
Au cours du tournoi printanier, Ryan se trouve au deuxième rang des Sénateurs pour les points, derrière les 13 points du défenseur Erik Karlsson, et deuxième pour les buts, derrière Pageau, qui en compte huit.
« Au cours du dernier match de la saison, il a finalement marqué un but [contre les Islanders de New York] et, au même moment, nous amorcions les séries, a évoqué Boucher. Lorsque vous avez la chance de recommencer à zéro, votre esprit se sent un peu plus libre.
« C'est tout ce qui s'est produit, car il a tout compris depuis le début. »
Même s'il n'en avait pas l'impression.
Mais tout a été différent depuis le début des séries, au chapitre de sa confiance, de sa finition, de sa capacité à trouver le bon joueur au bon moment, et ce joueur, ce fut surtout Pageau.
Pendant deux périodes, le but de Pageau a semblé suffire, et il aurait été le but gagnant si les Sénateurs avaient signé un blanchissage. Il s'agissait d'une réplique d'un but inscrit plus tôt, dans le match no 3 de la deuxième ronde contre les Rangers de New York, alors que Ryan avait effectué une passe sans regarder depuis l'arrière du filet vers Pageau, qui a trompé la vigilance de Henrik Lundqvist.
Il a récidivé samedi, alimentant Pageau d'une superbe passe du revers sans regarder depuis l'arrière du filet, permettant cette fois à Pageau de déjouer Marc-Andre Fleury.
« Je crois que si je tente ce jeu et que je le rate, je vais en entendre parler de la part des entraîneurs », a admis Ryan.
Néanmoins, il l'a tenté. Et il a fonctionné.
Et maintenant, Pageau s'attend presque à recevoir cette passe de Ryan, cette passe ridicule, qui ne devrait pas fonctionner, qui semble impossible. Il l'anticipe, en quelque sorte, puisque comme l'a dit Pageau lui-même : « sur ce jeu, il était presque de l'autre côté du filet. Je me demandais si la rondelle allait venir à moi ».
Mais il savait que cela s'était produit contre les Rangers, il savait de quoi Ryan était capable, surtout en ce moment, alors que sa confiance gonfle et que son jeu s'améliore en raison de sa toute nouvelle compréhension d'un système et d'un plan de match, ainsi que de sa place dans ceux-ci.
« Je crois qu'il a travaillé toute l'année, mais cela commence de toute évidence à rapporter, a noté Pageau. Il est un joueur clé pour nous. Il porte beaucoup d'attention à tous les petits détails. Vous le voyez freiner pour récupérer des rondelles, terminer ses mises en échec, bloquer son homme sur les mises en jeu, bloquer des tirs. Nous avons besoin de cela de la part de nos joueurs clés.
« Je suis heureux pour lui en ce moment, heureux qu'il aide l'équipe. »
Il ne fait pas qu'aider, il signe les victoires. Son but gagnant a été marqué après qu'Evgeni Malkin eut nivelé la marque à 14:25 de la troisième période. Pageau et Mark Stone ont uni leurs efforts pour remporter une bataille le long de la rampe, et Pageau a repoussé la rondelle hors de la zone alors que Ryan distançait le défenseur des Penguins Olli Maatta. Ryan a remporté la course à la rondelle avant de battre Fleury d'un tir du revers.
Ryan, à ce moment, avait tout compris. Il a compris le système et la stratégie, et ce qu'il doit faire pour connaître du succès. Il a marqué cinq buts en 13 matchs des séries après avoir inscrit 13 filets en 62 parties en saison régulière. Il est devenu la force offensive qu'il est maintenant, et qu'il est censé être.
« C'est un nouveau départ pour moi, a commenté Ryan. Je crois que c'est un tout nouveau départ. […] Je savais qu'à un moment ou à un autre, ces rondelles que j'avais pourchassées tout au long de l'année devant le filet allaient finir par se retrouver dans le but, et c'est ce qui s'est passé en première ronde [contre les Bruins de Boston].
« Je pense que nous cherchons toujours à nous racheter, non? Vous vous laissez tomber. Vous laissez tomber vos coéquipiers et tout le monde autour de vous. Maintenant, j'obtiens la chance de me racheter quelque peu. C'est tout ce que je tente de faire. »