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TORONTO - Un joueur normal de 19 ans aurait été nerveux. Auston Matthews n'est pas normal.
À sa première séance d'entraînement au camp des Maple Leafs de Toronto mercredi, il patinait gracieusement pendant un exercice, puis il s'appuyait contre la bande pour relaxer en attendant son tour, comme s'il faisait cela depuis toujours.

Plus tard, alors qu'il traînait avec son coéquipier Mitchell Marner, il a raté le filet avec un tir sur réception d'un angle fermé et a fracassé une baie vitrée dans le coin éloigné. Il a qualifié son tir de « terrible » avant de plaisanter sur la possibilité que le directeur général Lou Lamoriello retienne le premier chèque de l'espoir de premier plan.

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« Lou ne sera pas très content », a-t-il lancé, souriant.
La nervosité ne devrait-elle pas être présente lors de la première journée du camp d'entraînement pour le choix no 1 du repêchage 2016 de la LNH qui se retrouve sous les projecteurs au « centre de l'univers de hockey »?
« Pas vraiment », a-t-il dit, entouré par des journalistes après avoir déjà passé une série d'entrevues télévisées. « Je pense qu'il faut apprécier un moment emballant. Peu de personnes parviennent à vivre cette expérience. Moi, j'en suis ravi. »
Matthews semble à l'aise et prêt à franchir la prochaine étape. Il n'aurait pratiquement pas pu être mieux préparé.
La saison dernière, il a évolué dans les rangs professionnels en Suisse avant de représenter les États-Unis au Championnat du monde 2016 de la FIHG. Il vient de participer à la Coupe du monde de hockey 2016 au sein d'Équipe Amérique du Nord, une formation composée de Canadiens et Américains ayant 23 ans ou moins.
Il a joué à l'aile droite au sein du premier trio, aux côtés de Connor McDavid, premier choix au total du repêchage 2015 de la LNH, ainsi qu'au sein de la première unité en avantage numérique, aux côtés de McDavid et Jack Eichel, deuxième choix du repêchage 2015. Il a fait face à Équipe Suède, Équipe Russie et Équipe Finlande.
Il a montré qu'il pouvait égaler, tant mentalement que physiquement, certains des meilleurs joueurs du monde, inscrivant deux buts et en préparant un autre à la suite d'une belle pièce de jeu où il a bien manipulé la rondelle à genoux.
« Je sais que leur personnel d'entraîneurs était prêt à annoncer aux médias locaux qu'il allait être le 13e attaquant », a noté Mike Babcock, entraîneur d'Équipe Canada et des Maple Leafs. « Nous avons discuté avant le tournoi du fait qu'il ne devait céder sa place à personne. "Tu ne dois pas le faire. Tu es trop bon." Et je pense qu'il ne l'a pas fait. »
Et c'est exactement ce qu'il a fait au Air Canada Centre, son nouveau foyer avec les Maple Leafs, là où des chandails d'Équipe Amérique du Nord portant son nom et son numéro 34 étaient en vente et où les partisans scandaient son nom.
« Je crois que c'était un bon défi pour moi à l'aube du tournoi, a confié Matthews. Pendant tout le tournoi, je visais à m'améliorer et à apprendre tout ce que je pouvais. Au début, je savais que je pouvais jouer à ce niveau. Je pense que ma performance à la Coupe du monde me donne beaucoup de confiance en vue de la saison [régulière] et du camp d'entraînement. »
Ça devrait lui donner confiance. Pareil pour ceci: lorsque la LNH dévoilait ses plans pour la célébration de son centenaire mardi, l'incomparable Wayne Gretzky a spontanément mentionné Matthews.
« Je pensais, "Ça alors, je peux peut-être jouer aux côtés de Matthews et Connor McDavid. Ils sont assez bons", a dit Gretzky. Je saurais où aller, pour ainsi dire. Les joueurs sont plus imposants physiquement et plus forts. L'entraînement des jeunes est encore plus avancé qu'il l'était à notre époque. Ces jeunes-ci sont des athlètes d'élite. »
Gretzky a ajouté qu'il était très fier de la manière dont ces jeunes joueurs se comportaient avec classe et dignité, déclarant que Matthews, McDavid et Sidney Crosby suivent la tradition laissée par Gordie Howe, Jean Béliveau et Bobby Orr.
« Sans voix, je suppose, a répliqué Matthews. Surtout parce que ces paroles viennent du meilleur joueur de tous les temps, c'est un commentaire qui me rend pas mal humble. D'être mentionné dans la même phrase que ces hommes, ça me met un peu sur mes talons. C'est un peu difficile de le croire, car je n'ai même pas encore joué un seul match dans la LNH. »
La LNH représentera toutefois un ajustement.
Matthews passera d'un tournoi réunissant les meilleurs joueurs au monde aux séances d'entraînement et aux matchs préparatoires au sein d'un mélange de vétérans de la LNH, de joueurs des rangs mineurs et d'espoirs. Puis il effectuera ses débuts avec une équipe qui a fini la dernière saison au tout dernier rang dans la LNH, disputant une saison épuisante de 82 matchs comme il ne l'a jamais auparavant fait, traversant constamment le continent comme il ne l'a jamais auparavant fait, affrontant des joueurs physiques et robustes comme il ne l'a jamais auparavant fait et apprenant à se servir de ses talents selon la structure de l'équipe.
« Je pense qu'à partir du moment où il va commencer à jouer et à apprendre un peu de notre système, il pourra s'y adapter », a indiqué le défenseur Morgan Rielly, coéquipier de Matthews chez Équipe Amérique du Nord et chez les Maple Leafs. « Il aura toujours cette créativité. C'est juste une question de l'appliquer dans le match, je suis sûr qu'il trouvera le moyen. »
Babcock a déclaré que Matthews entamera la saison à titre de joueur de centre du troisième trio.
« Il va déterminer par la suite où il se retrouvera, a expliqué Babcock. Il est un bon jeune joueur, mais nous croyons qu'il est un joueur important pour nous et qu'il a une opportunité d'être un joueur dominant dans la Ligue nationale de hockey avec le temps. »
Ce sont les mots clés: avec le temps.
Toronto ne peut pas permettre aux attentes d'être trop élevées. Mais l'équipe ne doit pas non plus restreindre Matthews. Les Maple Leafs ont besoin de permettre à Matthews de jouer, de grandir, de comprendre que ce n'est que le début d'un long processus tant pour lui que pour l'équipe et de comprendre que la carrière de Matthews a déjà connu un beau départ.
Quand on l'interroge au sujet des attentes, le seul numéro qu'il mentionne est 200, c'est-à-dire tous les 200 pieds de la patinoire.
Quand on lui demande selon quels facteurs il va s'autoévaluer, il réplique, « L'impact que j'ai chaque soir. La confiance des entraîneurs que je continue de gagner afin d'avoir la chance de m'impliquer dans chaque situation, d'avoir leur pleine confiance afin de sauter sur la glace et être responsable aux deux bouts de la patinoire. »
S'il le fait, Lou sera très content.