Roussel-Ducharme

Si la pause de la saison de la LNH en raison de la COVID-19 a forcé la majorité des joueurs de la LNH à rester confinés à leur domicile, elle aura permis à Antoine Roussel de vivre sa deuxième passion : l'acériculture.

L'attaquant français a développé cette passion pour le sirop d'érable alors qu'il évoluait pour les Saguenéens de Chicoutimi de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, puisque son beau-père venait d'acheter une érablière. Immédiatement, la sève s'est mise à couler dans ses veines, ce qui a rapidement fait de lui le plus québécois des Français.

« Malheureusement, avec les Sags, nous n'avons jamais passé la première ronde des séries », explique-t-il à propos de son temps libre lors des printemps de l'époque. « J'ai été donner un coup de main pour le plaisir, et tout de suite, j'ai su qu'il y avait un potentiel. C'est le fun, tu travailles la terre et tu crées de la richesse. C'est ce que j'aime le plus. C'est une valeur ajoutée, c'est beau, c'est glamour. C'est le fun le sirop d'érable. »

Au fil des années, Roussel, a continué de donner un coup de main à l'entreprise familiale, puis, il y a quelques mois, il est devenu copropriétaire de l'entreprise. L'Érablière au Sucre D'Or, située à Laterrière, compte 6000 entailles, la plus grosse de la région.

Chaque année, tout dépendant de la durée de son parcours en séries éliminatoires, Roussel était en mesure d'aller donner un coup de main pour la saison des sucres. Mais ce printemps, il a pu être présent du début à la fin pour la première fois en raison de la pandémie de la COVID-19. Un léger côté positif à cette crise.

Lorsqu'il a appris que les équipes ne disputeraient pas de matchs avant un bon moment, Roussel, qui est originaire de Roubaix, en France, a décidé de se diriger à son domicile au Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Québec. Un voyage de 5000 km qu'il n'a pas fait en avion, mais plutôt en véhicule récréatif, afin de s'assurer que sa petite famille - il est père de deux enfants, bientôt trois - soit en sécurité.

« Je ne regrette pas (d'être revenu au Québec). Ça m'a permis de faire le temps des sucres et puis d'être avec ma famille. C'est mon entreprise et j'avais envie d'avoir les mains dans la graisse. On a travaillé fort. (Jeudi), c'était la dernière journée. On a eu une très belle production cette année, ç'a bien été. Je suis content. »

La deuxième passion de Roussel intrigue ses coéquipiers, surtout ceux qui ne sont pas familiers avec la manière de produire du sirop d'érable. L'année dernière, l'attaquant a même offert de ses produits à ses coéquipiers avant un match des Canucks à Ottawa.

« Les gars ont aimé ça. Ce n'est pas tout le monde qui aime le sirop d'érable, mais il y en a toujours un qui va ramasser trois ou quatre cannes de plus. Ça intéresse plusieurs gars, surtout ceux de l'Ouest (canadien) qui ont des connaissances en agriculture. Ils posent des questions. »

Roussel voit grand pour l'érablière familiale. L'endroit s'est beaucoup modernisé dans les dernières années et l'attaquant a décidé de suivre des cours à l'Université Laval afin d'en connaître encore plus sur le domaine.

« J'arrive dans un moment de ma carrière où je dois préparer mon après-carrière, a-t-il souligné. En même temps, ça m'a confirmé que je veux continuer à faire avancer ma carrière au niveau du hockey. Je veux toujours atteindre le plus haut niveau possible. C'est pour cela qu'en ce moment, le matin, je m'entraîne avant d'aller à l'érablière. Ce serait génial de gagner la Coupe Stanley et de la ramener à l'érablière. Il ne faudrait toutefois pas que le party soit au mois de juin, parce qu'il y a de la mouche! »

Un cri du cœur pour les acériculteurs

Si les joueurs et équipes de la LNH sont touchés par la pandémie de la COVID-19, Roussel l'est doublement. En raison des mesures de confinement imposées par le Gouvernement du Québec, il était impossible pour la salle à manger de l'érablière d'ouvrir ses portes. Il a donc été durement touché, comme la majorité des entreprises de restauration. Il espère que l'industrie sera en mesure d'obtenir de l'aide des gouvernements.

« On est complètement abandonné par les gouvernements. Une chance qu'il y a la Fédération (Producteurs et productrices acéricoles du Québec) qui tente d'épauler les gens comme nous qui se débattent. Nous, on a la chance d'avoir le volet production, donc, une année où le restaurant va moins bien ou l'inverse, ça se balance. Mais là, si tu tombes dans deux mauvaises années, plus la COVID, tu es dans le trouble. »

Chiasson rappelle que la majorité de ces entreprises sont avant tout familiales, et que comme peu de gens se versent un salaire, ils n'ont pas accès à certains programmes d'aide.

« On tombe au milieu de la craque parce que nous n'avons pas d'employés, mais on travaille tout de même. Il ne faut pas oublier qu'on fait tourner l'économie et on crée des emplois avec nos achats.

« C'est dommage. Je ne suis pas pessimiste, mais j'ai hâte d'entendre des programmes pour les restaurateurs. Ils n'ont rien devant eux. Nous, on est chanceux quand même. On a trouvé le moyen d'être créatifs en faisant plus de produits dérivés », a indiqué Roussel, qui souligne que la vague de popularité de l'achat local est forte au Saguenay, ce qui a aidé plusieurs commerçants.

Une saison difficile

Roussel, qui a amorcé sa carrière avec les Stars de Dallas à titre de joueur non repêché, disputait cette année sa deuxième campagne avec les Canucks de Vancouver. Une saison qui a été écourtée puisqu'il a été opéré l'été dernier après avoir subi une déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit. Après avoir raté les 28 premières parties du calendrier, il a amassé 13 points en 41 matchs.

Il avoue avoir trouvé la dernière saison difficile. Il a fait sa première apparition sur la glace le 27 novembre avec le club-école des Canucks dans la Ligue américaine, les Comets d'Utica. Après avoir disputé deux rencontres pour reprendre la forme, il a été rappelé à Vancouver. Son impact a été immédiat, lui qui a marqué trois buts lors des deux premiers matchs. C'est par la suite que les choses se sont gâtées.

« Ça s'est bien déroulé lors des cinq premiers matchs, mais après ça, c'était décousu, avec des hauts et des bas. De ce point de vue, c'est la saison que j'ai trouvé la plus difficile parce que c'était difficile d'être constant. Tu as l'impression que ça va plus vite, et tu perds peut-être ta confiance en tes moyens. »

Roussel discute de l’impact de sa blessure

Roussel se montre optimiste pour la suite des choses. À 30 ans, il pourra avoir un été complet d'entraînement, ce qui lui a énormément manqué. Surtout, il avait retrouvé ses repères lors des derniers matchs, alors que les Canucks étaient en pleine course pour les séries éliminatoires.

« Au final, tu travailles plus fort et tu arrives à regagner cette confiance. À la fin de la saison, j'étais revenu là où je voulais être. Ça tombe mal, cet arrêt (de la saison). »