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MONTRÉAL – Ça faisait un petit bout que Kirby Dach attendait le moment où il parviendrait enfin à enfiler l’aiguille à nouveau. Et il commençait un peu à perdre espoir que ça se produise.

Mais quoi de mieux qu’un filet abandonné par son gardien pour remettre la machine en marche? Le gros attaquant a profité d’une erreur du gardien Lukas Dostal derrière sa cage pour créer l’égalité et mettre la table pour une victoire de 3-2 des Canadiens de Montréal en tirs de barrage face aux Ducks d’Anaheim, lundi.

« C’est probablement la seule façon que ça allait arriver, d’avoir tout le filet ouvert devant moi », a rigolé celui qui a marqué son deuxième de la saison après une disette de 19 matchs.

Dach n’avait pas touché la cible depuis le 26 octobre – une séquence marquée par de très mauvais matchs et quelques réprimandes de son entraîneur Martin St-Louis après des erreurs coûteuses et un manque d’engagement parfois trop flagrant. Ça lui a visiblement fait le plus grand bien.

« J’ai bien senti l’aspect familial, l’amour et la confiance que nous avons les uns envers les autres dans ce vestiaire, a-t-il poursuivi. Les gars se réjouissent tous du succès des autres. Tout le monde m’a aidé à traverser cette vilaine séquence. »

Le rare sourire qu’il affichait après sa réussite, et celui de son complice Juraj Slafkovsky, voulaient tout dire. Le jeune de 23 ans a même fait mine de retirer le poids de sur son dos alors qu’il rejoignait ses coéquipiers, tout aussi excités, au banc des siens.

ANA@MTL: Dach marque dans une cage béante

« Quand tu marques un but, la confiance revient, a souligné Slafkovsky. C’est ce dont Kirby a besoin, et c’est ce dont j’ai besoin. Après ce genre de but, tu te sens un peu mieux, tu peux faire des jeux et tu parais mieux. »

La réussite de Dach, la deuxième des siens, est venue compléter une autre bonne soirée de travail pour Patrik Laine. Il a inscrit son troisième de la saison sur le jeu de puissance, encore sur des aides de Nick Suzuki et de Lane Hutson. Il a ensuite marqué en tirs de barrage, avant le but décisif de Cole Caufield.

Ç’aura fait oublier un début de match fort difficile pour les locaux.

S’ils se targuaient d’afficher une solidité défensive à leurs dernières sorties, ce fut loin d’être le cas contre les Ducks. L'équipe californienne, qui fait partie des pires de la LNH, s’est donné des airs de jeune première en parvenant à diriger 11 tirs sur la cage de Samuel Montembeault au premier vingt seulement.

« Ç’a été l’une de nos pires périodes, a reconnu St-Louis. Quand on est au sommet de notre art, on joue rapidement avec et sans la rondelle. On n’avait rien de ça en première. On a regagné le momentum progressivement en deuxième. Sam a limité les dégâts quand on ne jouait pas selon notre identité. »

À travers ce désastre qu’était la première, le pilote montréalais avait vu, à l’inverse, des signes encourageants de la part de Dach et de son trio complété par Slafkovsky et Laine. Il était même prêt à oublier le revirement que le 77 a commis sur le premier des deux buts de Troy Terry.

« Je n’ai pas aimé la première de plusieurs gars, mais je sentais qu’il y avait quelque chose de spécial dans le jeu de Dach, a-t-il expliqué. Il a quand même terminé la période avec un différentiel négatif. Mais quand tu fais les bonnes choses, le bond chanceux arrive. Il l’a eu et, parfois, c’est tout ce dont tu as besoin. »

L’attaquant a bien failli tout gâcher en milieu de troisième en créant un revirement, puis en écopant d’une pénalité en tentant de reprendre le disque, mais ses coéquipiers l’ont sauvé en accomplissant le boulot en infériorité numérique. Ça sert aussi à ça, la famille.

Laine, l’étincelle

Mine de rien, il s’agit d’une troisième victoire en quatre matchs pour la formation montréalaise depuis le retour au jeu de Laine. Le seul match dans lequel il n’a pas marqué a été une défaite 4-2 face aux Capitals de Washington, jeudi. Ainsi va Laine, ainsi va le Tricolore.

« Patty joue très bien, a commenté Dach. Vous voyez tous sa manière de décocher et de contrôler le jeu. Il représente un autre atout offensif pour nous. C’est bien plaisant de jouer avec lui. »

Au-delà de son apport sur la glace, le Finlandais est aussi en mesure de mettre les pendules à l’heure dans le vestiaire. Il n’est pas du genre à avoir peur des mots, et avait qualifié la première période « d’affreuse » au micro de RDS au premier entracte.

« Ça fait longtemps qu’il excelle dans cette Ligue, a fait valoir Montembealt, auteur de 27 arrêts. Il sait ce que ça prend pour gagner. On savait qu’on n’avait pas joué une bonne première. On a commis beaucoup de revirements et notre exécution n’était vraiment pas bonne. Plus le match avançait, meilleurs on était. »

ANA vs MTL | 09/12/2024 | Résumé

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 7

En récoltant une aide sur le premier but du match, le troisième de Laine, Hutson a prolongé à sept sa séquence de matchs avec une passe. Il a ainsi établi la nouvelle marque d’équipe pour un défenseur recrue des Canadiens, devançant Chris Chelios. Il a maintenant 19 mentions d’aide en 28 matchs, mais n’a toujours pas marqué.

Le troisième trio sonne la charge

Comme ç’a souvent été le cas depuis le début de la saison, le troisième trio composé de Josh Anderson, Christian Dvorak et Brendan Gallagher a été le meilleur des Canadiens.

Les trois attaquants ont été constamment impliqués en échec avant et ils ont été à l’origine de plusieurs chances de marquer, surtout en deuxième période. Anderson a vu Dostal sortir la mitaine contre lui lors d’une montée en surnombre à mi-chemin de l’engagement, tandis que Dvorak s’est lui aussi buté au gardien des Ducks 59 secondes plus tard lors d’une échappée. Pour ceux qui tiennent le compte, les Canadiens ont maintenant raté cinq occasions en échappée, après leurs quatre tentatives infructueuses contre les Capitals de Washington samedi.

Après deux engagements lundi, Gallagher (quatre), Dvorak (deux) et Anderson (un) avaient près de la moitié des 15 tirs du Tricolore.

Montréal fait ressortir le meilleur de Terry

Décidément, il y a quelque chose dans l’air du Centre Bell qui fait ressortir le meilleur de Troy Terry.

En le regardant marquer deux buts contre le Tricolore, on ne pouvait que penser à sa performance au Championnat mondial junior 2017. Sur cette même glace, Terry avait inscrit trois buts en tirs de barrage dans une victoire des États-Unis en demi-finale contre la Russie, avant d’être l’unique buteur en fusillade contre le Canada pour conduire son pays à la médaille d’or en grande finale.

Lundi, Terry a été le joueur le plus dominant offensivement avec six tirs, un sommet chez les deux équipes, plusieurs chances de marquer et un temps de jeu frôlant les 25 minutes (24:51). Il a même failli donner la victoire aux Ducks en prolongation, mais son tir a percuté la barre horizontale.

« J’ai toujours adoré jouer ici, je ne sais pas si c’est en raison de ce tournoi, a dit Terry. C’est facile de se motiver pour un match ici, avec l’atmosphère qui règne. C’est l’un de mes endroits préférés où jouer. »

En cinq rencontres en carrière avec les Ducks au Centre Bell, Terry a récolté six points, dont deux buts. Il aurait simplement aimé avoir autant de succès qu’en 2017 lors des tirs de barrage lundi.

Une histoire qui se répète pour Anaheim

Les matchs serrés comme celui de lundi tournent rarement à l’avantage des Ducks.

Ces derniers ont encaissé huit de leurs 16 défaites cette saison par un écart d’un but (0-4-4). En contrepartie, ils ont signé seulement trois victoires avec un but de plus que leurs adversaires.

Après le match, Terry a insisté sur le fait que les Ducks doivent changer de mentalité, attaquer jusqu’à la toute fin et ne pas se satisfaire de transporter le match en prolongation.

« Plus nous allons jouer dans ces matchs, plus nous serons à l’aise, a-t-il noté. Tu n’essaies plus seulement de tenir le coup, tu tentes de gagner le match. C’est une mentalité.

« Nous avons eu de bonnes chances de marquer en troisième période, et c’est la différence avec les bonnes équipes de la LNH. Elles ne sont pas satisfaites d’une égalité, elles veulent gagner. Je pense que nous allons dans cette direction. Nous sommes une jeune équipe, donc nous devons procéder à un changement de mentalité. »

*Avec la collaboration de Hugues Marcil, pupitreur LNH.com