Carey Price

MONTRÉAL - Dix années se sont écoulées depuis la présentation de l'édition 2007 du Championnat mondial de hockey junior. C'est durant ce tournoi qu'un certain Carey Price s'est véritablement fait connaître par tous les Canadiens - particulièrement ceux de Montréal.

Au fil du temps, les partisans du Tricolore ont vu quelques-uns de leurs jeunes espoirs faire bonne figure lors de ce tournoi annuel. Plusieurs ont réussi à mettre la main sur une médaille d'or, mais peu ont eu un impact aussi important dans une conquête que Carey Price il y a 10 ans, en Suède.
« On dirait vraiment que ça s'est passé il y a une éternité. C'était une période vraiment amusante de ma vie. C'était une expérience très cool, se souvient Price, qui avait été un des derniers joueurs retranchés l'année précédente. Il avait ensuite ravi le poste de gardien numéro un de la formation canadienne en décembre 2006.
« J'avais eu l'opportunité de jouer avant ça au Championnat mondial des moins de 17 ans et des moins de 18 ans. C'était un peu similaire, mais ça c'était à un tout autre niveau. »

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Comme Équipe Canada junior regroupe les meilleurs joueurs d'âge junior d'un océan à l'autre, la majorité des jeunes qui en font partie ne se connaissent pas avant de prendre part au camp de sélection. Si certains joueurs de l'édition 2006 qui étaient de retour avec la formation nationale en 2007 avaient déjà côtoyé le futur gardien du Tricolore, c'est en Suède qu'ils ont découvert des traits de personnalités de Price, qui font de lui un des meilleurs de sa profession de nos jours.
« C'est vraiment lors de ce tournoi que je l'ai côtoyé de très près pour la première fois, étant donné ma position avec l'équipe. Je dirais que c'est un gars qui, même à l'âge qu'on avait à l'époque, était extrêmement calme. Il ne parlait pas beaucoup et il était très concentré », admet le défenseur des Penguins de Pittsburgh, Kristopher Letang.
« Quand Carey se préparait, quand il était devant le filet, sa confiance, son calme, tout ça rassurait les joueurs, leur disait que tout était sous contrôle . C'est comme ça qu'il avait du leadership », dit celui qui était le capitaine de la formation canadienne des moins de 20 ans en 2007.
Ses coéquipiers n'étaient pas les seuls à avoir pleine confiance par le simple fait de voir le gardien originaire d'Anahim Lake dans leur entourage. Les entraîneurs l'étaient tout autant, sachant qu'il serait toujours prêt à faire face aux différents défis qu'il devrait surmonter lors de ce court tournoi, où l'intensité est à son comble à chaque instant.
« Il était déjà très calme et très concentré sur ce qu'il avait à faire. Je voyais déjà il y a 10 ans à quel point il était un jeune inébranlable. Chacun a son aura et c'était le sien, confirme Clément Jodoin, qui était un des adjoints de l'entraîneur-chef Craig Hartsburg lors des Mondiaux juniors de 2007.
« Est-ce que Carey était un des principaux leaders de l'équipe? Il était le meilleur à sa position. Cette affirmation dit tout ce que cela à dire », ajoute Jodoin.
Ce tournoi très attendu chaque année place ces jeunes adultes devant les projecteurs pour une des premières fois de leur carrière et Price était prêt à relever le défi qui attendait la formation canadienne, alors que seule une médaille d'or était acceptable.
N'accordant que quatre buts en autant de départs - en plus de réussir deux jeux blancs - lors de la ronde préliminaire, le gardien alors âgé de 19 ans à l'époque et le reste de la formation canadienne ont agi tel un rouleau compresseur sur la compétition au sein de leur groupe.
Obtenant un laissez-passer automatique pour la demi-finale, où il a été rejoint par les États-Unis, le Canada a fait face à son premier véritable test du tournoi face à ses voisins du sud. Dans un duel où une égalité de 1 à 1 perdurait après 60 minutes de jeu, puis après les 10 minutes supplémentaires en prolongation, les tirs de barrage ont été nécessaires pour déterminer quelle équipe accèderait à la grande finale. S'il avait confiance que Price résisterait aux assauts des Américains, Letang était conscient que n'importe quoi pouvait survenir à ce moment de la rencontre et que tous leurs rêves pouvaient s'envoler en fumée.

« À cinq contre cinq, avoir Carey derrière nous était très rassurant. Mais c'est différent en fusillade, tu ne sais jamais ce qui peut arriver. Il y a toujours des gars qui ont des habiletés spéciales dans ces situations-là, tu peux frapper le poteau et le joueur suivant peut marquer contre toi. C'était un peu stressant parce que nous n'étions qu'à un but de retourner chez nous. Nous avions quand même bien joué et nous étions si près du but. Nous étions assez nerveux, mais nous voyions que des gars comme Carey Price et Jonathan Toews étaient quand même très calmes. »
Cette séance de tirs de barrage dont on parle encore 10 ans plus tard aura été le théâtre de buts échangés coup sur coup entre les deux formations. Même s'il a cédé à trois reprises lors des duels, Price s'est dressé lorsque cela comptait le plus en frustrant Peter Mueller quelques instants après que Jonathan Toews eut inscrit son troisième but de la fusillade. Mais fidèle à son habitude, l'imposant gardien n'était aucunement stressé par la situation, ayant même du plaisir à observer la magie de Toews à l'autre bout de la patinoire.
« C'était un match très serré. Leur gardien [Jeff Frazee] jouait également très bien. En fusillade, Peter Mueller avait d'excellentes manœuvres, mais Toews aussi. En regardant Tazer à l'autre extrémité de la patinoire, vous appréciez encore plus son habileté à cacher ces véritables intentions. Je le savais bien avant cette fusillade, mais il a été performant depuis ce jour », mentionne Price au sujet de cette séance qui a nécessité 14 rondes.
Si les joueurs étaient agités et hyperactifs face à l'incertitude de leur sort, Jodoin et le reste des entraîneurs sont pour leur part passés par toute la gamme des émotions le 3 janvier 2007.
« Quand tu es entraîneur, tu es là pour prendre des décisions. Tu n'es pas là pour être nerveux. Parce que si tu deviens nerveux, tu vas prendre les mauvaises décisions. Ce match-là, côté émotions, est un des bons que j'ai vécus », souligne en riant l'actuel adjoint à Michel Therrien.
Après avoir disposé des Américains, l'Unifolié a conclu son tournoi en beauté en défaisant la Russie par la marque de 4 à 2 pour mettre la main sur la tant convoitée médaille d'or. Avec un dossier final de 6-0-0, une moyenne de buts alloués de 1,14 et un taux d'efficacité de 0,961, Price a été proclamé joueur par excellence du tournoi et s'est taillé une place au sein de l'équipe d'étoiles de la compétition.

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Témoin des prouesses de son coéquipier durant ces deux semaines en Europe, Letang avait un pressentiment que Price serait un jour en mesure de faire cela soir après soir dans la LNH, à Montréal.
« Les performances qu'il a offertes étaient assez incroyables, il méritait amplement le titre de MVPdu tournoi, insiste le défenseur, qui avait également été choisi au sein de l'équipe d'étoiles du tournoi. Il a été un gardien incroyable, partout où il est passé. Après l'avoir vu à l'époque, je ne suis aucunement surpris de ce que j'ai vu de lui au cours des dernières années. Il était déjà très calme devant le filet et avait confiance en ses moyens. Ça ne me surprend pas du tout. »