Kirk Muller 1993 goal

MONTRÉAL - Bien qu'il ait soulevé la coupe Stanley il y a 25 ans, Kirk Muller a le sentiment que c'était hier.

À seulement sa deuxième saison dans l'uniforme des Canadiens, Muller s'est rapidement imposé comme un des leaders au sein de l'équipe, autant par ses performances sur la patinoire que par son influence positive dans le vestiaire. L'une des bougies d'allumage de la formation, l'ancien attaquant originaire de Kingston a été une des grandes raisons derrière les succès du Tricolore au cours de la saison 1992-1993.
Mais à l'approche des séries éliminatoires, les défaites ont commencé à s'empiler et l'incertitude a commencé à prendre de l'ampleur concernant les chances de Montréal de reconquérir la Terre promise. Les défaites consécutives en levée de rideau de la première ronde face aux Nordiques n'ont rien fait pour dissiper les doutes. C'est à ce moment que leur directeur général de longue date, qui a également vu neiger au cours de sa carrière de joueur, est venu leur remonter le moral.
«Personne ne nous donnait de véritable chance de battre une équipe comme les Nordiques», raconte Muller, qui est entraîneur associé avec les Canadiens depuis 2016. «Après avoir perdu les deux premières parties à Québec, Serge Savard est venu nous voir. Il nous a dit : 'Les gars, vous savez quoi, si vous continuez de jouer de cette façon, je vous garantis que vous allez gagner cette série'. Il l'a dit de manière si confiante.
«Plusieurs années plus tard, je lui ai demandé s'il pensait vraiment ce qu'il nous avait dit parce que moi je l'ai vraiment cru», poursuit-il. «J'ai pensé que c'était un gros message de la part de Serge, sans paniquer, en disant simplement qu'il croyait en nous.»
Savard avait du flair puisqu'à partir de ce moment, son équipe n'a plus regardé de l'arrière et a disposé des Nordiques en six rencontres. En allongeant leur parcours en séries, Muller et le reste de ses coéquipiers ont dû également poursuivre la retraite fermée qu'avait imposée l'équipe.

1993 parade

En effet, en plus de séjourner à l'hôtel lors de leurs matchs à l'étranger, les joueurs se voyaient dans l'obligation de coucher à l'hôtel la veille de chaque match disputé à domicile. Alors que les soirées pouvaient être longues à Buffalo en deuxième ronde et à Long Island au troisième tour, le bleu-blanc-rouge a trouvé une façon de tuer le temps qui a permis de souder encore plus l'esprit d'équipe.
«Nous n'avions souvent rien à faire à l'hôtel. Nous avons donc commencé des batailles d'eau dans les couloirs», partage Muller, qui avait terminé au deuxième rang des pointeurs chez les Canadiens en séries avec 17 points. «C'était simple au début, je me chamaillais avec Rob Ramage, Mike Keane et Lyle Odelein avec un verre d'eau. Mais rapidement, d'autres gars se sont joints à nous. Nous devions nous divertir nous-mêmes puisque les séries étaient longues! Nous avons fait ça durant toutes les éliminatoires.»
Puisque le Tricolore a continué de gagner, les joueurs n'ont pas voulu déroger à leurs bonnes habitudes et ont continué leur «passe-temps» en grande finale. Cependant, ce n'était pas tout le monde qui était au courant de leur petit rituel.
«Durant la finale, Jacques [Demers] a décidé de demeurer sur notre étage», poursuit Muller. «Il nous a surpris en plein milieu d'une intense bataille navale et il était très fâché contre nous le lendemain matin. Il nous a dit : 'Les gars, nous sommes en finale. Nous n'avons rien gagné encore et vous agissez comme des enfants.' Quand je lui ai dit que nous avions fait ça à chaque ronde, il nous a dit de continuer de le faire!»

Les joueurs ont récompensé la confiance de leur entraîneur-chef quelques jours plus tard en complétant leur domination des Kings de Los Angeles sur la glace du Forum. Remportant la première coupe Stanley de sa carrière depuis son entrée dans la LNH neuf années plus tôt, Muller a voulu savourer au maximum ce moment inoubliable. Alors que la majorité de ses coéquipiers ont retrouvé le confort de leurs domiciles quelques heures après leur conquête, «Captain Kirk» a étiré ses célébrations jusqu'à l'aube, ne sachant pas s'il aurait la chance de revire un moment comme celui-là.
«Je me souviens d'être allé m'asseoir dans les estrades du Forum avec Mike Keane plusieurs heures après la fin du match», se rappelle Muller, qui avait inscrit le but victorieux lors de la cinquième et décisive rencontre face aux Kings. «Nous nous étions assis avec chacun une bière dans une main et un cigare dans l'autre et nous regardions l'amphithéâtre vide en nous disant : 'Oh mon Dieu, nous venons de gagner la coupe Stanley!'»
Deux décennies et demie après cette conquête, Muller entend encore souvent parler du parcours mémorable qu'avait connu le Tricolore en 1993. Des partisans de tous âges l'ont souvent remercié au fil du temps pour son apport à cette conquête, notamment lorsqu'il est revenu à Montréal en 2006 à titre d'entraîneur adjoint, avant de devenir l'entraîneur-chef des Hurricanes de la Caroline de 2011 à 2014. Et même s'il a quitté pour relever des nouveaux défis ailleurs, ce sont des moments comme ceux-là qui lui font croire qu'il n'existe nulle part ailleurs, une ville comme Montréal dans le monde du hockey.
«Montréal est un endroit spécial. Les gens là-bas sont tellement passionnés. Le hockey est une religion dans cette ville et dans cette province. Les gens savaient que nous n'étions pas une équipe de la dynastie des années 1970», admet Muller. «Nous avons dû travailler très fort pour remporter la coupe parce que nous avions un peu moins de talent que certaines autres équipes. Je crois que c'est pour ça que notre équipe était tant appréciée. C'est la force de caractère des gars qui a fait que nous avons gagné la coupe.»
Cet article, originalement publié en 2013 sur canadiens.com, a été mis à jour en vue du 25e anniversaire de la conquête de la Coupe Stanley de 1993.