Les gars ont vraiment embarqué en effet. Après avoir échappé les deux premières parties de leur confrontation face aux Nordiques en première ronde, le Tricolore a remporté 12 de ses 13 rencontres suivantes, éliminant au passage Québec, Buffalo et New York. Ne restait plus qu'une seule formation qui se trouvait entre eux et une 24e coupe Stanley : les Kings de Los Angeles.
« On était confiants parce qu'on avait gagné tous ces matchs en prolongation, mais lorsqu'on est arrivé en finale contre les Kings, on les respectait », mentionne Demers au sujet de la formation californienne qui avait récolté 14 points de moins que le Tricolore en saison régulière cette année-là. « On savait qu'on jouait contre Wayne Gretzky. On savait qu'il avait gagné plusieurs coupes Stanley et qu'il savait quoi faire pour en gagner une autre, mais on avait confiance en nous. On n'était pas arrogant, on était respectueux. »
Vingt-cinq ans plus tard, Demers est encore reconnu pour avoir eu l'audace et le courage de poser un geste qui, s'il n'avait pas été en sa faveur, aurait pu changer le cours de l'histoire. Tirant déjà de l'arrière 1 à 0 dans leur série et faisant face à un déficit d'un but dans les dernières minutes du match #2, le double lauréat du trophée Jack-Adams a demandé à l'arbitre Kerry Fraser de vérifier si la courbe du bâton de Marty McSorley des Kings était légale. Cette bévue aura permis au Tricolore de revenir de l'arrière avant de l'emporter en prolongation suite aux deux buts d'Éric Desjardins.
« Lorsque nous avons fait vérifier le bâton de McSorley, ça a fait rager beaucoup de personnes à Los Angeles, mais je n'ai fait que mon travail. J'ai été appuyé par Serge Savard et Jacques Lemaire et ils m'ont félicité tout de suite après le match », indique Demers. « On ne pouvait pas se permettre de tirer de l'arrière 0-2 dans la série.
« Durant le premier match, quelques joueurs avaient remarqué que son bâton était illégal et ils m'en avaient fait part », poursuit-il. « C'est la vigilance de gars comme Guy Carbonneau et Vincent Damphousse qui m'ont permis de le savoir. Quand tu commences les séries éliminatoires, c'est là que tu remarques les vrais joueurs de caractère. Ces joueurs surveillent tout et portent attention à tout. »
Quelques jours suivant cette victoire cruciale, les Canadiens ont remporté une quatrième partie d'affilé pour se mériter une 24e coupe Stanley. Bien que le fait de remporter pour la première fois de sa carrière l'illustre trophée soit de loin le fait saillant de cet éreintant parcours, un autre événement survenu durant la finale face aux Kings restera gravé à jamais dans sa mémoire.
« Mon plus beau souvenir c'est lorsque j'ai donné la chance à Donald Dufresne de jouer le cinquième match de la Finale. S'il n'avait pas joué, son nom n'aurait pas été inscrit sur la coupe », expose Demers au sujet de Dufresne, qui n'avait disputé qu'une seule partie durant les séries éliminatoires avant le match décisif. « Il était un septième défenseur et une des meilleures personnes que j'ai rencontrées dans ma vie. Quand j'ai pu lui donner l'opportunité de gagner la coupe au Forum et d'avoir son nom sur la coupe Stanley pour le reste de ses jours, ça pour moi c'est un souvenir incroyable. »