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MONTRÉAL - Patrick Roy vient peut-être tout juste de faire son retour dans les rangs juniors mais il y a 25 ans, jour pour jour le 9 juin, il trônait au sommet de la Ligue nationale.

Peu de gens auraient prédit que le Tricolore réussirait à soulever la coupe Stanley en 1993, encore moins avant même que ne s'amorce la campagne qui allait couronner les centièmes champions de l'histoire de ce précieux trophée. Par contre, Roy et ses coéquipiers ont rapidement constaté que leur nouvel entraîneur à l'époque avait en tête une idée bien précise lors de leur toute première rencontre sur la patinoire.
« Je me rappelle lorsque Jacques Demers est embarqué sur la glace lors de la première pratique de la saison. Il nous avait dit : 'Les gars, on va surprendre le monde du hockey et on va gagner la coupe Stanley.' On s'est tous regardé avec des points d'interrogation en se disant qu'on avait peut-être manqué quelque chose », admet en riant le membre du Temple de la renommée. « Jacques avait tellement confiance et c'était tellement ce qu'il souhaitait de voir arriver. Il a amené cette détermination-là à tout un chacun et ça l'a entraîné les résultats qu'on connaît aujourd'hui. »

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Les motivations de Demers ont porté ses fruits puisque son équipe a conclu la saison régulière avec une récolte de 102 points. En terminant au troisième rang dans la division Adams, les Canadiens ont réalisé le souhait des amateurs de partout dans la Belle Province en méritant un affrontement au premier tour des éliminatoires face aux Nordiques de Québec.
Les choses ne se sont toutefois pas déroulées comme les Montréalais l'auraient souhaité, échappant leurs deux premières parties au Colisée, dont la première de manière crève-cœur en prolongation.
« Quand on a perdu les deux premiers matchs à Québec, je suis obligé de dire qu'on n'avait pas mal joué le premier match. Les gars avaient bien joué, mais je n'avais pas été bon dans les dernières minutes. Si on se rappelle, on gagnait 2 à 0 et ils ont marqué deux buts dans les deux dernières minutes du match. Je savais qu'il fallait que je joue mieux, mais j'avais confiance », explique Roy, qui avait notamment concédé quatre buts aux Nordiques lors du deuxième match. « Quand on est revenu à Montréal pour le troisième match, on savait que c'était le match clé et qu'il fallait offrir une grosse performance. »
C'est exactement cela qui s'est produit alors que le Bleu-Blanc-Rouge a remporté cette rencontre, la première de 10 d'affilée en prolongation, et les trois suivantes pour éliminer leurs éternels rivaux. Ayant vu le jour à Sainte-Foy, à quelques minutes du domicile des Nordiques, le légendaire gardien s'est même tiré d'affaire en n'étant pas renié par les habitants de son patelin à son retour quelque temps après.
« Le monde de Québec ne m'en a pas trop voulu. C'est sûr que certains m'ont fait des blagues et m'ont dit qu'ils m'ont assez haï à cause que j'ai éliminé les Nordiques », partage Roy au sujet de cette confrontation. « En général, les gens sont extrêmement contents que je sois revenu chez nous et que je me sois impliqué avec les Remparts. »
Comme plusieurs l'affirmeront, ce retour face aux Nordiques aura servi de tremplin au Tricolore durant leur parcours ce printemps-là. Ils ont balayé les Sabres de Buffalo en deuxième ronde avant de disposer des Islanders de New York en cinq rencontres pour mériter un laissez-passer en grande finale face aux Kings de Los Angeles.
La commande ne s'annonçait pas aussi facile puisque les Kings comptaient sur un certain Wayne Gretzky, qui avait une bonne longueur d'avance au sommet des pointeurs des séries. Ce dernier s'est notamment offert une soirée de quatre points dans la victoire de 4 à 1 des visiteurs lors du premier match de la finale au Forum. Mais comme ils l'ont fait en première ronde face aux Nordiques, les Canadiens sont demeurés calmes et ce revers n'a fait qu'accentuer leur désir de se relever et compléter la tâche.
« À chaque match, quelqu'un de différent se levait. Lors du deuxième match, Éric Desjardins avait réussi un tour du chapeau. Après ça, quand on est arrivé à Los Angeles, John LeClair avait marqué deux fois en prolongation », se souvient Roy, qui s'est vu décerner le trophée Conn-Smythe remis au joueur par excellence des séries suite au parcours des siens. « Pour une équipe comme la nôtre, si on voulait gagner la coupe Stanley, on ne pouvait pas avoir de passagers. On n'en avait pas, tout le monde était sur la coche, les gars travaillaient fort. Sincèrement, c'est ça qui a fait en sorte qu'on ait pu surprendre le monde du hockey. »
Vingt-cinq ans plus tard, on entend encore souvent parler du fameux clin d'œil que Roy avait fait à Tomas Sandstrom après qu'il eut volé un but certain à l'attaquant suédois. Mais le légendaire gardien a réussi quelque chose d'assez rare et plutôt inhabituel dans un sport aussi physique et rude que le hockey.

« C'est assez incroyable, mais j'ai réussi à jouer tous les matchs des séries avec le même bâton », confirme Roy, qui avait disputé les 20 parties du Tricolore et passé 1 283 minutes devant le filet de son équipe lors du tournoi printanier. « Honnêtement, c'est quelque chose que je n'ai jamais été capable de refaire. Je ne sais pas c'est quoi que Gerv [Pierre Gervais, qui était adjoint au gérant de l'équipement à l'époque] ait réussi à faire avec mon bâton pour qu'il soit aussi solide. »
Roy étant animé par un désir de vaincre incomparable, la conquête de la coupe Stanley par les Canadiens en 1993 occupera pour toujours une place spéciale dans le cœur de Roy. Sa collection compte peut-être quatre bagues de championnat, mais celle qu'il avait remportée cette année-là n'a pas été de tout repos sur le plan individuel. Le fait de s'être ressaisi et d'avoir pu aider ses coéquipiers à se rendre jusqu'au bout est ce qui est le plus important à ses yeux.
« Le plus beau souvenir de ce parcours a été l'accomplissement de la coupe. Ça n'avait pas été une saison facile pour moi en 1993, c'était rempli de hauts et de bas », précise Roy. « D'avoir été capable de renverser la vapeur, pour moi ça s'est avéré être définitivement un cheminement qui m'a aidé pour la suite de ma carrière. »
Cet article, originalement publié en 2013 sur canadiens.com, a été mis à jour en vue du 25e anniversaire de la conquête de la Coupe Stanley de 1993.