Paul-Byron

BROSSARD - Quand il était plus jeune, Paul Byron allait souvent s'amuser sur la patinoire extérieure que son père Randy avait construite. Le paternel n'avait lésiné sur rien. Il avait peinturé les enclaves, le centre de la glace et même un logo au milieu.

Évidemment, tous les jeunes du quartier s'y réunissaient pour jouer au hockey. Puis un jour, une grosse tempête s'est abattue sur Ottawa et toutes les maisons sur sa rue ont perdu l'électricité. Que faire dans ce temps? Aller jouer au hockey chez les Byron, évidemment.
Ce moment a marqué Byron. Peut-être même est-ce là qu'il a compris que c'est ce qu'il allait faire de sa vie. Qu'il allait être prêt à faire tous les sacrifices possibles pour y arriver.
Eh bien tout ça aura payé, plusieurs années plus tard, alors que le petit Byron devenu grand - mais quand même juste 5 pi 9 po! - est non seulement une des armes de moins en moins secrètes du Tricolore, mais il est également récompensé pour son travail, puisqu'il a été choisi comme candidat des Canadiens en vue de l'attribution du trophée Bill-Masterton pour la saison 2016-2017.
Ce trophée est remis annuellement au joueur de la LNH qui a fait preuve du plus bel exemple de détermination, de persévérance et d'esprit sportif au hockey.
Avec ses 20 buts et ses statistiques surprenantes, le joueur acquis par la voie du ballottage était le choix logique.
Cette détermination et cette persévérance, Byron les avait déjà en lui lorsqu'il patinait dans la cour arrière de ses parents.
«Je jouais pendant des heures et des heures chaque jour, rêvant aux buts que je pouvais marquer et aux feintes que je pourrais faire contre les défenseurs. Je passais mon temps à me concentrer sur ça et rien d'autre», a-t-il indiqué.
C'est son père qui lui a transmis la passion du hockey.
«On regardait le hockey tous les samedis soirs ensemble. Il m'a montré le jeu. Il était amoureux de ce sport, fasciné par lui. C'est tout ce à quoi je pensais. Tout ce à quoi je rêve de faire», a raconté le numéro 41.

Paul-Byron

Un honneur
Byron et sa famille étaient plus qu'heureux d'apprendre que la section montréalaise de l'Association des chroniqueurs de hockey de la Ligue nationale l'avait choisi.
«C'est évidemment un honneur incroyable d'être reconnu. C'est tout un accomplissement et c'est un grand moment de fierté pour moi», a-t-il admis.
Le rôle du négligé, Byron le connaît très bien. Même qu'il croit que cette étiquette lui sera collée jusqu'à ce qu'il accroche ses patins.
«Quand tu fais 5 pi 9 po et 160 lb, tout le monde te regarde comme si tu n'avais pas d'affaire là. Ils ne comprennent pas et je suis correct avec ça. Dans ma tête, je pense que je mesure 6 pi et pèse 200 lb. Je ne laisse pas la balance me dicter ma stature ou ma façon de jouer», a lancé l'auteur de 37 points en 72 matchs cette saison.
Marqueur naturel
Il est difficile de nos jours d'atteindre le plateau des 20 buts en une saison dans la LNH comme l'a fait Byron dimanche dernier. Mais pour l'ailier gauche, il est presque normal qu'il ait fini par avoir ses statistiques.
«J'ai toujours été un très bon marqueur, même quand je suis arrivé dans la Ligue américaine. À ma première saison, j'en ai marqué 15 et j'ai subi quelques blessures qui ont fait que j'ai été moins constant cette année-là, a rappelé le joueur de 27 ans.
«À ma saison suivante, j'en ai inscrit 27. J'ai toujours été capable de marquer. Quand je suis déménagé dans l'Ouest, je me suis toujours dit que je devais jouer avec hargne et être un joueur de quatrième trio pour être dans la LNH», a-t-il ajouté.
Byron regardait les joueurs du top-6 et voyait bien leur talent, leur expérience. C'est pourquoi il a senti le besoin de modifier son style de jeu.
«C'est quelque chose que j'ai fait et qui m'a aidé à atteindre la LNH, ça ne fait aucun doute. Il suffisait de mettre tous les morceaux ensemble et ça ne s'est pas produit jusqu'à ce que j'arrive à Montréal», a admis l'ancien des Olympiques de Gatineau, dans la LHJMQ.

L'histoire du petit attaquant pourra certainement en inspirer d'autres. Comme l'ont fait les David Desharnais, Daniel Brière et même Martin Saint-Louis avant lui. Se voit-il comme un modèle pour les jeunes?
«Je pense que oui, même pour les gars dans la Ligue américaine. Ce n'est pas facile de voler la place d'un autre et d'arriver dans la LNH. Les jeunes sont trop impatients. Ils deviennent frustrés. On pense tous qu'on devrait être dans la Ligue nationale. En sortant du junior, on pense tous qu'on est assez bon, mais la réalité, c'est qu'il y a beaucoup de bons joueurs de hockey dans le monde et qu'il faut se battre encore et encore. Et éventuellement tu gagnes un poste. Il faut juste rester patient, garder le bon état d'esprit et la concentration», a expliqué le père d'Elianna, quatre ans, et de Brysen, trois ans.
Ce sont là des valeurs et des conseils qu'il transmettra certainement à ses deux enfants. Mais pour le moment, ils ne réalisent pas encore tout le travail que leur papa a fait pour gagner sa vie en donnant des coups de patin… presque comme il le faisait déjà au domicile familial à leur âge.