Dans le septième épisode de Rendez-vous CH, Marc Denis rencontre l'entraîneur-chef des Canadiens, Claude Julien, pour discuter des défis entourant son retour derrière le banc de l'équipe montréalaise.

Marc Denis :On se retrouve en compagnie de l'entraîneur-chef des Canadiens Claude Julien. Claude, merci beaucoup de nous accorder ce temps privilégié.
Claude Julien : Merci Marc.
MD : On se retrouve aussi dans ton bureau et j'ai le goût de te demander si tu te sens déjà chez toi, ici?
CJ : Oui, je suis devenu à l'aise assez rapidement pour plusieurs raisons. Premièrement, plusieurs des gens qui travaillent ici étaient là lors de mon premier séjour avec les Canadiens. Les entraîneurs qui sont ici ont fait de l'excellent travail pour me faire sentir bien et à l'aise. Mais le fait que ça fasse quand même plusieurs jours que je viens ici, c'est déjà devenu une routine pour moi.
MD : Tu parles de ton premier séjour avec les Canadiens - tu as passé plus d'une dizaine d'années à l'extérieur depuis, principalement à Boston, est-ce que tu as eu le temps de te rendre compte, même si tu as été très occupé, de ce qui t'a manqué le plus de la ville de Montréal, du marché, de l'entourage dans lequel tu te retrouves à nouveau aujourd'hui?

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CJ : Honnêtement, je dirais que Boston n'est pas tout à fait Montréal, mais reste que c'est une grosse ville de sports, alors c'est quand même assez similaire, si tu veux. Mais reste que Montréal est unique et de revenir ici, c'est plutôt de voir les gens, les partisans. Ils adorent leur équipe de hockey et tu ne peux aller nulle part à Montréal sans rencontrer des partisans et je crois que c'est la grosse différence ici. Mais aussi, c'est une grande organisation, qui est très respectée à travers la Ligue nationale et de pouvoir revenir et de faire partie d'une organisation comme ça une autre fois, c'est quelque chose d'assez spécial.
MD : On a parlé des similarités, il y a des différences cependant, parce que cette fois-ci, c'est à la mi-saison que tu fais ton grand retour. Est-ce que ça complique les choses d'arriver à la mi-saison et est-ce que c'est plus compliqué d'arriver avec une équipe qui est toujours en première place de sa section quand tu entreprends cette nouvelle démarche?
CJ : Oui, la première fois que je suis arrivé à Montréal, c'était à la mi-saison aussi, mais j'étais entraîneur recrue dans la Ligue nationale, alors c'était un peu plus difficile. Cette fois-ci, je ne te dirais pas que c'était facile, parce que je suis parti d'un congédiement et moins d'une semaine plus tard, j'étais ici avec les Canadiens, alors ç'a été un ajustement. Mais l'expérience que j'ai acquise à chaque année dans la Ligue nationale m'a vraiment aidé à bien gérer la situation ici et à être capable d'aider une équipe à rebondir. Mais c'est une équipe qui était déjà en première place. Je suis quand même chanceux de pouvoir prendre le rôle d'entraîneur ici avec une équipe en première position. Puis c'était de s'assurer de rester en première position. On a travaillé fort en groupe, les joueurs ont vraiment bien répondu aux appels et aux demandes et les choses vont quand même assez bien en ce moment.
MD : Le fait que le personnel d'entraîneurs - outre l'entraîneur-chef - soit demeuré en place, est-ce que ç'a aidé la transition ou si ç'a été une autre situation à gérer, où il y avait de la vente à faire pour Claude Julien?
CJ : Non parce que les entraîneurs qui étaient ici, je les connaissais déjà. Clément avait été ici à un moment donné, mais les autres entraîneurs, je les connaissais d'avance. Mais ç'a vraiment aidé d'être entouré par ces gars-là parce qu'à la minute où je suis arrivé ici, ils m'ont donné toute l'information que j'avais besoin. J'ai senti une bonne complicité entre nous tous et on voyait qu'on avait tous le désir de bien travailler ensemble. J'adore les entraîneurs que j'ai présentement parce qu'ils ont été super pour moi et ç'a vraiment aidé l'adaptation à cette équipe-ci avec toute l'information qu'on m'a fournie.

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MD : Tu as parlé brièvement du congédiement à Boston, à ta seule sortie publique, tu as mentionné vouloir prendre du recul. Quelques jours, peut-être même quelques heures plus tard, tu acceptes une offre avec les Canadiens de Montréal, qu'est-ce qu'il y avait de si alléchant pour que Claude Julien ne prenne pas de recul finalement, change d'idée et se remette immédiatement dans le bain?
CJ : Il y avait plusieurs éléments. Premièrement, j'ai dit que je voulais prendre du recul à moins que ce soit quelque chose que je ne pouvais pas refuser et lorsqu'on m'a approché avec les Canadiens - qui comme je l'ai dit tantôt est une bonne et grande organisation avec beaucoup de classe et le hockey ici à Montréal, c'est quelque chose de spécial. Je suis un gars de la région de l'Outaouais, ça me rapprochait aussi de mon chez-moi. Il y avait beaucoup, beaucoup d'éléments qui venaient en ligne de compte. Aussi, le fait de pouvoir travailler avec Marc Bergevin, que j'ai connu durant la Coupe du monde; on avait eu une bonne chimie pour le peu de temps qu'on a passé ensemble. C'est tellement important de travailler pour des bonnes personnes, avec des bonnes organisations et je pense que celle des Canadiens comprenait tous ces éléments-là, alors c'est la raison pour laquelle j'ai accepté.

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MD :On parle de transition depuis tantôt, parlons maintenant du hockey sur la patinoire; qu'est-ce qui était le besoin le plus pressant que tu as perçu rapidement? Tu as parlé de ton expérience - tu as donc dû te rendre compte avec l'information que tu as eue des entraîneurs - qu'est-ce qui était le besoin le plus pressant que tu crois avoir corrigé ou amélioré, ou sur lequel on travaille à tous les jours du côté des Canadiens sous Claude Julien?
CJ : J'ai mentionné ça au début; j'ai vu une équipe qui avait besoin d'encouragements. Quand ça ne fonctionne pas bien, c'est normal, toutes les équipes passent à travers ça, quand ça ne va pas bien, c'est important d'arriver, surtout dans ma situation, avec beaucoup de positif. On a essayé d'encourager les joueurs, de ramener le plaisir de jouer au hockey et on a fait des petits ajustements, mais plus qu'autre chose, je voyais, au fur et à mesure qu'on avançait que les gars avaient plus le sourire aux lèvres. Le fait qu'on ait gagné des matchs aide aussi à faire la transition. Je pense que c'était la chose la plus importante. Ils ont connu un bon début de saison, ils ont connu des moments difficiles et c'était justement de les reprendre en main et de leur faire croire que c'est une bonne équipe, parce qu'il y a des bons éléments ici. On a un des meilleurs gardiens au monde. On en discute souvent aussi, on a fait des ajouts à notre défense, qui nous donnent encore beaucoup d'options. À l'avant, beaucoup de vitesse, beaucoup d'habiletés, alors c'est de mettre les choses en place et de croire et je pense que l'équipe présentement croit beaucoup en ses moyens.
MD : Avant de te laisser, je ne veux pas te mettre dans une mauvaise position, mais tu m'as ouvert la porte. Ton expérience, la coupe Stanley à Boston, la Coupe du monde, dans tous les niveaux où tu es passé en fait, tu as réussi à gagner. Est-ce que, de ce que tu as vu, les éléments qui sont nécessaires pour une conquête, pour avoir une équipe gagnante, sont ici, sont sous ta main à Montréal?
CJ :On a beaucoup d'éléments qui sont, je pense, des éléments qu' on a besoin pour gagner. Et je sais qu'avec mon expérience en séries, si ton équipe joue son meilleur hockey de la saison et évite les blessures sérieuses, ça te donne toujours une chance et je pense qu'avec l'équipe qu'on a, si les choses tombent en place, on a d'aussi bonnes chances que d'autres.
MD : Claude Julien, merci beaucoup et bonne chance pour le reste.
CJ : Merci Marc.