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MONTRÉAL -- Serge Boisvert s'est assis, en apparence détendu, après une journée bien remplie.

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L'ancien joueur des Canadiens aujourd'hui dépisteur à l'international venait de terminer une longue journée remplie de rencontres avec d'autres membres de l'équipe. C'était la première semaine complète de juillet, quelques jours seulement avant le Repêchage 2022 de la LNH. Le groupe d'experts des Canadiens s'est réuni à l'hôtel Renaissance, au centre-ville de Montréal, pour discuter des espoirs à sélectionner parmi les 14 choix de l'équipe.
Ce n'était pas une mince affaire; non seulement les Canadiens étaient les hôtes de la séance de Repêchage, mais l'équipe possédait également le premier choix au classement général pour la première fois depuis 1980.
Alors que tous les yeux du monde du hockey étaient rivés sur l'organisation, Boisvert ne ressentait pas la pression. Après tout, ses collègues et lui avaient fait leurs devoirs et avaient confiance en les choix qu'ils allaient faire dans quelques jours.
En fait, Boisvert était excité.
« C'est incroyable, a-t-il dit. Écoutez, ça fait 12 ans que je suis avec les Canadiens et c'est la première année que le Repêchage est à Montréal. C'est exceptionnel. »
Il a fait une pause, avant d'ajouter avec une lueur d'espoir dans ses yeux : « Et on a le premier choix au total. »
Quelques jours plus tard, une foule comble au Centre Bell a vu Juraj Slafkovsky devenir le choix numéro un de l'équipe.

Ce qu'ils n'ont pas vu, cependant, c'est l'ampleur du travail qui a eu lieu en coulisses et qui a mené non seulement à la sélection du joueur originaire de Kosice, en Slovaquie, mais aussi à celle des dix autres adolescents ajoutés à la liste des espoirs de l'organisation au cours des deux jours passés à Montréal.
Jusqu'à tout récemment.
L'équipe a publié dernièrement un documentaire présentant des séquences inédites des réunions de dépistage, des entrevues du Camp d'évaluation de la LNH, des discussions à la table de sélection et bien plus encore, donnant un aperçu du travail effectué pour évaluer les espoirs et compléter la liste de l'équipe avant le repêchage le plus important de l'histoire récente des Canadiens.

Les coulisses des réunions du Repêchage des Canadiens

C'était un défi de taille à relever, et ce n'était certainement pas la tâche d'une seule personne. Comme l'a expliqué Nick Bobrov, co-directeur du recrutement amateur, il faut une équipe de professionnels spécialisés dans une multitude de disciplines pour prendre des décisions de cette ampleur.
C'est pourquoi les Canadiens se sont appuyés sur l'avis d'experts dans des domaines allant de la performance sportive et de la psychologie à la science des données et l'analytique.
« Personne n'est assez intelligent pour le faire seul, a déclaré Bobrov. C'est trop difficile et il y a trop de facettes. Il faut en savoir beaucoup sur tant de disciplines différentes. Avoir beaucoup d'expérience dans différents aspects autour de soi, ça aide à faire la part des choses. »
L'une de ces approches est celle du directeur du département d'analyse de statistiques avancées, Christopher Boucher, qui est devenu la première personne à occuper ce poste dans l'histoire de l'organisation lorsqu'il a été embauché en mai 2022. Pour les dépisteurs traditionnels comme Boisvert, l'expertise de Boucher a ajouté une autre dimension au processus.
« Je dépiste avec mes yeux, et je prends des notes, mais lui dépiste avec des statistiques : les entrées de zone, les sorties de zone, la façon dont un joueur récupère la rondelle, les batailles à un contre un, a-t-il précisé. Il fait tout ça. Il nous donne d'autres outils pour améliorer notre travail de dépisteurs. Je pense que c'est très positif pour les Canadiens de Montréal. »
Au final, prévoir l'avenir des joueurs n'est pas une science exacte, mais les Canadiens ont fait preuve de diligence en consolidant toutes les données dont ils disposaient, qu'il s'agisse de rapports de dépistage, de tests physiques ou d'entrevues avec des espoirs.

1920x1080_Juraj Slafkovsky_Nick Bobrov

Slafkovsky a certainement impressionné le personnel des Canadiens à tous les niveaux. L'ailier de 18 ans est plus mature que son âge, à la fois physiquement, du haut de ses 6 pi 4 po et 229 lb, mais aussi mentalement. À son âge, la plupart des adolescents envisagent de quitter la maison familiale. Slafkovsky a déjà bien franchi cette étape de sa vie, ayant déménagé en Finlande par ses propres moyens alors qu'il n'avait que 14 ans pour poursuivre sa carrière d'hockeyeur, s'occupant même de faire la cuisine - avec l'aide de sa mère au téléphone, bien sûr.
Son audace et sa volonté de se montrer à la hauteur de la situation lui ont permis d'exceller à chaque étape de sa carrière. Il a notamment mené la Slovaquie à la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Beijing en marquant sept buts en autant de matchs.
« Les historiens du hockey regardent avec attention ce que ce gars a réussi à accomplir à un tel âge », a déclaré Bobrov lors d'une réunion des dépisteurs avant le Repêchage à l'hôtel Renaissance. « Participer au Championnat du monde à l'âge de 16 ans est sans précédent. Personne ne l'a fait, même pas dans les années 80 et 70. Et, évidemment, ce qu'il a fait sur la scène internationale cette année est également sans précédent. Il prend le taureau par les cornes. Il veut s'approprier le moment, la situation. »
Le repêchage de l'imposant ailier a également permis aux Canadiens de se tourner vers des joueurs plus petits qui ont attiré leur attention lors des derniers tours, comme l'a souligné Boucher. Des joueurs tels Filip Mesar (5 pi 10 po, 26e au total), Lane Hutson (5 pi 8 po, 62e au total), Vinzenz Rohrer (5 pi 10 po, 75e au total), Cédrick Guindon (5 pi 10 po, 127e au total) et Miguël Tourigny (5 pi 8 po, 216e au total), qui offrent une combinaison de vitesse, d'habiletés et de talent qu'il était difficile de laisser passer une fois le moment venu.

Split shot - Mesar-Tourigny-Hutson-Rohrer-Guindon

La suite de leurs carrières respectives dépendra de nombreux facteurs. Mais les Canadiens peuvent regarder en arrière et être fiers de l'effort mis afin de faire les meilleures sélections possibles.
« Je pense que toutes les équipes quittent le Repêchage en pensant qu'elles ont réussi 14 coups de circuit et obtenu 14 joueurs qui seront intronisés au Temple de la renommée, a mentionné Bobrov. Le temps nous le dira. Repartir en sachant qu'on a fait tout ce que l'on pouvait pour servir les intérêts à long terme de la franchise, c'est une réussite en soi. »