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MONTRÉAL -- La première chose qui vient en tête lorsque l'on pense à l'espoir des Canadiens Jayden Struble, ce sont ses prouesses physiques.

Haut de 6 pi et faisant grimper l'aiguille de la balance à 205 lb, on le compte parmi les athlètes de la NCAA les plus choyés physiquement. Et comme il n'a que 18 ans, il n'a peut-être pas fini de grandir.
« C'est difficile d'ignorer ses attributs physiques », explique l'entraîneur de Northeastern Jim Madigan. « Surtout quand on voit à quel point il est découpé. Il est arrivé ici à 18 ans et tenait tête à des hommes de 23 et 24 ans.
« Jayden est un spécimen. »
Mais se concentrer seulement sur sa force -- aussi impressionnante soit-elle -- serait manquer de respect au reste de l'attirail de Struble.
Oui, il est grand et fort, mais il possède tellement plus.
« Les gens voient le corps, l'aspect physique, mais ils ne savent pas apprécier les aptitudes que ce jeune homme possède, dit Madigan. C'est un joueur de hockey qui amène un élément physique à son jeu, et non l'inverse. Il a une bonne maîtrise de son bâton, un coup de patin explosif, une touche offensive et il est très intelligent. »
Beaucoup d'éloges de la part d'un homme dont les connaissances au hockey excèdent celles de bien des gens, surtout lorsque l'on prend en considération le départ difficile qu'a connu Struble dans la NCAA.

Le 1er jour de Struble dans l'uniforme du Tricolore

Une blessure subie au camp de développement des Canadiens, en juin de l'année dernière, a tenu Struble à l'écart alors que la formation de Northeastern se préparait pour la saison 2019-2020. En plus de cela, Struble faisait à ce moment le saut dans la NCAA, ce qui implique une importante amélioration de la stratégie d'équipe.
Les joueurs peuvent se permettre de surfer sur leur talent jusqu'à un certain point, mais une fois dans les rangs collégiaux, les choses prennent une tournure beaucoup plus professionnelle. Pour plusieurs, il s'agit là d'une introduction à l'aspect tactique primordial du jeu, celui-là même qui prône stratégies spécifiques et détails complexes plutôt que talent pur.
Et bien que son retour au jeu représentait un défi vu les circonstances -- Struble a initialement éprouvé des difficultés à ingérer et mettre à profit l'abondance de nouvelles informations -- il a rapidement su trouver son rythme, devenant l'un des plus valeureux défenseurs de Northeastern.
« Il n'est pas retourné sur la patinoire avant septembre, raconte Madigan. Il a raté l'entièreté du camp d'entraînement, et c'est très difficile. Pensez-y : une recrue qui manque toute l'info sur le système de jeu et la planification! C'est un baptême de feu, très franchement.
« Il a appris les systèmes, mais il n'avait pas eu à les exécuter, dit Madigan. Il lui a fallu quelques matchs pour se rattraper. Mais aux environs du sixième ou septième, on a vu que les choses se plaçaient, pour lui. Il suivait le rythme du jeu, il prenait les bonnes décisions immédiatement et sa forme physique était excellente. Gardez en tête que, peu importe le temps que vous passez dans le gym, si vous ne jouez pas, vous ne serez pas en forme de match. »
La forme dont parle Madigan implique un coup de patin explosif, un élément clé dans l'arsenal offensif de Struble. Plus précisément, son habileté à se joindre à une séquence au parfait moment, se servant de sa longue et puissante poussée pour rapidement faire la transition entre la défense et l'attaque, en une fraction de seconde.
Au hockey, on entend souvent : « Il est très rapide… pour un gars de sa taille. »
Mais dans le cas de Struble, nul besoin de justifier.
Il est rapide, point final.
« Il patine bien pour un joueur de hockey, affirme Madigan. Il a une explosion dans son élan. Ça l'aide à générer de l'offensive, tout en maintenant un positionnement défensif adéquat. »
Mais comme tout espoir avant lui, il y a des aspects du jeu de Struble qui nécessitent plus de travail.
Il souhaite améliorer son contrôle de l'espace à la ligne bleue, raffiner son jeu en zone défensive et améliorer sa confiance.
Ce ne sont pas des faiblesses en soi, mais Struble s'efforce de s'améliorer sans cesse, tant sur la glace qu'en dehors.
C'est une mentalité qui vient directement des années que Struble a passées avec son grand-père Paul, le modèle de Jayden pendant son enfance.
Paul a entraîné Struble dès ses premiers coups de patin, lui faisant découvrir le sport le plus rapide du monde alors qu'il n'avait que trois ans.
Ç'a été un coup de foudre -- ou de patin -- mais certains diront qu'il s'agissait encore là d'un baptême de feu.
Paul entraînait des équipes plus âgées, mais il voulait inclure son petit-fils dans le lot.
Tout comme il l'a fait lors de sa première saison avec Northeastern, Struble a appris à jouer contre des joueurs beaucoup plus âgés.
« Poppa a rendu ça amusant, souligne Struble. Et ça allait bien au-delà du hockey. C'était une figure paternelle de mon enfance. Il m'a beaucoup aidé. Et il était toujours là pour moi.
« Il a été ma plus grande influence pendant mon enfance. Il était mon modèle, avec ma mère. Il était dur avec moi, mais mes plus beaux souvenirs de hockey sont avec lui comme entraîneur. Il me pousse toujours dans la bonne direction. Je suis vraiment reconnaissant.
« Et ma mère? En tant que mère célibataire, elle s'est occupée de moi et de mes deux demi-frères. Elle s'est aussi beaucoup occupée de ma nanna, pendant de nombreuses années. C'est un peu passé inaperçu quand j'étais enfant, mais, avec le recul, elle a fait énormément de choses pour nous. Et maintenant, je peux enfin apprécier tous ses efforts. J'ai beaucoup appris d'elle. »
Bien qu'il ait appris plusieurs rudiments du sport grâce à sa famille d'accueil à Northeastern, les leçons les plus importantes se sont transmises à la maison, en regardant sa mère, Tara Slack, s'occuper de sa grand-mère paternelle, Kathy, qui était atteinte de sclérose en plaques avant son décès, l'été dernier.
Se faire recruter dans une équipe de la NCAA après une blessure à 18 ans ne semble pas être un grand défi après avoir vu quelqu'un consacrer une importante partie de sa vie à prendre soin d'un membre de sa famille.
C'est peut-être pour cela que Struble reste bien ancré dans le moment présent. Il ne se soucie pas de son futur dans la LNH. Pas encore, en tout cas. Oui, il veut jouer chez les pros, mais il a d'autres défis plus pressants dans un avenir rapproché.
Il veut se concentrer sur sa mission actuelle : poursuivre son beau parcours avec Northeastern, et peut-être même remporter un troisième titre consécutif de Beanpot.

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Il avoue cependant avoir été pris au dépourvu dès ses premiers pas à Brossard.
Il était même persuadé qu'il était un peu plus au nord.
« Honnêtement, je ne savais pas que c'était le centre d'entraînement!, confie Struble. Je pensais que c'était la vraie patinoire de la LNH, vu la taille et les installations. C'était incroyable. »
On ne peut qu'imaginer l'émerveillement et la stupéfaction qui l'attendent lorsqu'il se rendra au Centre Bell pour la première fois.
Mais, pour l'instant, grâce à la détermination et au dévouement inculqués par son grand-père et sa mère, Struble a les yeux rivés sur un trophée dans la NCAA.