Alexander Radulov

MONTRÉAL - Seul le temps dira à quel point Alexander Radulov s'acclimatera rapidement à Montréal. Mais si on se fie à son premier séjour dans la province il y a un peu plus de 10 ans, le tout se fera en douceur.

Lorsqu'il a décidé le 1er juillet dernier de poursuivre sa carrière au hockey à Montréal après avoir passé les huit dernières années dans sa Russie natale, Alexander Radulov a pratiquement refait un chemin qu'il avait déjà parcouru au cours de la décennie précédente.
Quelques jours après avoir été sélectionné en première ronde de l'encan amateur 2004 de la LNH par les Predators de Nashville, les Remparts de Québec avaient mis la main sur les droits de Radulov avec la neuvième sélection de la séance de repêchage des joueurs européens de la Ligue canadienne de hockey. Ne connaissant pratiquement rien sur la Vieille capitale, l'attaquant originaire de Nizhny Tagil a dû se fier au début sur ses connaissances au hockey pour en savoir un peu sur son éventuel nouveau domicile de l'autre côté de l'Atlantique.
« Je ne connaissais pratiquement rien sur la province de Québec. J'adorais le hockey, j'en connaissais donc un peu sur les Canadiens et sur les Nordiques et sur leurs joueurs vedettes comme Peter Forsberg, Joe Sakic et Mats Sundin », reconnaît Radulov, qui est devenu une propriété des Remparts quelques jours avant son 18e anniversaire de naissance. « Après que j'ai été repêché dans la LNH par Nashville, mon agent m'a dit que les Remparts me voulaient vraiment et il croyait que c'était une bonne idée d'aller faire mon junior à Québec. »

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L'un de seulement trois Européens dans l'alignement des Remparts à ses débuts en 2004-2005, Radulov n'a pas eu le choix de faire des efforts afin s'intégrer et de s'adapter à son nouvel environnement. La langue et la culture étaient complètement différentes de ce qu'il avait connu jusqu'à présent dans sa vie, mais il a pu compter sur l'aide de sa famille de pension et de ses coéquipiers pour s'habituer aux différentes facettes de la vie au Québec.
« Ma première impression de Radu était la même que pour les autres Russes. Il était venu ici pour jouer au hockey, il était très talentueux, mais il a dû s'adapter à pas mal tout autour de lui. C'était tout nouveau pour lui », se souvient le coéquipier de Radulov durant deux saisons avec les Remparts, Marc-Édouard Vlasic. « À sa première année avec nous, il est passé pas mal incognito. C'est à sa deuxième année qu'il est vraiment sorti de sa coquille.
« Dans le vestiaire, j'étais assis à côté de lui et s'il avait besoin d'aide pour dire des mots - autant en anglais qu'en français - j'étais là pour l'aider », poursuit l'actuel défenseur des Sharks de San Jose. « À l'extérieur de l'aréna, sa famille de pension l'aidait et il suivait des cours d'anglais. Il se débrouillait à l'extérieur de la glace, mais au hockey, tu n'as pas besoin de connaître beaucoup l'anglais pour bien te faire comprendre. »
De l'avis de Vlasic, Radulov s'entendait à merveille avec tout le monde dans son entourage malgré la barrière de la langue. Toujours présent lors des soupers ou des sorties d'équipe, l'ancien numéro 22 des diables rouges tentait de s'impliquer auprès de tout et chacun dans le vestiaire. Malgré le fait qu'il en était qu'à ses débuts avec les langues de Molière et de Shakespeare, tout le monde réussissait à comprendre ses blagues lorsqu'il tentait de détendre l'atmosphère.
« Ça n'a pas toujours été évident, mais c'était amusant. J'avais 18 ans et j'avais la chance de vivre dans un pays différent. J'ai passé deux années à Québec et j'ai appris quelques mots en français, mais ce n'était pas facile. Je me concentrais davantage sur l'anglais parce qu'il fallait qu'il soit bon pour ma carrière », atteste Radulov, qui a quitté sa famille d'accueil après sa première saison pour emménager au domicile de son entraîneur, Patrick Roy. « Nous avions aussi quelques Américains dans l'équipe qui parlaient anglais et la majorité des gars le parlait pour que tout le monde se comprenne. J'étais beaucoup plus à l'aise à ma deuxième année. J'avais rencontré plusieurs personnes depuis mon arrivée et je pouvais communiquer plus facilement avec eux. »

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Devenu un visage fort populaire dans son domicile d'adoption, Radulov a peut-être passé inaperçu dans les rues de Québec au départ, mais cela est rapidement devenu chose du passé à sa deuxième année. C'est justement au cours de cette saison 2005-2006 qu'il a dominé la Ligue de hockey junior majeur du Québec en remportant le championnat des marqueurs de la ligue avec une production de 152 points en seulement 62 parties.
Cette récolte aurait pu être beaucoup plus petite si Vlasic n'était pas intervenu dans les instants avant le tout dernier match du calendrier régulier, alors que le titre de meilleur pointeur du circuit n'était pas encore assuré pour Radulov.
« Avant le dernier match de notre saison contre Rimouski, on était assis un à côté de l'autre et il m'a dit qu'il ne se sentait vraiment pas bien et qu'il avait très mal au ventre. Je lui disais qu'il devrait jouer vu que c'était le dernier match, mais il voulait aller parler à Patrick pour lui demander congé. Je ne sais pas si c'est moi qui l'ai convaincu de jouer ou c'est parce qu'il était tellement passionné pour le hockey, mais il a décidé de jouer le match et il a obtenu 11 points, dont sept buts », divulgue celui qui a remporté la Coupe du monde de hockey avec l'équipe canadienne au cours des derniers jours. « Après le match, je me suis assis et je lui ai demandé s'il avait vraiment mal au ventre. Il m'a répondu qu'il avait véritablement mal. Je lui ai dit que s'il avait obtenu 11 points malade, il aurait pu en avoir 20 en santé ! »
C'est justement des performances comme celle-ci au cours de ses deux années dans la capitale provinciale - qui incluent notamment la conquête de la coupe Memorial quelques semaines après cette soirée historique - qui ont fait de Radulov l'un des joueurs les plus adulés et aimés dans l'histoire des Remparts. Même si près de 300 kilomètres séparent l'ancien Colisée de Québec de son nouveau domicile au hockey qu'est le Centre Bell, l'amour qu'il a reçu de la part des Québécois à l'époque a joué pour beaucoup lorsqu'est venu le temps de décider où il poursuivrait sa carrière en 2016-2017.

Alors qu'il a effectué quelques apparitions à Québec au cours des dernières années depuis son départ des Remparts il y a 10 ans, Radulov a eu l'occasion de faire revivre à ses partisans de beaux souvenirs il y a quelques semaines lorsque les Canadiens sont débarqués au Centre Vidéotron pour y affronter les Bruins de Boston. Les deux villes québécoises sont peut-être différentes sur quelques aspects, mais aux yeux de l'attaquant de 30 ans, il y a assez de similitudes qui font qu'il se sent comme chez lui aux deux endroits.
« Montréal est différent de Québec, mais dans les deux cas, les gens sont gentils, ils aiment leur ville et ils aiment leur hockey », affirme Radulov, qui était en uniforme le 4 octobre à Québec, où il a revu plusieurs visages connus au passage. « Ma femme aime bien Montréal jusqu'à présent, même si elle est ici que depuis quelques jours. J'ai demandé à des amis de l'amener à Québec [quand nous y avons joué dernièrement]. Elle n'y avait jamais été et je voulais qu'elle voit où tout a commencé ici. »
Bien qu'il ne croisera pas Radulov avant le mois de décembre lors de la visite des Sharks au Centre Bell, Vlasic a très hâte de revoir son ancien coéquipier. S'ils ont tous les deux vieilli depuis leur dernière rencontre en 2012, le défenseur montréalais est convaincu qu'il retrouvera le même individu souriant, qui se sera facilement adapté à son nouveau domicile, comme il l'a fait par le passé.
« Il connait la province, il connait les gens de Québec et de Montréal - qui selon moi sont pareils. C'est sûr que venir jouer au hockey à Montréal est différent que lorsque tu joues au niveau junior à Québec. Mais il avait beaucoup d'options, il avait beaucoup d'équipes intéressées à ses services et il a décidé de venir à Montréal. Il aime bien les projecteurs et Montréal sera parfait pour lui », conclut Vlasic, lui-même originaire de Pointe-Claire. « Vous avez pu le voir depuis son retour, il est souriant avec tout le monde, autant avec les journalistes qu'avec ses coéquipiers. C'est le même gars que j'ai connu avec les Remparts. »