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MONTRÉAL - L'entraîneur Bruno Bragagnolo se souviendra toujours de sa première rencontre avec Alex Galchenyuk.

«J'ai reçu un appel d'un de mes amis, Gerry Fraser, qui était en Floride en 2009. Les Galchenyuk étaient là avec deux autres joueurs russes, et un jour Gerry a vu Alex courir et s'entraîner sur la plage. Il est allé voir son père et les deux ont commencé à se parler. M. Galchenyuk lui a dit qu'Alex voulait éventuellement jouer dans la OHL. Gerry lui a alors parlé du programme que nous avions en place avec les Young Americans de Chicago [dans la Midwest Elite Hockey League], et lui a recommandé de me donner un coup de fil. Beaucoup de nos joueurs étaient dans la OHL avant, donc on est éventuellement entrés en contact», s'est rappelé Bragagnolo, qui, après avoir parlé à M. Galchenyuk, a suggéré qu'Alex - âgé de 15 ans à l'époque - se rende dans la Ville des vents pour participer à un entraînement avec le groupe d'été.
«Deux jours plus tard, Alex était à Chicago avec toute sa famille. Il a commencé à patiner, et au bout de cinq minutes, j'ai dit à M. Galchenyuk que je ferais tout en mon possible pour qu'Alex puisse jouer à Chicago cette saison-là. Je me suis dit à moi-même : "Je dois avoir ce gars-là. Il doit jouer pour nous dans le U-16", a ajouté Bragagnolo.
«J'ai vu son talent exceptionnel. Sa vision sur la glace était incroyable. Il savait où tout le monde était. Alex avait quelque chose de spécial. On pouvait facilement savoir que c'était un joueur de hockey.»

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Un mois plus tard, les Galchenyuk déménagaient en Illinois, à moins de deux kilomètres de l'aréna des Young Americans.
«Ils sont devenus les tuteurs légaux des deux autres Russes, les défenseurs Artyom Sergeyev et Maxim Zverev, alors ils sont venus à Chicago et ont joué avec nous eux aussi. J'ai même embauché le père d'Alex comme entraîneur adjoint. Il avait beaucoup d'expérience et de bonnes connaissances en hockey», a mentionné Bragagnolo, qui a immédiatement été impressionné par les aptitudes de travail démontrées par Alex, Artyom et Maxim sous la supervision de M. Galchenyuk.
Selon Bragagnolo, une journée d'entraînement des trois jeunes consistait en une séance de patinage de deux heures le matin. Puis, ils revenaient à l'aréna le soir pour s'entraîner hors glace et sur la glace jusqu'à 21h30, avant de soulever des poids pendant 90 minutes ou d'aller nager à la piscine du YMCA. Bragagnolo estime que le trio passait entre quatre et cinq heures sur la glace chaque jour.
«Dans le cas d'Alex, je crois qu'il ne réalisait même pas qu'il travaillait fort. C'était juste normal pour lui depuis son enfance. Il s'amusait. Chaque fois qu'il s'entraînait, il souriait. Il aimait être un joueur de hockey. Parfois, je conduisais l'après-midi jusqu'au parc près d'où ils habitaient et ils étaient en train de jouer au roller-hockey. Ça, c'était après la séance de patinage et l'entraînement du matin, pendant qu'ils devaient se reposer avant de revenir patiner le soir», a expliqué Bragagnolo.
Mais ça ne s'arrêtait pas là.
«Lorsque le trio est arrivé à Chicago, j'avais un petit camion que j'utilisais pour vendre de la nourriture à l'aréna et qu'on utilisait aussi pour faire des commissions. J'ai dit à Alex qu'il pouvait s'en servir plutôt que d'acheter un nouveau véhicule. Il était vieux, mais il fonctionnait. Je me suis rendu à leur maison un jour, et Alex avait baissé les fenêtres des deux côtés. Les gars se faisaient des passes soulevées à travers les fenêtres, s'est souvenu Bragagnolo en riant, toujours émerveillé par cet exercice non traditionnel.
«Ça vous dit tout à propos d'Alex et de sa famille. Ils étaient hockey, hockey, hockey.»
Mais Galchenyuk n'a pas tout fracassé à ses débuts dans les rangs juniors nord-américains. Le numéro 27 des Canadiens a eu besoin d'un peu de temps pour être véritablement confortable avec le style de jeu du Midget AAA de ce côté-ci de l'Atlantique.

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«Je crois que pendant les premiers mois, il a dû s'ajuster à une glace plus petite et au jeu un peu plus physique. Il n'était pas habitué à cela. Il n'était pas gêné, il lui a simplement fallu un peu de temps pour s'adapter. Mais lorsqu'il y est finalement parvenu, il était de loin le meilleur joueur de la ligue cette année-là. Ce n'était même pas serré, a attesté Bragagnolo, qui a vu Galchenyuk grimper rapidement les échelons et ne jamais regarder derrière.
«Et on jouait dans une bonne ligue avec les joueurs de Honeybakers [du Michigan]. Il était vraiment dominant. En deuxième moitié de saison, il a transporté l'équipe à lui seul. Il était en mission, il était impossible à arrêter.»
Ç'a été encore plus évident lors d'un tournoi disputé plus tard cette année-là à Détroit. Alors que tous les yeux étaient rivés sur lui, Galchenyuk a volé la vedette une fois de plus, captant encore plus l'attention des clubs de la OHL.
«Je me souviens d'une partie contre Honeybaked. On avait joué quatre ou cinq matchs en deux jours. C'était un calendrier très chargé. Plusieurs de nos gars étaient malades et Alex a battu l'autre équipe à lui seul. Il a marqué trois buts et ajouté trois aides. Après ce match, je crois que toutes les équipes de la OHL et des collèges de première division faisaient la file pour lui parler, s'est remémoré Bragagnolo.
«À ce moment, j'avais l'impression qu'il allait être le premier choix de la OHL. Lors de ce match, Honeybaked envoyait deux ou trois gars pour couvrir Alex, qui réussissait quand même à se faufiler. Il a élevé son jeu d'un cran. Il allait faire tout ce qu'il pouvait pour remporter ce match.»
Galchenyuk a terminé l'année avec 44 buts et 87 points en 38 matchs, 33 points devant son plus proche poursuivant, avant d'être sélectionné au premier rang du repêchage de la OHL par le Sting de Sarnia.

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«Il était tellement en avance sur tout le monde; c'en était quasiment effrayant. J'ai appris il y a longtemps que les jeunes qui ont ce type d'éthique de travail sont très rares. On ne peut pas enseigner des choses comme celles-là. Alex jouait parce qu'il aimait vraiment ça, a dit Bragagnolo, qui croyait sans hésitation que Galchenyuk allait atteindre la LNH
«Il n'y avait aucun doute dans mon esprit. Je crois que tout le monde le savait. Il est phénoménal et il est assez chanceux de provenir d'une famille aussi phénoménale.»
Ce texte avait originalement été publié sur canadiens.com le 3 août 2015.