Val??rie Plante

Valérie Plante est officiellement devenue la première mairesse de l'histoire de Montréal, jeudi, lors de son assermentation. Jamais, en 375 ans, la ville avait-elle été dirigée par une femme. L'équipe du canadiens.com s'est entretenue avec la politicienne lors de son passage au Centre Bell pour le match entre Les Canadiennes et le Red Star de Kunlun, dans la Ligue canadienne de hockey féminin, le 11 novembre dernier.

Êtes-vous une fan de hockey et des Canadiens?
Valérie Plante :J'aime beaucoup le hockey. J'aime pas mal tous les sports. Je suis surtout une fille qui en pratique. C'est rare qu'on va me voir m'asseoir devant la télé pour le regarder, parce que dès que j'ai un peu de temps, je vais en faire. Je fais de la course, du vélo, du yoga, de la natation; je suis très active. Mais c'est sûr que le sport professionnel - et même amateur -, tous les sports, c'est super important.
Vous avez deux garçons, est-ce qu'ils jouent au hockey?
V. P. :Tout a été offert quand ils étaient petits - ils sont rendus à 11 et 14 ans -, mais je pense qu'ils retiennent un peu de leur mère. Je pratique beaucoup de sports individuels, je suis moins dans les sports d'équipe. Les deux garçons font beaucoup de sport, de la natation de compétition, de la lutte olympique, du karaté, donc ils sont super sportifs, mais ne jouent pas au hockey.
Avez-vous des souvenirs de jeunesse liés aux Canadiens?
V. P. :Oui parce que je viens de l'Abitibi et je me rappelle qu'on regardait le hockey chez moi comme tout le monde et chaque fois qu'on venait à Montréal - je venais souvent avec mon père - et un de mes rêves était de venir voir les Canadiens. Mais ça n'a jamais marché finalement, alors là, je pense que je vais venir plus souvent. C'est pour ça que j'ai trouvé ça très émouvant de venir voir jouer Les Canadiennes. Quand je me suis retrouvée dans leur vestiaire avant le match, je me suis dit «Wow!» Parce que quand j'étais jeune, il n'y avait pas de filles qui jouaient au hockey, ou très, très peu. J'étais très contente d'être là.
Puisque vous êtes originaire de Rouyn-Noranda, est-ce que votre famille était déchirée entre les Nordiques et les Canadiens?
V. P. :Oh non, chez nous, c'était les Canadiens! Honnêtement, il n'y a jamais eu de négociations sur ça, on a toujours suivi les Canadiens!
Croyez-vous que le hockey féminin mérite plus de visibilité?
V. P. :Absolument. On voit que les équipes ont des joueurs de grand calibre. On a des athlètes olympiques parmi elles, ce n'est pas rien! Il faut plus d'attention, plus de ressources financières, il y a clairement un déséquilibre et une inégalité. Malheureusement, on voit que ça ne se limite pas au hockey, car dans les autres types de sports, les femmes sont toujours à la remorque des commanditaires, d'avoir une présence médiatique, une couverture, une reconnaissance. C'est fou comme ça ne change pas vite.
Est-ce qu'on reverra un jour une autre équipe bleu-blanc-rouge dans votre ville?
V. P. :Une autre? Eh bien pourquoi pas. Moi, j'aimerais ça, c'est clair. Je vais continuer le travail de ce dossier-là. J'aimerais ça que les Expos reviennent, c'est certain. On sent que les gens y sont attachés. Mais la question, c'est toujours de savoir que : la volonté est là, le désir est là, après, c'est de savoir comment on paye ça. Parce que c'est dispendieux. On sait que de faire construire un nouveau stade, ç'a un impact sur les taxes des Montréalais. Donc moi, je veux avoir les coudées franches. Je suis une personne qui travaille avec beaucoup de transparence, même pendant ma campagne, j'étais comme un livre ouvert, comme lorsque je parlais de la ligne rose. Si les gens me disent que c'est une mauvaise idée en partant, je vais passer à autre chose. Je ne veux pas m'obstiner. Je vais mettre mon énergie ailleurs. Mais pour moi, si les Montréalais me disent «Oui, on est prêts à investir notre argent, de nos taxes pour un nouveau stade», on va aller de l'avant.
Où trouve-t-on les meilleurs hot-dogs; au Centre Bell ou au Stade olympique?
V. P. :(rires) Là, tu m'embêtes, parce que je n'en ai pas mangé à ni l'un ni l'autre! Mais moi, mes préférés, ce sont les toastés!
Sur les 31 villes avec des équipes de la LNH, seulement sept sont dirigées par des femmes, est-ce que vous aimeriez que davantage de femmes s'impliquent en politique?
V. P. :Oui, absolument. Et on le sent, du moins avec les élections au Québec au niveau municipal où on a vu vraiment un changement majeur. Même à Montréal, il y a eu plus de femmes élues que d'hommes. Sur 103 postes, il y a 53 femmes et 50 hommes et à la grandeur de la province, beaucoup de femmes ont été élues à la tête de villes de petite, moyenne ou grande taille. Donc oui, je pense que le train est parti. Je pense que le municipal est une belle option pour les femmes qui veulent participer, faire le service civil parce qu'il y a aussi cette proximité, c'est plus facile pour la conciliation famille-travail. C'est exigeant la politique, mais reste que le niveau municipal est quand même un palier très accessible pour les femmes et les jeunes.
Est-ce que vous compareriez votre campagne à des séries éliminatoires et votre victoire à une conquête de la coupe Stanley?
V. P. :Oh oui! Absolument, et à tous les niveaux. Ce parallèle est intéressant parce que moi qui suis une sportive, je me suis préparée pour ma course à la mairie comme pour une course, comme un marathon pour qu'à la fin, je fasses un dernier sprint pour aller chercher les petites minutes qui manquent pour augmenter mon temps. Je vois beaucoup la politique comme étant du sport, alors on doit s'entraîner, bien manger, bien dormir, avoir un mode de vie équilibré. C'est la coupe Stanley que je viens de gagner!
Pensez-vous avoir une parade dans les rues de votre ville durant votre mandat?
V. P. :Oh, ce serait le fun!
Est-ce que vous allez afficher une bannière avec le numéro 1 et votre nom de famille à la mairie, pour indiquer que vous êtes la première mairesse de Montréal? (comme au Centre Bell avec Jacques Plante)
V. P. :J'adore ça! Tu me donnes des idées! (rires)