Claude Ruel a été une figure importante du Canadien des années 1960 et 1970

MONTRÉAL - Claude Ruel a marqué la vie de nombreux joueurs du Canadien de Montréal au cours des années 1960 et 1970. Plusieurs d'entre eux se sont rappelés — souvent avec émotions — à quel point il leur a été d'une aide précieuse à leurs premiers pas dans le hockey professionnel, lundi, quelques heures seulement après son décès.

«Il est venu me chercher en Abitibi, à Rouyn-Noranda, il y a 50 ans, alors que je n'avais que 15 ans. C'est lui qui m'a amené ici à Montréal. C'est grâce à lui que j'ai fait carrière dans la Ligue nationale. Sans Claude Ruel, je ne serais certainement pas ici avec vous aujourd'hui, a raconté Réjean Houle, président des Anciens Canadiens, la voix brisée. Il a été pour moi un mentor exceptionnel. C'est une grande perte pour la grande famille du Canadien.»

«Il était mon entraîneur avec Canadien Jr et c'est un peu à cause de lui que j'ai fait la Ligue nationale, s'est pour sa part rappelé Yvan Cournoyer. Il était vraiment un bon entraîneur pour les jeunes comme moi. Il voulait vraiment qu'on atteigne la Ligue nationale. Il demandait beaucoup, mais il avait aussi beaucoup de respect pour ses joueurs. C'est lui qui m'a poussé.

«Claude aimait tellement ses joueurs. Il aurait pu faire n'importe quoi pour eux. Il demandait beaucoup, mais nous l'aimions tellement qu'on lui rendait avec des victoires. C'était un homme extraordinaire.»

Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'était pas exigeant envers eux.

«Claude a fait en sorte qu'on ne levait jamais le pied, a poursuivi Houle. C'était toujours très intense avec lui. Il fallait arriver prêt aux entraînements, mais aussi être prêt à rester après les entraînements pour pouvoir s'améliorer.»

Plusieurs anciens ont d'ailleurs contacté Houle, lundi, afin d'en savoir davantage sur les funérailles de l'homme de 76 ans, qui seront célébrées à Sherbrooke, ce week-end.

«Doug Risebrough, Chris Nilan, Serge Savard, Yvan (Cournoyer), Mario Tremblay, Guy Lapointe, Yvon Lambert... Il y a tellement de joueurs qui sont passés sous la tutelle de Claude Ruel, a noté Houle. Rod Langway, à chaque fois qu'il vient en ville, me demande des nouvelles de Claude Ruel. (...) C'était comme un deuxième père dans les moments difficiles. La plupart des joueurs de mon époque vous diront qu'il les a bien aidés dans leur carrière, mais également dans leur vie personnelle.»

Le Tricolore compte également honorer sa mémoire avant la rencontre de mardi, contre les Flyers de Philadelphie.

Dévoué au Canadien

Jusqu'à ce qu'il perde l'usage d'un oeil au cours d'un match au niveau junior, c'était comme joueur que Ruel souhaitait faire sa marque dans l'organisation du CH. Quand Sam Pollock lui a tendu la main afin de le garder au sein de l'organisation à la suite de ce fâcheux incident, son engagement envers elle a été sans faille.

«Il était très humble, la reconnaissance le gênait, a indiqué Cournoyer. ll a dévoué sa vie au Canadien, que ce soit comme dépisteur, entraîneur adjoint ou entraîneur-chef.»

«Il a fait sa marque dans l'organisation, gagnant entre autre une coupe à sa première année à la barre du Canadien. Mais où il a vraiment fait sa marque, je crois, c'est comme adjoint à Scotty Bowman, lors des conquêtes de 1976 à 1979, la deuxième grande dynastie de l'histoire du Canadien, s'est souvenu Savard, son patron pendant son séjour comme directeur général de l'équipe, de 1983 à 1995. C'étaient les débuts des adjoints: avant cela, il n'y en avait pas beaucoup.

«C'étaient les débuts de grands changements dans le monde du hockey et Claude y a contribué. Il a grandement aidé les jeunes de l'époque: Larry Robinson, Guy Lapointe, Réjean Houle, Rod Langway... Il a travaillé très fort avec eux et a aidé à leur développement.

«Je pense qu'il était plus à l'aise dans un rôle effacé, c'est ce qu'il faisait le mieux. Il était beaucoup plus à l'aise comme adjoint que comme entraîneur-chef et je crois que c'est ce que l'histoire va davantage retenir de lui.»

Des anciens éprouvés

Depuis quelques mois, les Anciens Canadiens se sont souvent réunis pour pleurer l'un des leurs et ces nombreux décès d'amis commencent à peser lourd.

«C'est une année difficile... On a vu (partir) Carol Vadnais, Gilles Tremblay, le Grand Jean (Béliveau), les funérailles de Colette (l'épouse de Mario Tremblay) le week-end dernier, là, c'est 'Piton' qui part, a souligné Houle, la voix brisée. C'est certain que ça nous fait réfléchir. Les années passent et nos soldats tombent. Ça nous permet aussi de comprendre quelle belle équipe et quelle belle famille nous formions. Dans les années 1970, nous avions un bon groupe de gars. C'est difficile à avaler, mais il faut faire face à la vie, c'est comme ça.»

«Il est temps que ça arrête pour une couple d'années peut-être, a suggéré Cournoyer. Ça nous fait beaucoup réfléchir, car ce sont des gens que nous avons beaucoup côtoyés personnellement pendant plusieurs années: Jean Béliveau, Claude Ruel, Gilles Tremblay. On serait dû pour une pause d'une couple d'années.»